Le renégat et moi semblions à présent plus cames, presque apaisés. Du moins, c'était l'impression qui se dégageait en surface. De mon côté, je n'avais pas envie de tuer. Pas aujourd'hui. J'avais déjà vu trop de sang couler et j'en avais déjà bien assez sur les mains. Je ne voulais plus avoir à recommencer ; mais il s'agissait du quotidien du Shinobi hélas. Je ne pouvais lutter contre toutes ces fatalités, je ne pouvais me résigner à ne plus tuer. Pour cela, il me faudrait déserter et donc... Tuer. Voilà où est le problème. Cette destiné fut difficile à accepter mais au final j'y suis parvenu. Certes, en tant que Haut-Conseiller, je suis moins exposé aux renégats, à moins que ces derniers n'aient été membres du Conseil ou que cela touche un domaine bien plus important et sombre, de ce fait j'ai peut-être moins agi comme un meurtrier que certains ANBUs ou Oinins.
Essoufflé, je me dressais devant lui à même le sable, à l'ombre édifiée sous cet imposant tombeau. Avec distinction, j'avais demandé à l'intrus de venir également à mes côtés afin de discuter. Nous n'avions en aucun cas envie de combattre et de commettre l'irréparable. Comme je l'ai déjà dit, trop de sang a déjà coulé et je ne supporte plus de voir mes proches mourir sous mes yeux. Le Sandaime... Aika-chan... Stop ! Je n'en pouvais plus, c'en était assez. Que le monde me prenne pour un insensible est une chose. Que j'intériorise tout au fond de moi sans jamais m'ouvrir en est une également, Hakaze le sait très bien. Mais je ressens encore des émotions ! Je suis humain ! Je vais craquer à force de subir cette torture psychologique perpétuelle, permanente... C'en était trop.
Finalement, l'Uchiha, qui se tenait face à moi, se décida à me répondre. Il avait raison, j'étais clairement en position de faiblesse mais il ne fallait surtout pas me sous-estimer. Au moindre faux mouvement, je n'hésiterai pas à passer à l'attaque. D'autant plus qu'il avait déjà perdu pas mal de chakra, lui aussi. Nous étions donc, plus ou moins, au même niveau de chakra. Le Nukenin de Konoha avait décidé de me laisser la vie sauve ajoutant dans la foulée qu'il n'aimait pas tuer. D'autant plus qu'il y gagnait énormément et s'en rendrait compte par la suite. J'étais ainsi prêt à répondre à ses questions. Il ne s'agissait pas de trahir son village mais plutôt d'agir pour l'intérêt commun et le bien de tous. Mais ça... Personne ne le saurait. Bien sûr que non. Dément, certes, mais pas fou à lié. J'acquiesçai d'un hochement de tête. L'ébène, d'un geste quasiment amical, relâcha sa posture de combat tandis que nos yeux étaient s'entremêlaient. Comme pour m'intimider, il ajouta également qu'il n'avait pas besoin de ses yeux pour me lancer un puissant Genjutsu et qu'un seul doigt lui suffisait amplement. Me voilà prévenu mais je n'aimais pas spécialement la tournure que prenaient les événements... J'avais également mon mot à dire.
「  Je ne ferai rien de stupide et je tiens à te prévenir que tu n'as encore rien vu de ma réelle force et que tu ne sais rien de mes propres ressources 」 lâchai-je, un sourire carnassier attaché à mes lèvres.
Il s'assit en tailleur, au sol, et m'invita à le suivre. Je ne lâchai rien et obtempérai ; j'allais également pouvoir me reposer un peu, à l'ombre de ce soleil ardent. Comme convenu, il allait me poser des questions et je le laissai prendre la parole en premier. Je le laissais penser qu'il avait encore et toujours l'ascendant sur ma personne, mais il ne savait pas encore ce que je voulais de lui ni qui j'étais. Si j'avais accepté de répondre à ses questions, c'est bien que j'avais quelque chose en tête. Mais je ne dirai rien pour l'instant. Bref, ses questions étaient intéressantes et seraient probablement utiles pour son organisation. Cela dit, je ne savais en rien ce qui les intéressaient réellement et ça m'interloquait grandement... Cela dit, je ne savais quoi penser de mon interlocuteur. Il n'était en rien un ami, ni même une connaissance. Le criminel notoire était réputé pour avoir décimé l'intégralité de son clan tout en épargnant son petit frère. Pourquoi ne m'avait-il pas tué ? Pour avoir des informations. Mais un tortionnaire n'aurait jamais agi comme lui l'a fait. Il aurait plus usé de torture et autres moyens de pression qu'une simple discussion, assis au sol. Il ne manquait plus qu'une tasse de café, de thé ou autre boisson pour faire penser à une retrouvaille entre vieux copains d'enfance. J'osais imaginer que dans son milieu, le terme d'ami n'existait plus. Des rapports de force, probablement. Le plus puissant, celui qui assoit sa suprématie vis-à-vis de l'autre, est supérieur et ne doit donc pas être contesté. Le principe de base d'une hiérarchie, si ce n'est qu'au lieu de finir emprisonné ou réprimandé, celui-ci se voit envoyer dans l'au-delà. Une méthode comme une autre, dirons-nous.
Itachi commença par me demander qui j'étais pour le village, quelle fonction j'occupais. Une question fort intéressante et pouvant compter comme acte de trahison ; je ne pouvais cependant pas lui mentir. Un dilemme qui s'opposait à moi ? Non, du tout. J'étais malin, intelligent. Ce n'était pas la première fois que j'avais affaire avec ce type de question. N'oublions pas que je suis celui qui avais bâti une simili alliance avec Orochimaru, à l'époque. J'étais un élément important lors de l'attaque contre Konoha ; j'avais établi bon nombre de plans d'attaques que l'ont mit tous à exécution. Je n'avais juste pas prévu que ce vile serpent nous trahisse et décide d'usurper l'identité de mon cher Sandaime... Et c'est à partir de là que tout partit en vrille. S'il n'en avait pas fait à sa tête et s'était décidé à écouter la moindre de mes directives, nous aurions largement pu remporter cette bataille... Foutu ego et autres ambitions plus ou moins bizarres. J'avais toujours eu du mal à cerner ce reptile qui n'était bon qu'à apporter malheur et mauvaise augure. Pourquoi avait-il fallu que je me persuade moi-même qu'il pourrait nous apporter quelque chose de bénéfique sans nous la faire à l'envers ?! Je ne m'étais pas assez montré méfiant à l'époque et plus jamais cela n'arriverait. C'est pourquoi je mesurai chaque parole racontée au porteur de Sharingan avec une minutie extrême. Je n'étais pas hostile envers lui mais je n'en restais pas moins méfiant. Je me doutais qu'il avait encore une part d'honneur enfouie au plus profond de lui, mais je ne pouvais être sûr de rien.
Le Corbeau affirma avec aisance que je n'étais pas un Sunajin lambda ; et encore, il était bien loin de la réalité. Mes fonctions, en dehors de mon statut de Haut-Conseiller, ne sont connues que de Gaara. Aucun autre homme encore vivant ne sait les sombres secrets qui m'entourent. Pour faire simple, les pouvoirs qui me sont conférés font de moi l'égal du Kage, agissant dans l'ombre. Je dicte le moindre fait et geste de ce dernier, j'approuve ou non ses décisions... Bref, je gouverne en quelque sorte ; les avantages d'êtres second en plus. Toujours tapi dans l'obscurité, je passe inaperçu et toutes mes entreprises, officieuses, deviennent officielles grâce au Kage actuel.
S'en suivit une demande explicite du criminel afin de connaître la structure politique de notre gouvernement. A vrai dire, je ne m'y étais jamais intéressé ; je n'en avais jamais eu besoin. Tout ce que je connaissais ? Gaara, le Sandaime, moi et nos fonctions ainsi que faits accomplis. Voilà tout. Je connaissais limite mieux les Daimyôs de tous les pays que ces pauvres êtres inutiles qui forment le conseil. Faut dire que leur impact est sacrément limité comparé à tout ce que j'ai pu faire jusque là... Je finis par ranger mon katana sans défaire mon regard. Un sourire bienveillant vint alors recouvrir mes lèvres, laissant miroiter un angélique faciès.
「 Qui je suis... ? En voilà une bonne question 」 dis-je d'un air distrait tout e sortant mon paquet de cigarettes afin de m'en allumer et de le jeter entre nous. 「 Kayaba Akihiko 」 déclina-je en abaissant légèrement la tête de manière à toujours pouvoir le fixer dans les yeux. 「 Tu as certainement déjà dû entendre ce doux nom à travers le monde et à de nombreuses reprises, n'est-ce pas ? Après tout, mon influence n'a d'égal que ton génie 」 mentionnai-je d'une voix grave et sérieuse. 「 Pour Suna, je peux affirmer sans aucune prétention que je suis l'un des piliers centraux qui maintiennent le navire à flots à l'heure actuelle. Peu de ces ingrats qui composent la plèbe pourraient prétendre à vouloir me remplacer ; quand bien même ils le voudraient, ils n'y arriveraient pas. Me tuer serait d'autant plus inutile ; tout est planifié et tout se déroulera comme je le souhaite sur les années à venir. On peut dire que mon esprit les hanterait à jamais. De ce fait, tu n'as guère besoin de savoir qui forme les rouages de la politique actuelle : à moi-même, je fais fonctionner le tout d'une main de maître. Tous les autres ne sont que des acteurs qui ne font que suivre ma propre volonté. Mon seul et unique égal n'est autre que mon Kazekage. Sabaku no Gaara, fils du Sandaime. Lui se permet de me faire certaines propositions que j'approuve, ou non. Ainsi la boucle se répète depuis de nombreuses années 」 lui expliquai-je.  「 De ce fait, tu n'as besoin d'aucune information supplémentaire à ce sujet 」 m'exprimai-je. 「 Mais je ne pense pas que ces informations puissent être gratuites et empochées sans retour équivalent 」 lançai-je d'une voix emplie qui sous-entendait que j'avais également des questions à lui poser. Des droits à faire valoir.
Ce même sourire toujours aux lèvres, je tirai une taffe le temps qu'il assimile toutes les informations que je venais de lui livrer.