Ayame Kuzuki

Happée de son sommeil par un rayon lumineux, Ayame ne voulait pas se lever. Elle venait d’essuyer une semaine de garde et enchaînait sur des rondes dès le petit matin. Bien qu’elle ne soit pas une grande dormeuse, un sommeil à trois heures par nuit n’était jamais suffisant, surtout en ces périodes de tensions géopolitiques. Le pied ferme, la jeune franchit le pas et fonça vers la salle de bain afin d’éveiller le visage terne d’une courte nuit, passant ardemment les mains sous l’eau afin d’éclater le jet sur sa frimousse toute barbouillée. Autant que faire ce peu, elle prit une pincette de crème pour s’en étaler sur les mains avant de se l’appliquer à même la peau, faisant briller ses pommettes et adoucissant ses traits. Bien que couverte de la tête aux pieds par un voile qui empêche quiconque de déterminer de son état physique, Ayame reste convaincue que le conditionnement physique affecte la psyché et inversement. Comme le yin et le yang, il faut entretenir un équilibre parfait sous peine de sombrer du mauvais côté de la balance, c’est en s’abandonnant que l’on permet au malin de pénétrer notre cercle privé, sans qu’on l’y ait invité ou même que l’on ne se rende compte de sa présence, profitant d’une faille même infime pour prendre le dessus sur notre libre arbitre. Philosophie et psychologie étaient les matières préférées de la jeune Kunoïchi de Suna, lisant de nombreux ouvrages à ces sujets et évaluant chaque facette de la vie en les comparant à une image issue de ses acquis biblio-culturels. Ne regardant jamais dans le rétroviseur, seul le reflet de son miroir pouvait interpeller l’esprit torturé de cette femme pleine d’engouement pour son credo.

* Je ne ressemble vraiment à rien, tsss… *

Ses appartements étaient toujours parfaitement rangés et agencés à son goût, propreté et cadre étant une base dans le sanctuaire d’Ayame, se sentant obligée de tout remettre en place avant de sortir et avant de se coucher. Ce côté maniaque se ressentait toujours dans son métier comme dans sa vie privée, complexe mais efficace, elle trouvait toujours un détail à replacer. Son salon et sa chambre étaient confondus, dormant dans un canapé en cuir, elle préférait largement un espace restreint qu’un palace pour sa vie de célibataire endurcie. Une table basse faisait office de bureau et de table à manger sans compter qu'elle y entassait tous ses documents officiels en dessous (fiches de paie, factures, livres de sorcellerie). Elle n'avait pas de télévision, désintéressée de tous ces médias et de cette manipulation audiovisuelle dont pouvaient être victimes selon elle, les moutons... Elle dispose d'une vieille radio qui ne capte pas grand-chose à vrai dire à part quelques ondes musicales ou des flashs infos par ci par là, rien de bien excitant. Le reste de ses appartements était vite passé en revue, une salle de bain avec lavabo, toilettes et baignoire dans laquelle elle pouvait se laisser mousser des bains d'une heure minimum. La cuisine se trouvait encastrée au salon, ce qui rendait le choix des plats très limité, à moins de vouloir sentir la friture ou le poisson imprégner ses vêtements ou pire, ses cheveux.

Petit déjeuner sommaire à base de bol de lait et de deux viennoiseries sorties du placard, Ayame enfile sa cape pour se rendre aux quartiers de garde, elle avait beaucoup à faire ces temps-ci, il fallait mettre au point un plan de défense en cas de siège du village car suite à l'assassinat de feu le Kazekage, nul doute n'était que la sorcière pourpre et noire restait un pilier au village du sable. Ni une, ni deux, ses plans étaient mis à exécution et alors qu’elle tournait dans le village, elle abattais certaines de ses cartes, la marche vers le quartier général de Suna pouvait se faire sans encombre, le village était sous haute protection à présent.

* Il faut que je trouve Ikki, et vite ! *