Ces temps étaient durs. Beaucoup trop durs. Le village était à nu, tu étais encore très faible et surtout... vous n'aviez plus personne pour réellement diriger le village. Bien heureusement, tu étais une tête pensante et tu avais souvent envisagé qu'un cas comme celui-là se présente à vous sans prévenir. Bien sûr, tu n'avais jamais rêvé que cela arrive aussi vite, mais tu restais néanmoins avec une parade. Un village ne pourrait jamais rester sans dirigeant pendant trop longtemps, cela serait prendre des risques inutiles. Dans l'immédiat, c'est ce qu'il te fallait faire.
Ainsi, dans ton lit d'hôpital et aux côtés d'Ikki et Hakase, tu avais exposé ton idée. Cela avait été longuement peaufiné et tu te doutais que cela risquait forcément de faire des mécontents. Nombreux étaient les personnes à vouloir préserver le pouvoir comme il était avant ; d'autres pouvaient également penser que c'était une insulte que d'usurper – à titre posthume – son titre à une personne de son état. Mais vous n'aviez guère le choix, encore une fois. Tu allais prendre ce risque, tu le devais, et tu en assumerais toutes les conséquences. Il était hors de question que quelqu'un d'autre que toi vienne à en souffrir parce que tu as omis un ou deux paramètres dans ton plan pour sauver Gaara. Et ça, tu ne te le pardonnerais jamais.

Quoiqu'il en soit, tu espérais simplement qu'il n'y aurait pas d'émeute. Tu avais autre chose à gérer et tu surtout, tu n'étais clairement pas en état de gérer ça à toi seul, malgré l'aide que le chef des espions pourrait t'apporter. Tu allais néanmoins prendre tes prédispositions afin d'éviter tout ennui de la sorte... Quitte à te faire détester temporairement en utilisant des méthodes pour le moins... drastiques.
En effet, en sortant de l'hôpital de Kusaribe, tu te rendis dans une espèce de petite cabane où se trouvait les autres membres du conseil. Encore une fois, ces derniers jouaient aux cartes et s'étonnèrent même de ta présence. Ces simplets te croyaient mort... Quelle blague. Comme à ton habitude, tu les pris de haut et leur jetas un regard des plus sérieux, remballant même ton sourire. L'heure était grave, en effet, et ils avaient plutôt intérêt à ne pas se faire désirer. Leur nonchalance avait la fâcheuse tendance à te demander comment ils avaient pu garder leurs postes aussi longtemps, même si cela n'allait bientôt plus être le cas. Tu leur demandas de réunir tout le monde sur la place du centre ville, du moins sur ce qu'il en restait et tu demandas à ce que des espions et autres gradés soient disposés un peu partout derrière la foule afin de prévenir à tout problème.

Une fois fait, tu te dirigeas en direction de ladite place. Tu montas sur l'estrade de fortune qui t'avait été fournie et attendis patiemment que tout le monde fusse arrivé et prêt à t'écouter. Entre temps, Ikki te rejoignit. Tu lui adressas un sourire bienveillant suivi d'un hochement de tête des plus sincères. Peu à peu, la sombre foule se massait devant vous, un homme bien plus âgé que la moyenne les surplombant. Il s'agissait de Yato et du troisième sommet de votre nouvelle pyramide. L'heure de son entrée au sein des rouages politiques du village était proche, mais il fallait bien faire les choses. Aussi tu t'éclaircis la gorge et patientas encore quelques instants afin qu'une plénitude globale plane sur ce triste théâtre.

「 La nuit n'est jamais complète. Il y a toujours, puisque je le dis, puisque je l'affirme, au bout du chagrin, une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée. Il y a toujours un rêve qui veille, un désir à combler, une faim à satisfaire, un cœur généreux, une main tendue, une main ouverte, des yeux attentifs, une vie, la vie à se partager. En ce triste jour, nous décidons d'honorer la vie que Gaara-sama avait bien voulu partager avec nous et nous tournons vers Temari et Kankurô afin de leur adresser tout notre soutien. La cœur et empli de tristesse, je suis néanmoins content qu'il ne soit pas seul là où il se trouve actuellement ; il mourut comme il vit ; en héros et aimé de tous. Les malins qui s'en sont pris à sa personne devront s'attendre à récolter ce qu'ils ont eux-mêmes semés et je compte bien à ce que cela fasse de manière simple et efficace. En attendant, nous devons honorer la mémoire de feu notre Kazekage et propulser Sunagakure au sommet 」 clamas-tu solennellement et sobrement, attendant de voir si quelqu'un d'autre daignait prendre la parole ou non.