❝Chun-Woo x Akihiko

    ♡ Cérémonie


L'Iwajin déglutit à la vue de mes bandages. Je ne comprenais pas... Ce n'était que du sang et il était Shinobi quoi de plus normal que la vue et l'odeur du sang ? C'était censé être notre quotidien au final, non ? Peut-être était-il vraiment plus jeune que moi et encore naïf et innocent. Peut-être n'avait-il pas encore connu la terreur de la guerre, les déboires des humains... Après réflexion sur le concept des démons, je crois que, parmi toute la vie, les humains sont la chose la plus proche d'eux. Dans un coin de ma tête, très loin de ce qui me servait à réfléchir et garder mon sang froid en toutes circonstances, j'espérais qu'il allait la garder le plus longtemps possible et que la suite de son apprentissage ne serait pas comme ce que j'avais pu vivre il y a de nombreuses années.
Je finis par déballer le monstre. Le véritable monstre, celui qui était présent au niveau de mon abdomen. Le parasite qui se substituait peu à peu à mon véritable corps. Depuis le coup de Kunai, la propagation avait vraiment augmenté ; je ne m'en étais pas rendu compte à cause du sang qui obstruait la vision horrifique de cette immondice.
Pauvre âme innocente, elle ne savait plus quoi dire. Ni parler, d'ailleurs. Il avait totalement régressé à la vue de mon cohabitant. Plein de questions filaient dans son esprit. Beaucoup trop, même, il ne savait plus où donner de la tête, si bien qu'il resta focalisé sur ce bout de cancer. Cette réaction propice m'obligea à sourire. J'étais le premier à « rire » - en apparence – de ma condition et les réactions de mes semblables étaient toujours risibles. Mieux valait en rire qu'en pleurer, n'est-ce pas ? S'apitoyer sur son sort n'était pas la solution, peu importe la situation...
Autre élément marrant, le jeunot réfléchissait tellement qu'il n'avait même pas entendu Hakaze arriver. Ah, la jeunesse... Je regretterais presque cette période de ma vie. Lorsque la femme médecin déboula comme une furie, Chun fit apparaître son sabre entre ses mains. Il n'était pas assez méfiant et beaucoup trop impulsif. Était-ce un trait propre aux ninjas de la terre ? Il semblerait, oui. D'un geste plus rapide que lui, je dégainai ma propre arme et apposa ma lame contre la sienne. Il n'y avait nul besoin de s'en prendre à elle, à mon amie, notre alliée.
« Calme, l'interpellai-je d'une voix douce et posée. Je te présente Hakaze ; ma meilleure amie et seule personne apte à me comprendre qui soit encore vivante, la présentai-je toujours souriant ».
Je me tournai alors vers la concernée.
« Salut, Hakaze, la saluai-je premièrement. Je te présente donc Chun-Woo d'Iwa. Lui aussi est venu dans l'optique de regarder ce spectacle – et peut-être pour se recueillir sur un proche tombé au combat, ajoutai-je sans tact aucun, à la manière de celui qui venait d'être présenté ».
La Kusaribe se mit à rougir et finit rouge comme une pivoine. La pauvre, elle ne savait plus où se mettre. Puis elle vit ma blessure ; le sang, les cristaux qui grouillaient et prenaient de plus en plus d'ampleur... Comment passer du rouge au blanc, premier chapitre. D'un coup sec de la paume sur mon épaule, elle ma plaqua au sol sans dire un mot. Elle était énervée, énervée par l'état de ma blessure. Elle n'était pas idiote et avait vu la scène de ses propres yeux, le fameux moment où je force le Nukenin à me planter dans cet endroit. Des larmes coulèrent sur ses joues.
« Aki no baka ! »
En pleurs, c'était le mot. Elle sortit alors tout le matériel nécessaire pour me soigner.
« Hep, l'escouade, cria-t-elle, dépêchez-vous, on a besoin de le déplacer sans trop le faire bouger, ordonna ensuite ma belle amie ».
La demi-douzaine d'hommes apparut alors autour de moi. Notre ami Chun-Woo fit un bruit avec sa bouche avant de lancer son arme haut dans le ciel. Il frappa deux fois ses mains et tel un prestidigitateur la fit disparaître. Accroupit derrière moi, il exprima son incompréhension ainsi qu'un avertissement.
« Ce village ? » Voulait-il parler de Suna ou Kusa ? L'un comme l'autre pouvait s'avérer hostile pour quelqu'un comme moi, victime d'une foutue arme biologique. Même si Suna possédait un Bijû et allait être victime de l'attaque d'Akatsuki – merci Itachi pour tes précieuses informations – je m'y sentais en sécurité. Plus qu'ici du moins.
Ces civils n'auraient aucun mal à vouloir ma peau et me tuer sans se poser de question, tandis que si je me mettais à devoir tous les assassiner... Non, je ne pourrais pas. Cela aurait trop d'impact et serait bien trop mauvais pour l'avenir de Suna. Je n'avais qu'à maintenir ma discrétion.
Mes six hommes me portèrent à l'unisson, dans un lieu plus éclairé et surtout plus stable. Un vieux toit n'était pas la meilleure table d'opération dirons-nous. Cela ne prit que quelques secondes, d'un Shunshin simultané, voilà que nous nous trouvâmes devant la stèle visitée un peu plus tôt dans la journée, à l'abri des regards. Les ANBUs partirent finalement, afin de me laisser seul avec Hakaze. Elle semblait avoir pas mal de choses à me dire.
Elle chargea sa paume de chakra et commença par recoudre les tissus déchirés par le kunai tout en faisant très attention à ne pas toucher les cellules cancérogènes.
« Crétin, jura Hakaze. Qu'est-ce qui t'a pris de faire ça, hein ?! Tu savais que j'étais là en plus, tu es senseur, sanglota-t-elle. Tu peux me dire pourquoi tu as fait ça ? Empêcher un incident diplomatique est plus important que ta propre vie, c'est ça ?! Je me suis ouverte à toi et tu sais ce que je ressens à ton égard, alors pourquoi... je ne comprends pas... »
En effet, elle s'était déclarée. Elle m'avait fait part de ses sentiments amoureux il y a quelques années mais je n'ai eu d'autres choix que de lui faire part des miens et de lui expliquer la situation avec Aika-chan. Ce fut alors la première fois que je pleurai. Depuis, cela ne m'est jamais arrivé. Non pas que j'intériorise trop ce que je ressens. Il m'arrive de les relâcher, lorsque je suis seul. Mais les larmes ne viennent pas. Serait-ce à cause de ce foutu parasite ? Des monstres miniatures seraient en train de grignoter mes connections neuronales ? Mon cœur ? M'empêchant alors d'agir tel un humain normalement constitué... Non, je refusais de le croire. J'étais un véritable humain, j'étais Kayaba Akihiko, je n'avais pas changé. Ce n'était pas possible... Comment pourrait-on s'infiltrer dans mon cerveau ou mon cœur sans que je le sache, de toute façon ? Ce n'était pas possible... C'est à ce moment-là que je compris quelque chose. Et si les cellules cancérogènes étaient vivantes ? Cela impliquerait qu'elles continuent de vivre grâce à mon être lui-même. Le seul moyen de les tuer semblait alors de mourir moi-même. Hors de question que j'en fasse part à mon infirmière sinon j'aurais droit à un sort pire que la mort... Ouais non, oublions cette idée, on y reviendra plus tard.
« Excuse-moi, Hakaze, me pardonnai-je en glissant lentement mes mains sur ses joues afin de prendre son visage entre elles. Tu sais comment je suis ; toi qui es la seule à véritablement me connaître ; tu sais qu'il fallait que j'intervienne.
- Oui mais je ne veux plus que tu recommences ! Je me fous des conséquences que cela peut avoir sur la terre, il peut bien y avoir une guerre que ça m'est égal, s'énerva la jeune femme qui venait de terminer les bandages. Elle prit alors mes mains entre les siennes. Mais je t'aime, Akihiko, quand vas-tu réellement t'en rendre compte et m'écouter ?!
- Haka, toussai-je avant de tourner la tête et cracher du sang, ze... Je suis parfaitement conscient de tes sentiments et tu sais toi-même ce que je pense. J'aime Aika et l'aimerai toujours. Le simple fait de penser à elle me rend toute chose ; je ne sais pas si un jour j'arriverai à tourner la page et faire son deuil. C'est douloureux, tellement plus que cette chose qui a décidé de cohabiter en mon... »
Je finis par perdre connaissance. La soirée avait été éprouvante, surtout avec cette blessure, mais je finis par en réchapper. Le lendemain matin, je me réveillai au pied de cette stèle, aux côtés de Hakaze. Je décidai de ne pas la réveiller et attendis qu'elle ouvre les yeux. Suite à quoi nous repartîmes pour Suna, supporté par mes hommes. J'avais encore beaucoup à récupérer et allais devoir m'installer quelques jours chez elle afin de profiter des sources guérisseuses de son clan.