Debout, présentement présent dans le bureau de son Kage, Inorin se tenait là, droit comme un piquet à attendre sa sentence. Oh bien-sûr, inutile de préciser que non, il n'avait pas commit de crime répressible de peine de mort et que oui, il était peut-être un poil mélodramatique. Mais à ses yeux et bien ouais. La situation pouvait paraître dramatique. C'était la troisième fois en moins d'un mois, qu'il se retrouvait convoqué chez le big boss du coin. Pas pour glaner des félicitations, encore moins pour monter en grade, malgré son niveau évident, nope. Rien de tout ça. Il était simplement convoqué, encore une fois, par que le Sensei de cette équipe voulait l'en dégager à coup de pied au cul. Parce qu'il ne convenait pas, parce qu'il était trop froid, trop solitaire, trop calqué sur les ANBU. Un bloque de marbre n'aurait été plus humain qu'il ne pouvait lui-même paraître.


 Alors, ouais. On le dégageait tout simplement. C'était bien plus aisé ainsi, que l'on s'entende là-dessus. Lui-même pouvait admettre que ça n'avait pas été particulièrement rusé que de proposer de mettre un terme à la vie de sa coéquipière, sous prétexte qu'elle venait de se briser la jambe suite à une maladresse. Oh bien-sûr, il aurait agi sans gêne aucune. Seulement, le Maître avait soudainement pâlit de façon très désagréable, avant de lui hurler dessus. Peut-être que, le fait que ladite coéquipière était en fait, la fille du Maître en était la principale raison.. ? Cela n'empêchait en rien le fait, qu'à cause d'elle, la mission avait été compromise. Et Izanami savait à quel point Inorin prenait cela au sérieux. Sans doute un peu trop, qui sait ?


Quoiqu'il en soit, cela ne changeait en rien le fait qu'il était désormais et officiellement exclu d'une nouvelle Team. Le Kage ne pouvait vraisemblablement pas forcer un Shinobi à garder un môme si ce dernier n'en voulait point. Et si, durant une demi-seconde, Inorin le méprisa profondément pour sa faiblesse, il n'en montra rien. En fait, il était tellement peu expressif, que cela avait renforcé le sentiment du malaise de son Sensei.  Et si ce dernier tenta de le faire exclure du 'programme' Shinobi, dans l'heure qui suivait, il était tout simplement affilié à une énième Team.  Une autre équipe, composé d'autres gens qu'il ne prit pas même le temps d'observer ni même de retenir leurs prénoms. Il était déjà certain qu'il ne ferait pas long feu dans le coin. Et pourtant, il les suivit eux aussi, là, à l'extérieur de village dont il avait déjà passé les portes une demie douzaine de fois, ces dernières années.

Aussi, s'était-il contenté d'avancer sans que le moindre mot ne passe la barrière close de ses lèvres, tandis que cette plus ou moins joyeuse petite troupe, prenait la direction du Pays du Fer. La mission qu'ils devaient effectuer était relativement simple en fait. Du moins, aux yeux du gamin. Le botaniste qu'ils devaient accompagner en plein dans le froid et tout ce qui allait avec, poursuivait une espèce de lubie, de ce qu'il avait comprit, à vouloir chercher une plante rare qui ne poussait que dessous la neige, à une température certaine. Inutile de préciser que cela avait vachement jasé dans la team. Le gars, de trois ans l'aîné d'Inorin était carrément septique et estimait clairement que la mission serait un échec total. La fille elle, carrément passionné de fleurs en tout genre s'était aussitôt mise à bavarder, carrément enthousiaste, d'avoir trouvé un professionnel avec qui partager sa passion. Et lui..  Bah il s'ennuyait comme un rat mort.  Et encore, il était intimement persuadé que ledit  rat, devait s'éclater à sauter toutes les femelles, au paradis des rats.

Ils mirent, en tout et pour tout, deux jours et huit heures, pour rejoindre le Pays du Fer. Et si certains avaient des doutes quant à la localisation de la frontière de cette nation neutre, la tempête de neiges qu'ils durent essuyer avec soudaineté au matin du troisième jour, les confronta aux faits suivants : ils étaient arrivés à destination ou tout du moins, dans le bon pays. De tel dérèglement climatiques, ne pouvaient après tout, n'avoir lieux que dans ce coin là. Quoiqu'il en soit, ils ne s'arrêtèrent non pas à la frontière, mais bien des kilomètres plus tard, légèrement plus au nord du pays. Tentes plantés, léger feu de camp improvisé et ce, malgré la tombée des flocons, ce fût dans un soulagement total qu'ils déposèrent leurs affaires. L'après-midi touchait à sa fin et, nul doute que la seule chose qu'attendaient les genins;  était que la lune ronde et pleine montre rapidement son nez, histoire que l'herboriste puisse tout aussi rapidement mettre la main sur sa foutue plante, histoire qu'ils ne terminent pas tous, misérablement congelé et bon pour le dégèle du siècle prochain.

Je prends le premier tour de garde.

Curieux, les regards convergèrent en direction du plus jeune de tous. Bras croisé, impassible, il n'avait pas même prit la peine de demander au préalable, si ça convenait. Son sensei l'avait toisé longuement, avant d'opiner du chef tandis que l'enfant sortait de la grande tente qui avait été installée. Il s'éloigna d'à peine cinq-cent mètres, à l'orée de la forêt, posé sur une branche et regard perçant sondant les horizons. Jusqu'à ce que ses pupilles d'un bleu trop vif pour paraître réel, ne viennent se poser sur une silhouette un peu plus loin, en contre-bas. Prenant bien soin de vérifier qu'il avait parfaitement dissimulé sa présence, si bien que personne n'aurait pût le detecter à moins d'en avoir la capacité,  il prépara un kunaï dans le silence le plus total, attendant là simplement. Si la silhouette démontrait le moindre signe d'agressivité quant a son campement, il savait d'ors et déjà qu'il n'hésiterait pas à supprimer le danger.

E
t il n'avait pas bougé, campé sur ses appuis, prêt à bondir tel un fauve en pleine chasse sur la pauvre gazelle égarée et.. La gazelle égarée qui en fait, n'était pas vraiment seule. La silhouette finit par se rapprocher et c'est à peu près à cet instant que l'enfant put distinguer, sans mal, que ce qu'il avait pris pour un potentiel ennemi n'en était qu'en fait deux. Ce qui, évidemment, lui compliquait un poil la tâche et ce, même si à première vue, ni l'une ni l'autre, parce qu'il s'agissait bien là de jeunes filles, ne lui semblait plus dangereuse que cela. Toutefois, loin de paraître excessivement confiant, Inorin ne s'en méfia que d'autant plus. Après tout, l'art des Shinobi ne vivait-il pas à travers la duperie ? Lui-même passait son temps à duper les gens, peut-être bien même qu'il était passé maître dans l'art de tromper, mais là n'était pas le sujet. Pour l'instant, l'important était plutôt de savoir si oui ou non, ces deux filles étaient un potentiel danger pour sa team et mieux encore ; sa mission. Parce que bon, qu'on ne se mente pas, Inorin se fichait tout autant de voir cette "team" mourir que de ses premières couches. Peut-être même que, si ces trois gus venaient à décéder, on lui foutrait enfin la paix avec cette histoire d'équipe obligatoire et tout le toutim.

Secouant légèrement la tête en se rendant compte que ses pensées commençaient à l'emmener bien trop loin du sujet principal, le jeune Shoyujin reporta donc son attention sur cette jeune fille qui venait de s'écrouler au sol, à la manière d'une poupée de chiffon. La fatigue, sans aucun doute. Et, tandis qu'il songea un instant que la seconde allait simplement abandonner la première en route, à sa grande surprise, se dédoubla. Pas un clone non. Il n'avait entendu aucune technique de bushin, qu'il soit d'ombre, d'eau de foutre ou de terre... C'était bien plus complexe que cela, si bien qu'il en fut impossible d'en définir la nature exacte, si ce n'est que ça n'était définitivement pas quelque chose de banal, associé au commun des mortels.

Aussi se courba t-il un peu plus sur sa branche, pupilles perçantes posées sur les Kunoichi en contre-bas. Parce qu'il en était sûr désormais, elles n'étaient pas civiles. Du moins ; l'une d'entre elle ne l'était foutrement pas. Quant à l'autre, peut-être que s'il se concentrait suffisamment il parviendrait à saisir les effluves de chakra.. ? Un soupire passa ses lèvres. Non vraiment, même en y allant avec sérieux, il était très loin d'avoir la capacité de repérer les chakras. Cela aurait été bien trop simple, que Susanoo en témoigne. Bien-sûr, l'espèce de katana qu'elle portait à même son dos aurait pu lui indiquer le chemin de la vérité, seulement, dans ce genre de monde, même les civils pouvaient se trimbaler avec des armes, si là était leur bon vouloir. Dans sa petite tête, Inorin cocha les cases probables, associant ces jeunes femmes au monde des Shinobi et Samouraï. Après tout, tout était possible, surtout au pays du fer.

D'ailleurs en parlant de ça, il n'était toujours pas avancé sur les attentions de ces deux, maintenant trois, filles. Il aurait pu tout aussi bien descendre de son perchoir, histoire d'aller s'enquérir lui-même de leur destination, rien de plus simple bien évidemment. Seulement voilà, l'enfant, aussi petit était-il, était aussi un tant soit peu intelligent. Ainsi, l'idée de débarquer  telle une fleur dans un champ devant trois probables Kunoichi de haut rang ne lui disait rien du tout, et ce, bien qu'il douta longuement de leur probable intérêt pour une fleur, aussi rare soit-elle.

Au final, ce fut en soupirant très, très longuement - mais très discrètement aussi hein ! - qu'Inorin opta pour la solution qui lui parût la plus sage. Comme la fille semblait l'avoir fait plus tôt, mais de façon différente, un double de lui apparût silencieusement, sur la branche au-dessous la sienne. D'une réelle consistance, sa copie glissa tout aussi silencieusement jusqu'à la branche suivante, tandis que l'original se tapissait de nouveau dans l'ombre, sens pourtant aux aguets.

C'est ainsi qu'Inorin 2.0  parcourut la distance qui séparait l'original des trois inconnues, non sans s'assurer au passage de brouiller les pistes. Le but étant et demeurant tout de même de laisser croire qu'il s'agissait là d'un être réel. Ce dernier, se planta pourtant soudainement, avec la discrétion d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, devant le trio. Mains bien au chaud dans le fond de ses poches, cape rehaussée sur sa tignasse grâce à la capuche, on ne pouvait distinguer de lui que ses pupilles d'un bleu hypnotisant et sa petite taille.

Vous ne pouvez aller plus loin.

Son regard s'était arrêté un instant sur la silhouette vraisemblablement un poil affaiblie, avant de revenir sur celle qu'il pensa être le leader de cette bien étrange équipe.

Qui que vous soyez, je vais devoir vous demander de décliner votre identité ou de vous en aller.

Sous sa cape, imperceptiblement, l'enfant avait refermé ses doigts autour du manche de son Kunaï, prêt à se défendre au besoin.

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