Dans l’une de ses rues, Aimi marchait les mains dans les grandes poches de son manteau sombre, ses yeux fixaient le sol couvert de caillasses, elle était pensive ou anxieuse ? Il fallait qu’elle regagne vite ce qui lui servait de lieu pour dormir. Elle évitait de prononcer le terme « maison », pour elle ce n’en était plus une, surtout depuis la disparition de ses parents. Du jour au lendemain, ce qui fut autrefois un lieu chaleureux et convivial était devenu désert et froid. La Chiwa ne faisait aucun effort pour rendre l’endroit accueillant, elle nettoyait quelques fois, sans plus, les volets toujours fermés laissaient penser que la bâtisse était à vendre d’ailleurs. On l’avait même accusée un jour d’être entrée par effraction dans celle-ci, chose qu’elle avait fait payer aussitôt. La tête baissée, les mèches cachant son visage, elle marchait vite. Non pas qu’elle n’aimait pas la nuit, bien au contraire, Aimi allait harmonieusement bien avec l’obscurité.
Seulement, elle se sentait mal à l’aise. Aimi revenait du forgeron, ce vieil homme très sympathique qui possédait un don pour son métier inégalable. Mais ce soir, la jeune fille lui en voulait amèrement, il avait osé lui garder son Hinoken, soi-disant pour l’entretenir… Depuis quand elle avait besoin d’entretien ? Elle était parfaite, bien tranchante comme il faut, son sabre et elle se mariaient à la perfection. Alors quand il lui a dit qu’il devait garder son épée jusqu’au lendemain après-midi, la jeune fille avait failli faire une syncope.
Hinoken était son compagnon de solitude, son protecteur, avec lui, Aimi pouvait braver tout ce qui passerait son chemin. Mais lorsqu’elle ne l’avait plus sur elle, c’est-à-dire presque jamais, la Chiwa était… beaucoup moins sûre d’elle, ce n’est pas comme si elle ne savait pas se défendre, bien au contraire. La jeune fille perdait toute confiance en elle, il fallait qu’elle apprenne à ne pas perdre la face sans son arme, mais elle était tellement liée à elle que c’était une torture.
Alors quand la jeune fille, qui arpentait la rue discrètement mais minutieusement, senti un mauvais pressentiment, elle commença à prendre son élan pour sauter sur les toits des maisons du village : au moins elle serait tranquille là-haut se dit-elle. Ce fut cependant trop tard, qu’elle se retrouva devant des silhouettes qu’elle ne parvenait à pas distinguer brillamment, seul un vieux lampadaire éclairait la zone. Analysant celles-ci, elle en compta trois. Trois choses de tailles imposantes qui lui barraient la route. La chûnin n’était vraiment pas d’humeur à se tartouiller des idiots qui cherchait les embrouilles. La jeune fille reprit tranquillement sa marche, sauter maintenant ne ferait que les exciter, elle fit mine de les ignorer et essaya de passer à côté. L’odeur nauséabonde d’un alcool lui monta au nez, non pas qu’elle n’apprécie pas ce breuvage même pour son jeune âge, mais là c’était trop. Le cœur de la kunoichi sauta d’un coup, l’une des silhouettes venait de l' interpeller, sa voix rauque et irrégulière la fit frissonner, il était clair qu’ils n’étaient pas dans leur état normal.
Elle fronça les sourcils et fit mine de n'avoir rien entendu. Cependant, l’homme en question n’était pas du même avis, elle l’avait irrité –chose qu’elle savait très bien faire-, il eut le malheur de poser une main sur sa frêle épaule. D’une vitesse presque invisible, elle lui attrapa le bras, le lui brisant au passage et le força à se mettre à genoux. Un cri de douleur fit frissonner de plaisir Aimi, un sourire au coin dominant son visage. Elle avait essayé de les ignorer, mais apparemment ils n’appréciaient pas cela, pas de soucis. Les deux autres silhouettes reculèrent légèrement, elle avait fait forte impression en calmant ce bon à rien d’ivrogne. Ce qu’elle ne comprit pas, c’est le rire de sa future victime de torture, son regard montrait l’incompréhension. Elle allait lui mettre un coup de pied lorsqu’une main encore plus imposante empoigna son épaule, la faisait virevolter contre le mur violemment, la faisant lâcher un cri. La jeune fille grimaça légèrement elle fut surprise de voir deux autres inconnus se ramener.
Hey, vous vous amusez sans nous ? ria l’une de ces deux crapules
Cette sale gamine m’a brisé le bras ragea l’homme à terre.
Tous les regards tournèrent vers elle, ce fut la première fois depuis qu’elle les avait croisés qu’elle tomba sur leurs yeux. Une boule au ventre naquit, jamais auparavant elle avait croisé ce genre de regard. Intention malsaine brillait dans leur pupille, elle l’avait clairement deviné. Instinctivement, elle leva son bras vers le haut de son dos pour prendre le katana qu’elle n’avait pas. Ils crurent comprendre ce qu’elle voulut faire car ils tombèrent dans un éclat de rire hideux. Aimi prit panique, elle n’arrivait plus à bouger les jambes. La jeune fille n’arrivait même plus à réfléchir, elle devait faire quelque chose, mais elle n’y arrivait pas, elle s’insulta mentalement, il ne fallait pas être pétrifié devant eux, ce n’était pas le moment ! Prise d’une force qu’elle cherchait au fond d’elle, la kunoichi tenta de s’enfuir par le côté, encerclée par ces vicieux. Le plus costaud qui l’avait vu faire attrapa fortement son nœud beige, qui céda sous l’incroyable force de son geste. La jeune fille écarquilla les yeux, hurlant de surprise.
Les premiers boutons de son chemisier lâchèrent, laissant apercevoir le tissu intime qui couvrait son innocente chaire. Les yeux de ces ivrognes devinrent plus foncés, instinctivement, elle resserra son manteau noir autour d’elle. Elle ne s’était jamais sentie si impuissante, si honteuse, elle ne savait que faire. Un flash lui apparut en tête, son regard montra de la tristesse, ses jambes cédèrent et elle se retrouva à genoux. Bien sûr que si elle avait déjà ressenti cela, lorsqu’elle avait perdu ses chers amis et coéquipiers. Elle n’avait rien pu faire ce triste jour et depuis, elle ne se l’était jamais pardonné. Peut-être qu’après tout, elle méritait ce triste sort ? Kami-Sama la punissait-elle d’être si faible ?
La jeune fille ferma les yeux et ramena ses genoux nus contre sa poitrine, ses longs cheveux rouges cachant les perles de tristesse qui coulaient sur ses joues rougies par la gêne et l’impuissance.
Aimi sentit que l’un d’eux tendait la main vers elle. Elle pria si fortement qu’on la sorte de cet enfer.
Tout à coup, venu de nul part, un son similaire à un raclement de gorge atteint ses oreilles. La jeune fille resta figée, une tornade fit bouger ses cheveux : les ivrognes venaient de détaler en vitesse. La seule chose qu’elle comprit fut « Kayaba Akihiko » terme qui n’était pas inconnu à la jeune fille, étant donné que c’était un ninja de Suna extrêmement célèbre. Elle se demanda quelques instants si cela était possible, que cet homme soit là et l’ait sauvée. Aimi n’arrivait cependant pas à réfléchir, elle était complètement abattue, ses souvenirs lui poignardant le cœur et ces salauds qui avaient osé poser une main sur elle. Chose qu’elle ne supportait pas, ce n’est pas comme si elle refusait un geste tendre, bien au contraire. Mais elle n’avait trouvé personne qui la laisserait s’ouvrir à elle.
Le cœur de la jeune fille se mit à battre fortement quand elle vit que son « sauveur » s’approchait lentement d’elle. Peut-être que lui aussi voulait sa ration ? Elle serra davantage son manteau noir contre elle, ses larmes ne cessaient de couler sur celui-ci.
Une fois arrivé à ses pieds, il tenta de s’accroupir, sûrement curieux de voir les dégâts… Étonnamment, celui-ci se rétama sur son fessier riant de sa bêtise. La jeune fille se laissa un regard curieux vers cet individu. Il sentait d’ailleurs légèrement l’alcool mais contrairement aux autres ingrats, ce n’était pas désagréable. Bien que la zone ne fût illuminée que par ce vieux lampadaire, la chuunin aperçut son étonnante longue chevelure blonde descendre sur ses épaules, elle remonta sur son visage blanc puis vers ses yeux clairs qui la fixaient. Son regard était tellement différent de ses agresseurs, on voyait une pointe de curiosité ce qui était normal mais il était doux, et ça, la jeune fille ne comprenait pas pourquoi, c’était la première fois depuis bien longtemps qu’on était comme ça avec elle. Elle le vit tenter un geste vers sa personne, la faisant légèrement sursauter. Son cœur se calma quand il décida de ne rien entreprendre, elle le remercia intérieurement.
Il lui tendit gentiment un mouchoir de sa poche. La rousse regardait celui-ci avec hésitation, fallait-elle qu’elle lui fasse confiance ? C’est vrai qu’il lui avait sauvé la vie, et qu’il n’avait pas été brusque avec elle, il devait comprendre que la jeune fille était dans une sale situation.
Tiens, essuie-moi ces larmes dit-il d'un ton bienveillant. Que s'est-il passé exactement ? Qu'est-ce qu'ils pouvaient bien te vouloir ?
Première fois qu’elle entendit un homme lui parler de cette façon, son cœur s’allégea, elle avait l’impression qu’elle ne risquait rien en sa présence. Elle rougit fortement, elle avait honte de s’être laissé faire. D’un geste lent elle approcha sa main de la sienne, faisant en sorte que l’autre cache le vêtement déchiré, elle prît vivement le mouchoir et s’essuya ses beaux yeux rouges puis se moucha machinalement dans celui-ci. Elle le rangea dans sa poche se promettant de le nettoyer et de le lui rendre. La jeune fille murmura un « merci » à peine audible, que ce soit pour le mouchoir, comme pour l’avoir sortie de cette situation.
On voyait dans le ton qu’il avait pris qu’il n’était pas très content de ce qu’il avait découvert. Qui le serrait de toute façon ?
Aimi baissa les yeux, c’était évident ce qu’il avait bien pu lui vouloir. Une jolie jeune fille se promenant seule la nuit, à leur merci.
Qu’est-ce qu’un homme désire le plus en ayant le sexe opposé à sa merci ? avait-elle déclaré sans une quelconque âme dans sa voix
Son corps se mit légèrement à trembler en imaginant ce qui aurait pu se passer si l’homme de Suna n’avait pas fait son apparition. Elle était face à lui, en position de faiblesse et elle détestait cela. De plus, le haut de son corps était complètement dévêtu, elle avait toujours cette crainte qu’il ait de mauvaises intentions. Cependant, une partie d’elle voulait en savoir plus sur cette personne. Mais elle ne pouvait rester ici, elle n’avait pas le choix que de se faire aider par ce puissant ninja, étonnamment, ça ne lui dérangeait pas plus que ça, s’il avait voulu tenter quelque chose il l’aurait déjà fait.
Hum… M’aideriez-vous à… quitter cette maudite rue… j’aimerais savoir pourquoi un ninja de votre trempe se balade saoul dans les rues de Konoha. ses yeux l’évitèrent, ses joues rosirent de nouveau, elle était mal à l’aise mais curieuse.