Du pain et des jeux pour la plèbe, de l'alcool et des geuses pour les nantis. Peu après son affrontement éprouvant avec l'autre demeuré des oiseaux au pays de la Roche, la Tigresse s'était mis en quête d'un peu de calme afin de reposer son esprit au vu des efforts faramineux qu'elle avait du déployer dans ce combat. Choisissant de s'exiler sans autre bagage que son fessier et ses vêtements, elle errait depuis une semaine de village en village, s'enfoncant de plus en plus vers les terres maritimes; se contentant de s'en remettre à son étoile et ses pieds pour trouver le chemin de leur propre chef.

Logeant dans une taverne pour le moins animée depuis la veille, Hibiki goutait l'ambiance bonne enfant de l'endroit. Le soir venu, les civils de tous horizons se côtoyaient et faisaient ripaille dans la joie et la bonne humeur. Alcool, jeux et autres types de divertissements coulant à flots loin de l'influence des cinq grands pays. Il n'était en effet pas rare que de petites organisations criminelles voyaient le jour sous couvert du vide laissé par l'administration stricte des nations shinobi, sans pour autant que ces dernières n'aient de ramifications plus poussées qu'un ou deux avants postes dans d'autres villages de bouseux.

Cette matinée là ne dérogeait pas aux habitudes. Déterminée à passer la journée à lire avec une ambiance de fond plaisante, la Traqueuse s'était levée tôt afin de participer au réveil du paisible hameau. Vêtue de sa sempiternelle veste de cuir usée par le temps, de son débardeur blanc flanqué d'un pantalon près du corps aux chausses de sécurité renforcées de plaques de métal, l'Iwajin ne portait aucun bandeau frontal visible, ayant choisi de voyager incognito afin de ne pas s'attirer ou attirer des ennuis à ses pairs. Et c'est ainsi que, ses cheveux tombants nonchalemment sur le bas de son dos, Hibiki avait entamé la lecture d'un livre passionnant sur les différentes théologies contemporaines.

Pourtant ce répit fut de courte durée lorsque, sans crier gare, une furie aux cheveux courts fait irruption dans la pièce, abattant froidement deux individus à quelque mètres d'elle avant d'encastrer son poing dans le nez d'un troisième. De là où elle était, Byakko ne put percevoir la discussion sans doute animée des autres protagonistes, mais toujours était il que la lanceuse de shuriken se dirigeait à présent vers elle.

Bien entendu, tout le batiment s'était enfui à toutes jambes dès les premières échauffourées, et l'assistance ne comptait désormais plus qu'un tavernier mort de trouille caché sous son bar, nos deux donzelles ainsi que le pauvre au nez sans doute cassé. Contre toute attente, la jeune fille se contenta de laisser quelques ryos pour " s'excuser " du dérangement.

Si jusque là Hibiki s'était contentée d'ignorer froidement ce qui se passait autour d'elle, cette dernière action déclencha un fou rire incontrôlable, à tel point qu'elle en lâcha son livre. Dévoilant une dentition carnassière et des mains pourvues de griffes aiguisées, la tigresse riait de bon coeur avant de lâcher avec peine :

" HAR HAR HAR, c'est bien la première fois que je vois quelqu'un payer un témoin de meurtre. Dis donc, on t'as jamais apprise à ne laisser aucun témoin ou t'es juste incompétente ? Tu f'ras pas long feu dans l'milieu on dirait HAHA "

Se tenant les côtes à cause de son fou rire, Byakko avait du mal à retenir son souffle. Cette petite semblait avoir plus ou moins le même âge qu'elle même, son regard paraissait aussi froid, bien que troublé. La démarche, la précision des armes de jets, même l'odeur rance du sang séché avait impregné le corps de cette jeune fille à tel point qu'elle ne pouvait être que l'un de ses rejetons de la guerre. De ceux pour qui la sueur et les larmes avaient remplacé les livres et l'instruction. Une constatation que la chasseresse souhaitait éprouver plus avant en lançant :

" Ne Jamais faire de témoins. J'aurais été à ta place, tu boufferais les pissenlits par la racine, très chère... Mais, merci pour l'argent, j'vais pouvoir me payer un café et rire encore de c'que tu viens de faire... Ah la la... "

Le fou rire de la  Tigresse reprit de plus belle lorsqu'elle entendit la répartie de l'autre jeune femme. Cherchait elle à se justifier pour ses actes ? Visiblement non, l'autre cherchait avant tout à décamper sans demander son reste. La traqueuse, de son côté, reprenait péniblement son souffle en se tenant les côtes tellement la situation l'amusait. Son interlocutrice avait elle jamais ôté une vie ? La Byakko avait énormément de sang sur les mains de son côté, et ne doutait pas non plus de ses capacités. Et alors qu'elle allait justement lui souhaiter bon vent, elle ses sens bondirent en alerte. Pivôt et... dague ?

La lame de vent vint trancher net la table faisant face à Hibiki, entamant son débardeur impeccable dans la foulée. L'entaille n'avait pas touché la peau, mais avait laissé une fine ouverture eu niveau de sa poitrine, pas suffisamment grande pour qu'on puisse y distinguer quoi que ce soit cependant. La fraction de seconde de surprise passée, la jeune Iwajin afficha de nouveau un sourire carnassier. Mais cette fois, son regard n'était plus amusé le moins du monde. L'on pouvait y lire la soif de sang d'un tueur chevronné, tandis qu'elle se levait, étirant ses doigts et mettant dès lors bien en évidence ses griffes et c'est avec une voix à mi chemin entre la colère et l'amusement qu'elle parla en ces mots:

" Et dire que j'allais te laisser poursuivre ton chemin sans trop de soucis... Je vais te donner une leçon à la dure, ma chère : faire preuve de prudence lorsqu'on a affaire à des inconnus qui en plus ont un train d'avance sur toi. Kunoichi. Bukijutsu et Affinité Fuuton, utilisation de poisons au combat. Tu es visiblement lunatique à l'extrême, tu as cherché à fuir et t'es ravisée en une fraction de secondes, m'attaquant même alors que je n'ai pas eu de geste déplacé.

Tu n'as pas confiance en tes capacités, contrairement à ce que tu as dit, la preuve c'est que tu ressens le besoin de te justifier pour ne pas avoir tué les autres. Je pense aussi que tu n'as pas participé à beaucoup d'affrontements jusque là, sans compter une certaine forme de peur caractérisée par l'utilisation du superlatif " super forte " pour te faire paraître menaçante. "

Par l'observation et l'écoute active, il était facile d'en apprendre beaucoup sur son entourage et cette jeune effrontée n'y faisait pas exception. Byakko poursuivit:

" T'as épargné les autres zouaves alors que tu aurais tout aussi bien pu les tuer, après tout ils ne sont qu'une gêne ; cela démontre un certain respect pour la vie. Enfin,tu as préféré garder le troisième larron conscient, je sais pas pourquoi et je m'en fous. Malheureusement pour toi, je n'aime pas qu'on me menace, et je suis rancunière. "

Et alors que ses paroles venaient tout juste d'être prononcées, Hibiki traversa en une fraction de secondes les deux mètres la séparant de son adversaire, tranchant au passage une mèche de cheveux non loin de ses yeux. En l'espace d'un battement de cils, la traqueuse se situait à présent derrière la fille aux cheveux courts. Entre les deux antagonistes, l'un des gogoles mis à terre par un shuriken se vidait à présent de son sang, victime d'une lacération à la gorge au niveau de la carotide. Les traces de griffes du Tigre Blanc ne laissaient planer aucun doute quand à la cause de sa mort. Son seul tort aura été de se trouver sur le chemin d'une chasseresse.

Avisant le mec au nez cassé sur le sol , qui semblait béat de surprise devant le mouvement précédemment réalisé, ne pipait mot et se contentait d'observer la femme toute de cuir noir vétue s'avancer vers lui. Un Byakko était juge jury et bourreau. Hibiki leva les griffes et abattit sa colère sur sa gorge. Puis, toujours sans se départir de son sourire mauvais, pivota sur le côté, avant d'envoyer un coup de pied d'une extrême vélocité dans l'estomac de son assaillante. Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, et avant même de terminer son mouvement, la Tigresse se projeta à nouveau vers l'avant, fendan les airs toutes griffes dehors. Cette fois ci, elle visait le coude de la fille aux cheveux longs.

A peine eut elle le temps de se repositionner à trois mètres dans le dos de son adversaire, qu'elle repartait de nouveau à la charge, visant cette fois son talon. Le dernier assaut propulsa la Tigresse à l'autre bout de la pièce sept mètres les séparant, face à celle qui allait devoir endurer la pression d'un combat de haute vitesse...  

Spoiler:

Une légère sensation d'étourdissement prenait naissance dans la main droite de la Tigresse, bien que celle ci l'ignora pour se concentrer sur la fille aux cheveux courts lui faisant face, sans pourtant se défaire de son sourire narquois. Les parades avaient été rondement menées et efficaces bien que brouillonnes. A présent, elle avait adopté une posture pour le moins déconcertante. S'agissait il d'une posture de combat spécifique, ou tout simplement d'une manière de se rassurer pour l'affrontement à venir ?

Ne lui laissant aucun répit, La Traqueuse reparti à la charge, usant à nouveau du Sattou pour engloutir rapidement l'espace les séparant. Cependant, s'attendant à une éventuelle réplique avec sa parade en croissant de lune, Hbiki ne poursuivit guère l'assaut comme à l'accoutumée, préférant effectuer un pas de côté avant même d'avoir atteint sa cible au corps à corps. Ce fesant, elle s'assurait d'un effet de surprise en attaquant sur le côté au lieu d'une attaque frontale. Emportée par son élan, ses griffes s'élancèrent à nouveau, tranchant les chairs de son adversaire à l'horizontale en un arc de cercle, afin de couper tout mouvement de recul. Profitant de la force dégagée par le mouvement, elle effectua une torsion de son bassin afin de décocher un impressionant revers de la main gauche avec pour but d'arracher littéralement la carotide de son adversaire.

Anticipant une éventuelle embardée arrière de son adversaire pour se défaire de son étreinte, Byakko se jeta en avant, tentant de percer le tronc de son antagoniste avec un coup d'estoc magistral. Et, emportée par la fougue et l'ivresse du combat, termina son enchainement en tranchant les airs en diagonale descendante.

Elle sentait monter en elle cette passion qui guidait tous les Byakko. Cette passion qu'elle avait si souvent refoulée afin de garder les idées froides. Mais aujourd'hui, elle n'était qu'une kunoichi anonyme se frittant avec une autre meurtrière. Aujourd'hui, elle se laisserait guider par la soif de sang.  

Spoiler:

Alors qu'elle s'attendait à sentir la chaleur du sang et la douceur familière de la chair déchiquetée au creux de ses griffes tandis qu'elle les plongeait dans le corps de son adversaire, ce fut à la place le vide qui acceuillit son ire. Et cependant que l'illusion d'un clone inconsistant se dissipait sous son nez, ses sens indiquèrent une alerte imminente. Poussée par son instinct, la Tigresse se jeta sur le côté, esquivant de justesse un assaut surprise qui aurait pu signifier une blessure abyssale dans son égo de combattante. Gloussant une fois de plus de rire elle lança, goguenarde:

" Genjutsu, l'art des lâches. Maintenant que je sais que tu l'utilises, n'espère pas me prendre à nouveau ! "

Contre toute attente, la Traqueuse ferma les yeux, coupant dès lors toute éventualité de recours à ce type d'art à nouveau. A présent, elle ne faisait plus qu'un avec son environnement. Elle ressentait les moindres mouvements du plancher comme si c'était son corps. Chaque battement de coeur de sa cible était devenu un requiem. Chaque Parfum brillait dans son esprit comme autant de néons aveuglants. En se privant de la vue, elle ne se laisserait plus leurrer par des faux semblants. Et même dans sa cécité temporaire, Hibiki pouvait situer exactement celle qui avait tenter de se jouer d'elle grâce à trois éléments distincts: la mêche de cheveux coupés auparavant que la traqueuse avait a présent eu le temps d'humer afin de garder son parfum en tête, l'odeur métallique de sang que son adversaire dégageait... mais également le bruit de ses pas sur le plancher. A présent que l'auberge était vide, il ne restait plus que les deux antagonistes, réduisant à zéro les bruits pouvant l'induire en erreur.

La proie était faite il ne restait plus qu'à la dépecer à présent. Et dans l'ivresse de sa colère et de sa soif de sang, la jeune femme ne ferait nullement dans la dentelle.

Hibiki reprit donc sa funeste besogne, tranchant à nouveau dans les chairs de celle lui faisant face, cherchant en premier lieu à l'égorger, elle fendit les airs dans l'espoir ensuite de lui transperçer les poumons, puis le foie, puis l'estomac. Se repositionnant en permanence grâce à ses autres sens, il lui était à présent impossible de perdre cet affrontement. L'idée s'était insinuée dans son esprit et, alors que l'adrénaline lui montait au cerveau, la Tigresse repartit en fou rire. Mais cette fois, on n'entendait plus la moindre trace d'amusement. C'était le fou rire d'une hyiène, le fou rire d'une bête sauvage gouvernée par son désir de mort et d'affrontement. 

Spoiler: