Une odeur fleurit avait envahit mon bureau, en ce lundi matin. Des saveurs de jasmins et de camomille. Une belle théière en porcelaine était posée entre la paperasse et les parchemins de mission, là où j’avais dégagé un peu de place face à moi. Ce meuble me servirait à cette heure à déjeuner avant de passer à une longue journée de labeur, probablement comme toutes les autres journées. Sur le récipient blanc cassé était dessiné un dragon dans un style ancien, de couleur bleu, raffiné et élégant, prenant son envol. Aux côtés de cette créature mythologique se tenait une petite assiette dans laquelle j’avais posé une bonne dizaine de petites pâtisseries de toutes sortes et de toutes formes. Ces sucreries lui feraient certainement plaisir, pensais-je, la connaissant comme ma poche. J’avais déjà entamé le thé, tenait entre mes mains la boisson chaude. J’étais assise confortablement dans mon siège, faisant dos à la porte. Mes jambes croisées entre elles, je regardais au travers de la vitre cette brume indissociable de ce village. Je baillais doucement, cachant cela en posant ma main devant ma bouche. Même si j’étais seule, ce n’était pas une raison pour moi de bailler aux corneilles. La journée avait commencé tôt pour moi et elle allait aussi démarrer pour ma petite élève.

C’est pour elle que mes pensaient allait à ce moment là alors que mon regard vite se perdait à l’horizon. Dans un silence de mort qui régnait dans le bureau des Mizukage, je me remémorais le chemin parcouru depuis que j’avais fait sa connaissance, alors qu’elle n’était qu’une gamine. Elle était aujourd’hui comme ma petite sœur, celle que je chérissais plus que n’importe qui d’autre. Celle en qui je pouvais avoir le plus confiance. Cette petite me ressemblait, plus qu’elle ne l’imaginait, son parcours n’était pas si différent du mien quand on sait qu’elle possède des pouvoirs qui autrefois étaient interdits par mon prédécesseur. Et disons aussi qu’elle a tout comme moi … un gros problème avec l’amour et les hommes. Une cicatrice que nous avons en commun, difficilement oubliable et qui ne se refermera probablement jamais.

La nostalgie m’envahit forcément alors que je m’apprêtais à lui demander quelque chose de totalement horrible, qu’elle ne pourrait refuser. La seule manière de me dire non serait de déserter. Cruel choix. Mais je n’avais pas non plus d’autres options et j’espérais qu’elle puisse me comprendre et me pardonner. Prenant une gorgée nouvelle, alors que la fumée de l’eau chaude me caressait le visage, je fermais lentement les yeux pour essayer d’effacer l’appréhension. Comment allait-elle réagir à cette nouvelle qui allait probablement décider de notre futur ? Je soupirais lentement, ouvrant à nouveau les yeux. Et c’est là que Misaki fit son apparition, entrant dans le bureau. Je l’accueilli avec un grand sourire en me retournant, lui indiquant de s’assoir d’un geste de la main.  Je prenais une tasse que je remplis de moitié en lui tendant, tout en prenant la parole et avançant l’assiette sous son nez.  

- Oui, je t’ai fait demandé et puis, cela nous permet de passer un peu de temps ensemble, avant le rush de la journée. Assis-toi donc, ne reste pas plantée là et arrête de prendre ce ton cérémonial avec moi ! Je n’ai pas encore prit le petit déjeuner, alors sers toi, je sais que tu ne résiste pas à ceux à la pistache!

Je lui faisais un sourire taquin, aimant plaisanter avec elle. Ce n’était pas comme si devenir Mizukage avait réellement changé nos relations, Misaki a toujours été très respectueuse envers moi, même lorsque je n’étais qu’une simple Juunin. Je la dévisageais, en me réservant une nouvelle tasse brûlante.

- Tu es de plus en plus jolie, Misaki-chan … Je me souviens encore de cette gamine qui osait à peine parler quand tu es arrivée dans ce village. Regarde toi maintenant, tu es une magnifique jeune femme ! Et Juunin de Kiri qui plus est ! Que de chemin parcouru … Mais dis-moi. Quant est-il de ta maîtrise de ton Kekkei Genkaï ? Plus de soucis à ce niveau là ?  

Je la laissais répondre, me servant une douceur et la mangeant bouchée après bouchée. J’étais curieuse de savoir comment elle avait évoluée et surtout si elle était capable de se maîtriser totalement à présent. Cette petite discussion n’avait rien de banale, c’était une manière de m’intéresser grandement à ma jeune élève, lui  montrant que malgré la distance qu’il peut y  avoir depuis que je suis Mizukage, je n’en reste pas moins attentive à ses ennuis. C’était un début de conversation, je n’allais pas directement entrer dans le vif du sujet, j’avais envie de profiter de la présence de ma jeune protégée …

La discussion allait de bon train et je pouvais enfin passer un peu de temps avec ma jeune élève. Je ne fus pas étonnée que ma chère amie ne rechigne pas à prendre le thé et à se faire plaisir avec l’une de mes pâtisseries. Je la connaissais suffisamment aujourd’hui et la voir manger de bon cœur me faisait certainement plus plaisir que si c’était moi qui l’avais croqué. Ce qui ne m’étonna pas non plus, ce fut sa réaction lorsque je la complimentai sur sa beauté et ses capacités. Oui, j’étais fière d’elle, pas de quoi rougir ainsi ! Sachant cela, j’aimais la taquiner et la provoquer en quelque sorte. C’était toujours un petit jeu entre nous que de me placer comme celle qui s’amusait à gêner l’autre. Ce qui était assez marrant pour moi, bien moins pour elle. Mais elle ne pouvait pas non plus se plaindre d’être mon souffre douleur, je n’étais pas non plus de ce genre. Il s’agissait toujours d’une bonne entente, quelque chose d’amusant. D’ailleurs, aujourd’hui encore j’allais certainement pouvoir m’amuser à faire de ma petite Misaki une véritable pivoine alors que je m’apprêtais à lui jouer un petit tour.

Elle m’expliqua longuement qu’elle était à présent capable de contrôler son pouvoir comme elle le souhaitait, sans le moindre mal. Après tout, elle avait plutôt intérêt à bien le maîtriser. Le poison qu’elle possédait en elle était véritablement très puissant et elle ne pouvait se permettre d’être la propre victime de ses capacités en tuant quelqu’un qu’elle ne devait pas. Longs ont été les entrainements afin qu’elle puisse contrôler la toxicité de ce qu’elle émanait naturellement jusqu’à totalement l’effacer de son corps. Enfin, elle pouvait fièrement m’annoncer qu’elle était en mesure de totalement y  arriver. C’est ce qu’on va voir ! Je la laissais parler, la laissant terminer ses phrases tout en me levant et faisant le tour du bureau. Je l’observais, lui sourit, me baissa lentement, m’approchant à quelques centimètres de son visage en la regardant droit dans les yeux pour lui murmurer :  

« Je suis sûre que tu seras capable de maîtriser ton pouvoir qu’importe la situation, même la plus surprenante et la plus inattendue, qu’importe tes sentiments. »

Tout en lui parlant, je posais une main sur sa joue, délicatement, fermant les yeux pour lui faire un beau sourire. Soudainement, je m’approchais d’elle et ramena son visage vers le mien. Je déposais mes lèvres sur les siennes, pleine de confiance sans aucune peur. Je l’embrassais alors, restant quelques secondes sur ses douces lèvres avant de me reculer et laisser échapper un petit rire, gloussant un peu bêtement.

« Tu vois, il ne s’est rien passé ! Alors tu le maîtrise en toute circonstance ! ♥ »

Je reprenais ma place derrière le bureau mais cette fois ci, mon regard vint se perdre au travers de la fenêtre, regardant au loin dans la brume. Misaki l’avait remarqué, j’étais réellement soucieuse et tendue quand à ce que j’allais lui annoncer. Je soupirais, croisant les bras sous ma poitrine. Je n’allais pas me laisser démonter par cette annonce. Je me retournais, prenant mon courage à deux mains.

« Tu vas quitter le village, immédiatement. Et tu sais pour quelle raison … N’est-ce pas ?  »

Je lui tendais alors un petit parchemin pour qu’elle le lise, lui laissant sous les yeux sans le lui donner, le gardant entre mes mains.

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