Le plan nous a été exposé il y a de ça une semaine, lorsque toutes nos forces combinées à celle du village d'Oto étaient réunies à Suna. C'est Akihiko-dono en personne qui le fit, en tant que bras droit du Yondaime et haut conseiller du village. C'est en vue de ce plan qu'il était venu me libérer de prison quelques jours auparavant, après une décennie à croupir derrière les barreaux - sort amplement mérité. Quelle déception et quels regrets de quitter ces murs dans l'espoir de me racheter envers mon village et d'aider les plus faibles pour être envoyé aussitôt au front lors d'une attaque surprise sur un village non belliqueux. Bien entendu, j'en fis part au conseiller à la longue chevelure blanche, mais le Yondaime requérait mes talents. Par ailleurs, ma présence pouvait permettre à certains de mes compagnons tout aussi peu enclins à se battre de survivre. En tant que shinobi du Sable tout comme eux, je ne pouvais les laisser tomber. J'aurai tout le temps de faire ce que j'ai à faire pour rendre ce monde meilleur plus tard. Dans le cadre de mon retour à la vie de shinobi libre, l'on a souhaité me retirer ces fers aux poignets : j'ai aussitôt refusé. Ces fers seront désormais un constant rappel à autrui comme à moi-même de ce que j'ai commis par le passé. Plus jamais je ne me battrai ni ne tuerai avec ces mains, pas même lors de l'invasion à venir. De quelle attaque s'agit-il ? L'invasion de Konoha par Suna et Oto.
Pourquoi devons-nous attaquer la Feuille, qui plus est en plein tournoi de l'examen Chûnin ? Je n'en ai aucune idée. Le simple fait de lancer l'assaut tandis que des centaines de personnes se divertissent et que la nouvelle génération apprend me révulse. Il semblerait que ce soit le souhait du Kazekage, allié pour d'obscurs raisons au fondateur et dirigeant du nouveau village du Son, le Nukenin Orochimaru. Qui suis-je pour discuter les ordres ? Seulement un meurtrier en liberté car utile. Par ailleurs, Suna et Konoha n'ont jamais été très proches, quoique plus proches qu'avec d'autres villages cachés. Rasa-sama doit avoir des informations que nous n'avons pas.
Quoiqu'il en soit, le départ se fit le lendemain de l'exposition du plan. Celui-ci est relativement simple en soit : la supposée Ombre du Vent - le Serpent prenant sa place pour le coup - siégeant aux côtés de celle du Feu, il lancera les hostilités durant l'épreuve de l'examen Chûnin, ses gardes les plus proches le soutiendront, tandis que les autres se chargeront du signal visible à des kilomètres à la ronde. Le chaos régnera très vite au sein même du village où une grande partie de ce dernier sera réunie, et c'est à cet instant que nous frapperons en surgissant de l'immensité de la forêt, alors que les quelques gardes ne feront plus attention à leur point de surveillance. Un bon plan provenant de Akihiko-dono ; il a bien grandi et est devenu un leader, c'est indéniable.
Toutefois, le succès de cette attaque réside en deux points majeurs qui, s'ils échouent, peuvent annoncer notre débâcle même. Le premier d'entre eux est bien entendu l'affrontement monstrueux qui va s'engager entre le vieux Sarutobi Hiruzen et son ancien élève. Si ce dernier est vaincu, nous pouvons faire demi-tour si on nous en laisse l'occasion. Le second point crucial est le timing entre le signal au stade et notre avancée fulgurante vers le village. Si nous sommes trop mous, l'adversaire aura tôt fait de venir nous bloquer la route et nous serons alors retenus aux portes du village avec de grandes difficultés pour pénétrer plus en avant. Moi ? Je suis bien évidemment placé en première ligne, l'un des premiers à atteindre le village. Ma grande rapidité, ma puissance physique et ma défense impénétrable font de moi l'élément parfait pour cette place.
Nous attendons à présent depuis bien longtemps le signal tant souhaité, tapis par centaines dans l'ombre des feuilles vertes. Pénétrer au sein du Pays du Feu et atteindre son grand village caché n'a pas été bien compliqué. Les quelques gardes aux frontières et plus en avant dans les terres ont rapidement et efficacement été supprimés par les équipes d'éclaireurs. Atteindre Konoha fut un jeu d'enfant par la suite. Toutefois, il semble dorénavant qu'il y ait un souci au stade. Le début des hostilités aurait dû avoir lieu il y a presque une demi-heure de cela, mais toujours rien. Quelque chose retarde l'assaut d'Orochimaru, il est cependant impossible de savoir quoi.
Il nous faut bien trente minutes supplémentaires d'attente dans un silence total pour qu'enfin viennent à nos oreilles le bruit d'une immense explosion. La fumée grise engendrée par celle-ci au cœur du village nous est rapidement discernable. Il est temps. Pour tout dire, ce n'est pas trop tôt : une partie des combattants m'entourant commençaient à s'impatienter, majoritairement des hommes du Serpent. Certains de ces derniers commencent aussitôt leurs rituels d'invocations de serpents géants. Pour ma part, comme pour tant d'autres, je m'élance en avant le plus rapidement qu'il m'est possible de le faire.
La grande porte close de Konoha est vite atteinte par la première ligne ; tandis que la plupart de mes compagnons d'armes bondissent pour atteindre le sommet du mur et des portes, j'opte pour une solution plus radicale : le Kôton. Je durcis intégralement mon corps quelques mètres avant la porte géante de couleur verte et forme un bouclier au niveau de mon épaule. L'impact entre mon acier et la porte est bruyant et, malgré tout, me laisse des fourmillements sur toute la partie supérieure de mon corps, mais le fait est que je viens de créer une brèche dans l'enceinte, brèche que viendront considérablement agrandir les reptiles gigantesques par la suite. Une fois au sein du village, je constate déjà les corps de deux gardes sans vie à quelques mètres sur ma gauche. Des Sunajin et Otojin sont parvenus sans difficulté à grimper la muraille et à anéantir les premières défenses déconcentrées. La majeure partie de nos troupes a été répartie en bataillon de cinq ninja maximum, bien souvent mixtes. Il n'a pas été jugé bon de faire pareil pour ceux qui, comme moi, ne sont au final que de la chair à canon. Je suis donc libre de suivre qui je veux et d'aller où je le souhaite.
Un kunai simple vient subitement s'écraser sur ma poitrine de métal tandis que je ne bouge pas. Je lève la tête sur ma droite pour voir une kunoichi de Konoha perchée sur un toit, surprise du manque d'effet de son assaut. Je m'apprête à me jeter sur elle pour la mettre hors combat avec dépit lorsque je vois deux shuriken s'incruster à la base de sa nuque. La jeune femme tombe raide morte du toit pour s'écraser au sol quatre mètre plus bas. Mon attention se porte aussitôt sur le groupe de quatre Otojin responsable de ce fait et je me décide aussitôt de les accompagner alors même qu'ils s'enfoncent dans le village.
La défense en son sein est très mal assurée, ne comptant de mon côté que quelques Konohajin désordonnés très vite submergés. Les serpents d'Oto ont tôt fait quant à eux de rallier l'entrée du village et de la détruire, mais il semblerait que les renforts y soient arrivés en même temps. Le quatuor et moi-même rencontrons une faible résistance, annihilant les quelques shinobi ennemis qui se dressent sur notre chemin. L'un de ceux du son finit néanmoins brûlé par un ninjutsu Katon après quelques minutes tandis que je sauve la vie d'un autre en expédiant contre un mur - puis à travers - deux hommes prêts à le couper en deux. Puis notre route se poursuit.
Le fait est que, comme tout village caché ninja, il n'y a pas que des shinobi qui y résident. Konoha est naturellement en grande partie peuplé de civils, dont vieillards, femmes et enfants innocents. Ceux-ci sont en train d'être évacués en ce moment-même, bien que d'autres ont certainement péri un peu partout dans le village et plus particulièrement au stade où avait lieu l'épreuve de l'examen pour les Genin. Je savais tout cela à l'avance. Je n'avais toutefois pas pensé à ma réaction en tombant nez à nez avec des civils en train de courir se réfugier à l'abri. Et pourtant, voilà que cette situation se présente alors même que j'arpente les toits en compagnie du trio du Son. Tout comme moi, ces derniers s'arrêtent et les observent. Il ne s'agit là que d'une vieille femme la soixantaine passée, d'une femme mûre et d'un enfant à peine capable de courir. Une petite famille tout ce qu'il y a de plus innocent ... tout comme aurait pu être la mienne si Arishia était encore là. Mon regard s'attendrit en les voyant et des souvenirs refont surface, ainsi que de sombres pensées.
- On y va, entends-je néanmoins déclarer l'un de mes compagnons à notre attention à tous. Mon regard se porte désormais sur eux et ce que je discerne alors dans leurs regards me fait froid dans le dos. Une expression unique que j'ai déjà eu l'occasion de contempler à de très nombreuses reprises en prison : la soif de sang. Je constate alors que ces hommes ne sont pas là pour se battre pour leur village. Ils sont là pour tuer et verser du sang, rien de plus, peu importe leurs victimes. Le leader des trois bondit en premier du toit en direction des villageois apeurés à notre vue, les deux autres le suivant de près. Je n'ai besoin d'aucun instant de réflexion et m'élance à mon tour.
Renforcé à l'aide du Kôton, mes coups de pieds sont fulgurants, parfois mortels. Une expérience à laquelle font face mes trois anciens camarades de combat. Un coup tourbillonnant aux deux plus proches suffisent à les éjecter contre les façades des habitations environnantes où ils viennent s'écraser dans une mare de sang rouge vif, surpris par mon attaque. Il me faut alors prendre appui sur l'un des murs pour poursuivre le dernier d'entre eux. Bien qu'alerté par les morts de ses deux équipiers, et tandis qu'il atteint enfin le sol et ses victimes, il ne peut ni esquiver ni parer mon talon de métal qui vient enfoncer son visage dans le sol à deux mètres de la vieille Konohajin. Cela ne l'empêche pas de continuer à respirer malgré le liquide écarlate s'étalant lentement sous sa face. Pis encore, il est conscient.
- T-traître ... ! lâche-t-il difficilement après avoir perdu une grande partie de sa mâchoire sous le coup. Mon pied de métal resté appuyé sur son crâne émet alors un bruit étrange et, l'instant suivant, un autre bruit, de viande broyée cette fois-ci. L'Otojin rend son dernier souffle, une lame de quinze centimètres créée depuis la plante de mon pied transperçant désormais son crâne. Je retire alors ma lame et mon pied et fais reprendre à celui-ci son aspect ordinaire. Aux alentours, pas un rat en dehors des trois civils dont je viens de sauver la vie. Je n'ai, de toute façon, aucun regret. Comme promis à Akihiko-dono, je protège les innocents et les faibles ; je n'ai jamais dit que je me contentais de ceux de mon propre village. J'ai commis des atrocités il y a dix ans, c'est l'occasion pour moi de me racheter.
- Fuyez, mesdames, fais-je à la vieille et à celle que je suppose être sa fille en me tournant vers toutes deux et l'enfant. Avant que d'autres n'arrivent. C'est la jeune femme qui s'approche alors de moi et me remercie chaleureusement pour mon action, la matriarche restant méfiante à mon égard. Je m'incline avec respect et leur souris affectueusement avant de leur faire signe à nouveau de partir. Une fois seul, mes yeux se posent à nouveau sur le cadavre du chef à mes pieds. Cela fait bien longtemps que je n'avais ôté la vie à un être humain. Sept ans très précisément, lors de la dernière révolte dans les quartiers de la prison. Une sensation qui ne m'avait pas manqué, c'est certain. A présent, il me faut continuer ma mission avant que l'on me voit ici ...
J’avais vu d’un œil septique l’arrivée des ninjas du village d’Oto mais comme tous les shinobis de Suna, je n’avais pu que m’écraser devant la volonté du Yondaime de les accueillir dans notre cité. La raison de leur présence était l’attaque imminente sur le village caché de la feuille prévu dans une semaine. J’avais assisté à la réunion qui devait nous expliquer le plan et les points stratégiques que nous devions viser, cependant, lorsque le chef de groupe commença à parler, je ne l’écoutais pas vraiment. Plongée dans mes pensées, je me demandais pourquoi Suna devait s’allier avec ce village, pourtant moins peuplé, du son et surtout pourquoi cette attaque sur Konoha, qui n’avait montré absolument aucunes actions belliqueuses envers nous. La plupart des ninjas du sable présents semblaient se poser les mêmes questions mais les ordres étaient les ordres et ce que Yondaime voulait, Yondaime avait.
L’assaut se donnerait lors de l’examen chuunin. Et ce fut là que tout bascula. Je refusais catégoriquement de porter la main sur des gens innocents. Ce rassemblement avait pour but de montrer la nouvelle génération de ninjas et beaucoup de villageois, de personnes incapables de se battre seraient à proximité. Le Yondaime pouvait bien m’avoir donné un toit ainsi qu’un rang et un travail, ça ne lui donnait pas le lever la main sans raisons valables. Mais que pouvais-je faire, à mon niveau, moi qui avais été recueillie par cet homme ? Juste suivre les ordres ou bien croupir en prison pour insubordination. Le choix était vite fait mais les ordres, je les suivrais à ma manière. Pas question de toucher à des innocents et je comptais bien surveiller les hommes du serpent qui nous accompagnaient, je n’avais aucune confiance en eux et sentais même un plaisir malsain d’assouvir une soif de sang.
Le départ vers le pays du feu fut rapide et je fus affectée à l’équipe d’éclaireur, surement à cause de mes capacités de furtivité. Discrète, je me faufilais sans bruits à travers les feuillages. Seul le bruissement des rameaux manifestait mon passage mais cela s’apparentait plus à un coup de vent. Les défenses de Konoha étaient solides mais devant notre troupe, elles ne firent pas long feu. Je fus surprise de ne pas entendre l’assaut. Selon le plan, une fois les gardes maitrisés une explosion venant du stade devait retentir et cela signifiait le début des hostilités. L’attente fut longue mais la déflagration se fit finalement entendre. La cohue qui suivit me laissa sans voix, j’étais comme pétrifiée devant tant de violence gratuite. Les hommes d’Oto se laissaient aller à une forme de barbarie, ne faisant aucune différence entre ninjas et villageois. Je ne le tolérais pas et, de plus, ils n’étaient en rien mes coéquipiers. J’avais grimpé le mur de l’enceinte avec des mouvements souples, une agilité et une rapidité que peu de personnes possédaient. On me comparait souvent à un félin, ce qui n’était pas faux. Je reportais mon attention sur le champ de bataille et les Otojins. Le sang coulait à flot et je me sentais mal. Un malaise qui me donna un haut-le-cœur. Je fermais les yeux et pris une grande inspiration. Je n’étais là que pour satisfaire les directives du Kazekage, mais je ne pouvais pas renier ma nature. Sans plus attendre je fondis sur les ninjas de Konoha me contentant de les maitriser, sans toutefois les tuer s’ils n’opposaient pas de résistance. Je me retrouvais seule, et je ne m’en formalisais pas plus. J’avais encore du mal à me protéger alors si je devais protéger quelqu’un d’autre, je ne garantissais pas sa survie.
Après avoir parcouru plusieurs mètres, je me stoppais en assistant à une scène pour le moins surréaliste. Un homme métallique venait d’écraser son pied sur le visage de ce que j’identifiais comme étant un otojin sauvant par là une famille de konohajin. Je n’en revenais pas mais une partie de moi se sentait soulagée de voir cette petite tribu saine et sauve. L’homme recouvert d’acier fit un signe respectueux aux villageoises et je les vis partir, le laissant seul. Je l’observais de ma cachette et grâce à certaines de mes capacités, je su qu’il faisait partie des forces de Suna. Mes sens aiguisés remarquèrent qu’il n’était pas seul. Malheureusement pour lui, d’autres coéquipiers des hommes qu’il venait de tuer l’avaient espionné et attendaient le bon moment pour fondre sur lui. Sa carapace d’acier le protégeait mais qui savait pendant combien de temps il pouvait la garder. Au moment où sa technique s’évaporerait, ils allaient le massacrer.
Un léger bruit sur ma droite se fit entendre mais je n’esquissais aucun mouvement. Si je montrais que je l’avais entendu, je perdrais l’effet de surprise. Je me préparais à l’assaut de mon ennemi qui arriva bien vite. Me tournant d’un mouvement fluide et rapide, je le repoussais grâce à mes pieds et le fit tomber du toit. Je savais que ce n’était pas suffisant mais j’en profitais pour me relever et filer. Je lançais quelques senbons que j’avais ramassés sur les cadavres que j’avais croisés et touchais quelques ennemis. Il fallait que je le prévienne, après tout, il faisait partie de la même nation que moi et le fait qu’il sauve cette famille m’avait persuadé qu’il n’était pas une mauvaise personne.
J’atterris devant lui dans un léger bruissement de vêtements, le fixais de mes obsidiennes et lui dis doucement.
Tu es suivi. Les hommes que tu viens d’éliminer, et bien leurs copains t’ont vu et je ne suis pas sure qu’ils veulent te pardonner.
N’attendant pas de réponse de sa part, je lui tournais le dos et me mis en garde avant de reprendre.
Je ne pense pas que tu ais besoin d’aide mais… Je ne les porte pas dans mon cœur alors, je te demanderai simplement de m’en laisser quelques uns.
Je glissais mon pied droit sur la terre battue et un petit nuage de poussière s’éleva. Puis tout s’enchaina très vite, les Otojins fonçaient sur nous avec une hargne et une bestialité que je n’avais jamais vue.
風 | Suna no Jônin
Buraian Riigaru
Messages : 57 Date d'inscription : 14/12/2015 Localisation actuelle : Abords du désert de Suna, dans le repaire d'Akatsuki.
Fiche Shinobi Rang: A Ryos: 24 Expérience: (142/500)
Mais bien sûr, l'on m'a vu. Quelques courtes secondes seulement, durant lesquelles je me prépare à m'élancer à nouveau, sont nécessaires pour faire venir à moi une femme. Est-elle seule ? Pas vraiment étant donné qu'elle se permet de repousser efficacement et avec agilité une poignée d'hommes, visiblement tous Otojin. Un coup de pied par-ci, un senbon par-là. Certains se retrouvent hors combat tandis que d'autres sont éliminés sur le champ. Tel un félin après ce large bond empli de grâce, la jeune femme brune atterrit à mes côtés à ma grande surprise. Je suis jusqu'alors resté sur mes gardes mais en observant les nouveaux Otojin au sol et le bandeau ninja de Suna qu'arbore cette kunoichi, je me relâche légèrement.
Je n'ai aucun moyen de savoir si elle a une idée d'à quel village j'appartiens : Konoha ou Suna ; étant donné ma libération de prison récente et la préparation à cette attaque, personne ne s'est soucié de me confier un bandeau de Suna. Ou peut-être ne le voulait-on tout simplement pas, afin de ne pas afficher que le Sable remettait en liberté des criminels pour des attaques de ce genre. Peut-être, encore, que mon bandeau de shinobi me sera rendu une fois de retour à Suna. Ou peut-être Akihiko-dono a menti et me renverra entre quatre murs après la mission accomplie.
Mon attention se reporte sur la Sunajin qui me fait face en même temps que mon corps recouvre son apparence normale. Elle est jeune, très jeune, affichant une bonne dizaine d'années de moins que moi. Bien que je ne puisse distinguer l'intégralité de son visage du fait d'un masque sombre en couvrant la partie inférieure, je l'estime du fait des traits fins de son visage et, principalement, de son regard. Il affiche une certaine expérience - la façon dont elle s'est débarrassé de ces hommes du Son le prouve - mais pas tant que ça non plus. Et puis après tout, il n'y a pas besoin de contempler son visage entier pour constater qu'il sa'git là d'une belle jeune femme. Outre ses yeux et cheveux sombres, elle possède une silhouette fine et svelte que j'imagine parfaitement taillée pour le Taijutsu et la discrétion. Beaucoup plus petite que moi - du haut de mes deux mètres - elle doit être incroyablement légère. Nul doute que je serais capable de la soulever d'un seul bras ; ses déplacements doivent être tout ce qu'il y a de silencieux.
Elle est bien habillée, quoique simplement, et l'on reconnaît bien là une kunoichi en action et en pleine mission. Me concernant, à côté d'elle, rien ne peut faire penser que je suis également un ninja. Un combattant, certes au vu de ma masse musculaire, mais un shinobi ? J'ai gardé les mêmes habits que je portais déjà durant mon incarcération, à savoir une chemise sale et délavée dorénavant bien trop petite pour mon imposante carrure, ainsi qu'un pantalon large troué à de nombreux endroits. De lourdes bottes usées viennent parfaire le portrait tandis qu'à mes poignets placés devant mon corps se tiennent, invariablement, les fers que l'on me mettait à chaque fois que l'on me faisait quitter ma cellule. J'ai gardé l'ensemble de cet attirail en guise de pénitence, afin de ne pas cacher mes crimes à autrui comme à moi-même. Étrangement, pour le moment, cette Sunajin ne semble pas s'en préoccuper. Étant la première personne qui m'adresse la parole depuis ma sortie de prison - exception faite du Haut Conseiller du village -, je ne peux pas dire si c'est une réaction normale ou pas.
Je n'ai cependant pas davantage de temps pour me trouver misérable à ses côtés. Elle m'avertit en effet que mon coup précédent n'est pas passé inaperçu parmi les Otojin, chose que j'aurais remarquée si j'avais pris la peine de développer des dons sensoriels. Si tel avait été le cas, j'aurais trouvé un autre moyen de protéger cette famille de Konoha sans me mettre - et la mettre elle par la suite - dans une situation délicate. Selon celle qui, du fait de son appartenance à Suna, est en fin de compte l'une de mes équipières, nous sommes entourés d'hommes et de femmes du Son ayant assisté à mon massacre de leurs frères, puis à celui orchestré à l'instant par elle-même. Elle se met alors dos à moi et me demande - chose non attendue - de lui en laisser quelques uns. Parmi tous les Sunajin qui auraient pu me tomber dessus à cet instant précis, il a fallut que ce soit l'une des seules à ne pas me combattre pour traîtrise et même prête à se battre à mes côtés contre les nouveaux alliés du Sable.
Sur l'instant, je ne sais dire quelle option aurait été la meilleure. Avec cette femme, je garde l'espoir de rester en vie, de me débarrasser des quelques ninja du Son dans la zone prêts à nous attaquer avant de repartir par la suite au combat contre ceux de Konoha - tant que je ne tombe pas, bien sûr, sur de nouveaux civils en danger. Cependant, avec un autre Sunajin, celui-ci m'aurait accusé de traîtrise et m'aurait demandé de me rendre. Peut-être même aurait-il souhaité m'exécuter sur le champ, deux choix que j'aurais acceptés, refusant de combattre le moindre de mes confrères. Sunajin comme Otojin auraient pu reprendre leur mission et ma bonne action n'aurait entraîné personne avec moi.
Mon dos à moitié nu vient se coller à celui de la kunoichi, quoique la différence de taille importante entre nous deux doit plutôt donner une autre impression. Je ne me mets pas en position de garde, mon corps en lui-même étant son propre bouclier. Gardant un oeil sur les toits, je les vois enfin surgir, hurlant pour certains, totalement silencieux pour les autres.
- Faites-en ce que vous voulez, lui répliqué-je avec une léger sourire qu'elle ne peut voir. Les ennemis se rapprochent, tant par les airs que par le sol. Je ne peux vous empêcher de vous battre, poursuivis-je à l'attention de ma partenaire. J'estime leur nombre à presque une dizaine d'individus. Il est probable que ceux nous ayant aperçus aient intercepté certains de leurs ennemis dans les parages pour se joindre à eux. Mais je vous prie de ne pas mourir à cause de mon acte. Et je m'élance sur ceux de droite, laissant la gauche à la jeune femme. Pour ainsi dire, je disparais littéralement, faisant fi de ma grande vitesse et de mon Taijutsu développé pour atteindre l'adversaire le plus proche en moins d'une seconde. Mon pied renforcé par le Kôton vient s'enfoncer dans le creux de son ventre, me donnant comme la sensation de l'avoir transpercé. Le corps instantanément inanimé de l'Otojin est éjecté en arrière et disparaît après avoir traversé la fenêtre d'une maison proche.
L'un des quatre autres de mes ennemis recule aussitôt et préfère opter pour le combat à distance en lançant à mon encontre trois kunai tandis qu'un second surgit sur ma droite pour me frapper en plein visage. Ces deux assauts sont contrés sans difficultés lorsque j'enveloppe l'intégralité de mon corps par du métal. Mon don héréditaire, rare, est extrêmement utile pour ceux qui, comme moi, privilégient l'affrontement au corps-à-corps. Les trois projectiles atteignent ma poitrine désormais de couleur noir sans aucun effet au même instant où le shinobi se brise phalanges et poignet contre mon visage. Un coup de genou dans le buste suivi d'un coup de talon sur le haut du crâne suffisent à le mettre hors d'état de nuire. J'enchaîne aussitôt avec un jutsu Katon à mi-distance pour me débarrasser de l'autre assaillant, encore surpris par l'inefficacité de ces tentatives et à la découverte de ma particularité.
Les deux derniers dont je me suis administré la charge sont néanmoins plus intelligents et réactifs que les précédents. Le premier d'entre eux m'envoie un kunai unique, mais c'est au dernier moment, alors que je ne comptais pas bouger, que je remarque le parchemin explosif qui y est attaché. Je doute qu'une explosion basique comme celle de cette arme puisse me tuer en l'état actuel des choses, mais il est évident que le feu et la puissance du choc passeraient outre mon corps de fer et me blesseraient. Je me décale sur la gauche le plus vite qu'il m'est permis de faire avec ce cors alourdit par le Kôton puis, alors que l'explosion retentit, je me propulse en direction du toit où se trouvent les deux hommes restants. Je n'avais cependant pas vu que le second n'attendait que cela pour me lancer non pas un mais deux kunai explosifs, profitant de mon incapacité à me mouvoir dans les airs.
C'était sans compter sur mon Ninjutsu, faible mais existant. Il me suffit de créer un seul Kage Bunshin qui, peu avant l'arrivée des armes et parchemins à notre hauteur, me propulse de toutes ses forces encore davantage sur la gauche avec ses puissantes jambes. Afin de l'aider, j'en ai profité pour annuler mon armure de métal. Ces deux explosions retentissent simultanément, annihilant mon clone sur le coup et m'éjectant toujours plus dans la direction opposée, soit vers la jeune Sunajin. Je profite de l'effet de surprise et de ma vitesse en l'air pour fondre sur son dernier adversaire encore debout, surgissant dans son dos tandis qu'elle vient de se débarrasser de l'un de ses compagnons. Un coup d'épaule identique à celui ayant perforé la grande porte de Konoha quelques minutes plus tôt le fait s'écraser contre un mur, inconscient ou mort. Je me redresse rapidement et adresse un bref signe de tête à mon compagnon en désignant les deux derniers Otojin sur le toit au loin.
- Comme demandé, en voilà deux, lui fais-je de ma voix profonde et calme. Les explosions vont en attirer d'autres par ici, il va falloir partir vite. Celle-ci ne se fait pas prier et s'élance vers ses deux dernières cibles. Je pourrais en profiter pour m'éloigner et poursuivre le but principal de ma présence à Konoha aujourd'hui, mais je me dis que, peut-être, cette femme reviendra vers moi ensuite et qu'éventuellement nous pourrions échanger nos points de vue quant à ces événements. Le fait qu'elle m'ait soutenu m'intrigue. Après tout, je ne suis pas pressé de retourner affronter les ninja de la Feuille au sein même de leur village et en période de fête.
Mon intuition ne me trompait jamais. J’avais bien vu qu’il appartenait à notre village. S’il était de Konoha, il aurait aidé cette famille mais l’aurait également escortée jusqu’à un lieu sécurisé auprès d’autres ninja du village de la feuille. S’il avait été Otojin, jamais il n’aurait épargné cette pauvre famille. Il ne pouvait donc être que de Suna. Les menottes à ses poignets m’intriguaient mais je laissais cette information de côté pour plonger à sa rescousse, bien qu’il fût en mesure de se débarrasser de ces assaillants, seul. Mon dos collé contre le sien me donna un faible sentiment de sécurité. La différence de taille me sauta aux yeux et sa carrure athlétique me donna certaines indications quant à sa manière de se battre. Il était fort, usant de force brute sans artifice et renforçait ces habiletés physiques avec une maitrise du Koton hors du commun. Nos capacités pouvaient se compléter, mon agilité et sa force nous permirent de venir à bout de nos ennemis.
Je l’avais observé se battre, bien que concentrée sur mon combat. Il était brute, et blessait sérieusement voire tuait les hommes du Son. Je n’éprouvais aucune rancœur face à la mort de ces créatures qui jubilaient, quelques minutes auparavant, devant le bain de sang d’innocent que du contraire. Je participais à l’élimination en laissant ma colère envers eux prendre le dessus. Mes coups étaient secs, bien placés et ne manquaient aucunes de mes cibles. Je bougeais avec agilité, souplesse et c’était presque gracieusement que j’offrais à ces monstres la douce caresse de la mort. Pourquoi aurais-je épargné ces gens alors qu’ils étaient les premiers à prendre plaisir pour un massacre qui n’avait, pour ma part, pas lieu d’être ? Sortant de mes pensées, je remarquais que mon équipier était un peu mal en point mais se reprit très vite. Sa musculature devait surement l’empêcher d’être grandement blessé, un avantage lorsqu’il y avait une horde d’ennemis à combattre.
La majorité des Otojins gisaient à terre, certains dans une marre de sang, d’autres donnant l’impression qu’ils s’étaient endormi pour l’éternité. Mon compagnon me fit signe qu’il y en avait deux qui filaient par les toits et je m’empressais de les rattraper. Tel un félin, je les poursuivais, traquant des proies. Ils n’étaient pas si rapides et j’arrêtais le plus lent, lui écrasant mon poing sur le visage afin de l’étourdir. Une fois hors d’état de nuire, je bondis sur le dernier et lui brisais le cou dans la roulade. En revenant sur mes pas, j’achevais le travail et rejoins mon coéquipier. Il n’avait pas eu tort, les explosions auraient tôt fait d’attirer à nous d’autres larbins qui voudraient surement venger leurs morts. J’acquiesçais et me dirigeais rapidement vers une rue parallèle, ralentissant pour ne pas m’éloigner de mon compagnon.
Où veux-tu aller ? Je ne veux plus me battre pour une cause qui n’en vaut pas la peine. Cette guerre n’a aucun sens à mon avis. Ce chef du village du Son ne nous a amené que des problèmes.
J’avais décidé d’être honnête avec lui. Il me semblait digne de confiance et s’il ne l’était pas, trompant mon intuition, je pouvais toujours me défendre. Je doutais d’avoir une chance, esquiver les coups serait peut-être simple mais lui en administrer serait une autre paire de manche. Secouant la tête, je me dis que ce genre de pensées n’étaient pas des plus saines pour débuter une relation. Je l’avais prévenu du danger et nous étions actuellement en cavale, avions trahi le plan du Kazekage, ce qui faisait de nous des fugitifs aux yeux du village. Si personne ne l’apprenait, nous avions une chance de ne pas terminer nukenin.
Fortement dissipée ces derniers temps, je reportais mon attention sur mon compère et lui souris à travers mon masque. Je lui intimais de me suivre vers la droite et nous rentrions dans une échoppe vide et saccagée. Je soupirais à la vue de tous ces débris et fermais les yeux. Cette alliance avec Oto était une pure folie. Cet homme serpent ne m’inspirait pas confiance et je doutais qu’il tiendrait ses promesses envers notre chef. Nous n’étions que de la chair à canon, tout juste bon à servir d’appâts pour les desseins malveillants d’un traitre. La rage, la colère s’immisçait en moi tel un poison coulant dans mes veines. Je devais garder le contrôle, sinon j’étais prête à sortir d’ici et à tuer tous les subordonnés de l’homme serpent. Ôtant mon masque, je respirais plus facilement.
Pourquoi as-tu aidé cette famille ? Elle n’était pas de ta nation.
Le ton que j’avais employé n’était pas agressif, calme sans être doux, plutôt neutre. Je ne voulais pas qu’il se sente menacé ben que je sentais ses muscles se tendres à ma question. J’étais curieuse et je n’aimais pas rester sans réponses à mes interrogations. Puis, les menottes à ses poignets me resautèrent aux yeux et je les fixais avant de plonger mes yeux dans les siens.
風 | Suna no Jônin
Buraian Riigaru
Messages : 57 Date d'inscription : 14/12/2015 Localisation actuelle : Abords du désert de Suna, dans le repaire d'Akatsuki.
Fiche Shinobi Rang: A Ryos: 24 Expérience: (142/500)
Ma compagne est prompte à l'action. Aussitôt ma bouche redevenue muette, elle part à la poursuite de mes deux assaillants tel un félin avec sa proie. A ceci près qu'elle a ici deux proies, ce qui ne semble guère l'émouvoir plus que ça. Au contraire, à la vue de tous leurs camarades sans vie - il ne fallait bien sûr en laisser aucun vivant malheureusement -, les deux Otojin ont tôt fait de prendre leurs jambes à leur cou, probablement afin d'informer un quelconque supérieur des agissements de deux combattants du Sable. A mon instar, la féline du désert ne semble pas se réjouir de cette idée et leur court après à pas légers. Malgré la distance qui sépare nos deux duos, il ne lui suffit que de quelques brèves secondes pour aplatir le premier ennemi, me permettant d'assister à cela sans même que j'eusse à bouger malgré les déplacements rapides des trois autres. L'élimination des deux hommes se fait instantanément et, merci, sans douleur. Il est évident que cette jeune femme n'en est pas à son premier affrontement, ni à son premier adversaire tué. Elle a même l'air d'une spécialiste.
C'est presque calmement et naturellement qu'elle revient vers moi, avant de se détourner vers une rue adjacente. J'observe cette fine silhouette, élégante tout autant qu"inquiétante dans sa tenue sombre, s'éloigner avant de la voir se tourner vers moi, comme si elle m'attendait. Ses paroles viennent confirmer ce que ses gestes laissent supposer. Aux premiers abords, elle ne semble pas m'avoir reconnu et les fers à mon poignets ne lui ont pas mis la puce à l'oreille. Il y a dix ans, l'écho de l'incarcération à vie de l'unique héritier Buraian, troisième plus grosse fortune du pays du Vent, s'était répercuté bien au-delà des frontières du désert. Mais peut-être était-elle alors trop jeune, peut-être bien n'y a-t-elle pas pensé un instant ou, peut-être encore, s'en fiche-t-elle éperdument. C'est toujours agréable de ne pas voir un visage détestable posé sur soi, je ne vais donc pas m'en plaindre, loin s'en faut ! Je n'ai, de toute façon, jamais apprécié que les yeux soient portés sur moi, y compris durant mon enfance. Être considéré comme un prince à bichonner ne faisait pas partie de mes rêves à l'époque, pas plus qu'aujourd'hui.
La ténébreuse tigresse de Suna me fait signe de la suivre avant que d'autres ennemis - Konohajin ou Otojin - ne rappliquent, et ce sans manquer d'exposer crûment ses pensées sur tous ces événements. Elle est honnête et ne craint pas ma réaction à ce sujet, bien qu'elle ait clairement deviné mon appartenance à son propre village. Que répondre à cela ? Je partage ces mêmes pensées sombres, que ce soit sur cette attaque inutile et malsaine comme sur ce serpent d'Orochimaru. Qu'est-ce qui peut bien pousser le Yondaime à s'allier à un Nukenin de rang S tristement célèbre pour ses expériences sur les humains, y compris les enfants et bébés ? A-t-il eu vent d'une quelconque alerte concernant les agissements de Konoha ? Visiblement, le vieux et sage Sarutobi Hiruzen est toujours en poste en tant que Hokage, et n'a pas cherché à être remplacé depuis la disparition de son premier successeur, l'inégalable Éclair Jaune. Je vois mal le Sandaime préparer la moindre action belliqueuse, bien au contraire. Orochimaru pourrait avoir dupé le Kazekage. Ou est-ce ce dernier qui utilise le premier afin d'accroître sa puissance et son territoire avant de se retourner contre lui ? Akihiko-dono pourrait bien être le seul à connaître la vérité là-dessus.
- Je ne suis pas non plus un grand fan du serpent, fais-je en rejoignant la jeune femme afin de s'esquiver en sa compagnie. Je ne me bats toutefois pas pour lui, mais pour le Kazekage. Je continuerai donc à affronter tous les shinobi de Konoha que je croiserai. Les shinobi, ai-je dit, et eux-seuls. Femmes, enfants, vieillards et tout type de civils en général n'ont rien à craindre de moi, ni même des hommes du Son si je suis dans les parages. Et si je croise l'un de mes compatriotes imiter ces monstres ? Non, je ne porterais pas la main - ou le pied - sur l'un d'eux. Je reste un homme de Suna et c'est pour Suna que j'ai été libéré. J'aime mon village adoptif aujourd'hui comme au premier jour. Je n'ai qu'à espérer qu'en dix ans d'absence au trou, la mentalité des fiers ninja du Sable n'ait pas tant changé que cela. Et cette kunoichi, en compagnie de laquelle je pénètre dans une boutique d'ores et déjà démolie par les combats mais où nous sommes à l'abri des regards, amis comme ennemis ? Compte-t-elle abandonner définitivement le combat et rester cachée, ici ou ailleurs ? Si cette option se confirme, il faudra que je lui assure la toute confiance qu'elle peut avoir en moi. Je ne pourrais trahir une personne si bonne de cœur.
Je rentre dans le magasin partiellement détruit et complètement vide à la suite de la ninja. Le lieu est sombre, comme mort, ce qui prouve la rapidité d'exécution du plan d'Akihiko ; les combats n'ont débuté qu'une dizaine de minutes auparavant et nous trouvons déjà de tels débris si loin de la grande porte. Au dehors, proche comme loin, des cris, pétarades et toute sorte de bruits d'affrontements tantôt violents et longs, tantôt calmes et expéditifs, me parviennent aux oreilles. Il m'est impossible de savoir si Suna l'emporte, si Konoha se défend bien, si la vieille Ombre du Feu est toujours en vie ... Au fond de moi, je l'espère : le singe, maître du crapaud, du serpent et de la limace, est un grand homme comme nous n'en trouvons certainement plus aujourd'hui. Le genre que j'aurais voulu être moi-même, si l'occasion m'en avait été donnée.
La kunoichi se retourne vers moi - qui suis resté sur le pas de ce qu'il reste de la porte - après avoir ôté son masque qui couvre menton, bouche et nez, révélant ainsi toute la beauté de son jeune visage. Il n'y a désormais plus aucun doute sur son âge de jeune adulte. Après dix longues années passées en compagnie du pire que connaît mon pays, je peux affirmer que cela fait bien longtemps que je n'ai pas vu pareille image. Celle que je soupçonne être au mieux une espionne, au pire une assassin, a tout pour se faire apprécier du genre masculin. Malgré l'absence totale de ressemblance entre elle et Arishia, beaucoup moins grande, athlétique et ténébreuse que cette inconnue, le simple fait de penser à de telles choses me ramène instantanément son doux visage sous les yeux. Plusieurs secondes me sont nécessaires pour la chasser temporairement tandis que celle qui me fait réellement face me demande de but en blanc ce qui m'a poussé à agir de la sorte avec les ninja d'Oto. Quel dommage, un peu plus de douceur et un brin de gaieté dans sa voix, et elle aurait tous les hommes à ses pieds.
- Bien deviné, rétorqué-je aussitôt en baissant tout comme elle les yeux sur les fers entravant mes géantes mains. Je les observe un bref instant avec un intérêt léger, comme si je venais de les voir pour la première fois, puis reporte mon regard bleu-gris dans le sien. Celui-ci est étrangement intense ; elle souhaite une réponse, une vraie. J'exhibe alors plus haut mes bras pour désigner le signe de mes crimes tout comme celui de ma pénitence. Suna m'a emprisonné à vie il y a longtemps mais, après des années, on a souhaité me libérer pour me donner une chance de me racheter et de faire ce qu'il faut pour le village, expliqué-je calmement. Quel genre d'homme serais-je si, dès la première occasion, je laissais de pauvres innocents mourir inutilement sous mes yeux, sans broncher ? Il n'est dit nulle part que les shinobi de telle ou telle nation doivent se contenter d'aider ceux à l'intérieur même de leurs frontières respectives.
Un sourire docile et que l'on a souvent qualifié d'apaisant s'étale sur mon visage - apaisant sûrement car étrange venant d'un homme d'une carrure aussi impressionnante que la mienne. Je ne souhaite nullement lui faire la morale sur ce que doit faire ou pas un ninja, je suis le moins bien placé pour cela à vrai dire. Mais c'est sorti tout seul, c'est ainsi. Que dire de plus ?
- Pourquoi me poser cette question alors que vous ressentez très visiblement le même sentiment que moi à cet égard ? Vous êtes quelqu'un de bien qui ne supporte pas de voir de telles scènes. J'ose croire que je suis pareil que vous ... au moins là-dessus. Ces derniers mots sont prononcés plus bas que les précédents, plus pour moi-même que pour elle. Ayant abaissé les bras, mon regard est de nouveau concentré sur son visage. Mais je ne vous ai pas remerciée, pardonnez-moi, fais-je soudain en constatant mon oubli. Je me nomme Riigaru - est-il utile qu'elle connaisse mon nom ? non - et vous remercie pour votre aide. La légère courbette polie que je lui adresse est tout aussi sincère que mon sourire et mes remerciements. Avec mon langage parfois singulier, il s'agit de la seconde chose prouvant malheureusement que j'ai été élevé dans la noblesse. Même après une décennie sans rencontrer la moindre personne à qui montrer du respect, cette habitude ne m'a pas quitté.
Riigaru & Ohatsu xxx Une invasion propice aux rencontres || FBPeu avant que je ne pose ma question, il m’avait affirmé avoir le même point de vue sur l’homme serpent. La suite de sa phrase me fit sourire. Je me battais exactement pour la même personne, ce chef de village qui m’avait offert un toit, une vie. Je savais que la bataille était inévitable, l’unique moyen de la stopper était de continuer jusqu’à la victoire, et je continuerai à user de mes poings pour le bien de mon village sans, malgré tout, toucher à un seul civil. Les malheureux villageois, hommes, femmes enfants, vieillards avaient été mêlés à cette guerre et je me devais de protéger les innocents, fussent-ils d’un autre village, d’un autre pays. Je me reconcentrais sur les débris et en soulevais quelques uns pour tomber sur quelques bombes fumigènes et deux kunais. J’avais vu juste, c’était bien un magasin d’armement ou du moins ce qu’il en restait. Complètement vide, les présentoirs jonchaient le sol et je me frayais un passage tant bien que mal pour arriver au fond de notre abri de fortune. Attrapant les petites bombes, je les gardais au creux de ma main et rangeais les Kunais dans la pochette accrochée à ma cuisse.
Il avait jeté un regard vers les fers entravant ses poignets avant de faire entendre sa voix. Emprisonné autant d’années, il semblait fatigué mais prêt à tout donné pour son pays. Lorsqu’il en vint à parler du genre d’homme qu’il serait s’il laissait des innocents mourir sous ses yeux, je sentis mon cœur battre plus fort, et un sourire orna mes lèvres. Un vrai shinobi aurait de telles paroles. Donner protection à quiconque ne sait se défendre seul, peut importe d’où il venait. J’avais moi-même ce code qui guidait chacun de mes pas. Je me voulais juste envers tous. Plongeant mes onyx dans ses lacs azur, je me sentais apaisée en sa présence. Le sourire qu’il afficha, serein, appuya mon sentiment de bien-être. J’oubliais presque la bataille dehors avant que plusieurs explosions assourdissantes ne retentissent me ramenant à la dure réalité.
Il n’avait pas tort, loin de là. En effet, je ressentais ce même sentiment. Nous étions pareils. Mon cerveau fonctionnait à toute allure. Pourquoi avait-on emprisonné cet homme possédant un cœur si noble et une âme si pure. Il pouvait avoir commis des crimes mais lesquelles requéraient qu’on enferme un être si gentil ? Il était vrai que j’ignorais tout de cet homme à la carrure imposante mais j’étais certaine que, bien avant d’être séquestré, il était déjà quelqu’un de bien avec un bon fond. Mon maitre m’avait un jour dit qu’une personne ne nait jamais intrinsèquement mauvaise, elle le devient par son environnement ou les obstacles qu’elle rencontre. Lorsque j’avais vu les Otojins, j’avais douté de la véracité de cette phrase mais après réflexion, il devait avoir raison. Ces hommes et femmes avaient eu la malchance de rencontrer un homme avide de pouvoir et possédant de vils desseins. J’en venais à avoir de la peine pour eux qui ne demandaient qu’à avoir une aide pour les aiguiller, leur donner une voie à suivre. J’avais eu de la chance de rencontre Fukashi et je remerciais chaque jour les Dieux de l’avoir mis sur ma route.
Vous n’avez pas tort, le sentiment qui m’anime aujourd’hui est bien similaire au vôtre. Pardonnez le ton que j’ai employé, je ne voulais pas vous mettre mal à l’aise ou que vous pensiez passer un interrogatoire.
Ma nature d’espionne avait repris le dessus lorsque j’avais posé ma question et je regrettais d’avoir employé un ton paraissant si froid. Pendant mes missions, il m’arrivait de devoir interroger des ennemis, déformation professionnelle sans aucun doute. Je repris avec plus de chaleur dans ma voix.
Vous n’avez pas à vous excuser, ni à me remercier. Il est bien normal que j’aide un coéquipier et puis que vous ayez été de Suna ou de Konoha, c’est le fait que vous ayez offert votre aide à des innocents qui a fait la différence. J’ai su voir en vous de l’honneur et de la justice.
Sa légère courbette me fit sourire et je lâchais même un petit rire cristallin. Un son plus mélodieux que les bruits infernaux qui résonnaient dehors. Le cliquetis des chaines à ses poignets me ramena à l’instant présent et sans demander, je lui dis.
Vous êtes quelqu’un de bien Riigaru, ne laissez personne vous dire le contraire. Et ces chaines à vos poignets, j’ignore pourquoi vous les avez mais elles ne veulent rien dire pour moi. Je ne vous connaissais pas avant aujourd’hui et l’homme que j’ai devant moi ne mérite pas d’avoir de tels stigmates de son passé. Nous avons tous fait ou vécu des choses regrettables mais il faut savoir vivre avec et les accepter sans devoir porter leur poids sur les épaules en permanence.
Je n’avais jamais été aussi bavarde, et surtout aussi gentille avec un inconnu. Pourtant, dans le fond, je ne me sentais pas si étrangère en sa présence. Peut-être mes paroles l’avait blessé, et si tel était le cas, je m’excuserai sans attendre. J’étais une solitaire, fuyant les contacts sociaux. Les seules relations que j’avais se constituaient de mes coéquipiers en missions. J’ignorais comment me faire des amis, ni même des connaissances. Mais à cet instant précis, j’avais l’impression que cet homme et moi-même n’étions pas que de simples ninjas en mission. Je ne savais l’expliquer mais je me sentais plus proche de lui que de n’importe qui d’autre. Sans forcément aller plus loin, je me sentais bien.
Le sol et les murs encore debout tremblèrent autour de nous, nous obligeant à quitter notre cachette. Je ne comptais pas rester inactive pour le reste de la bataille mais ce moment de repos me fit le plus grand bien. Je lui fourrais les bombes fumigènes dans la main, elles pouvaient toujours nous servir. Dehors, plusieurs ninjas s’étaient approchés et livraient toutes leurs forces dans un assaut visant les hommes de mains d’Orochimaru. Je rejoignais mes camarades du sable et mettais hors d’état de nuire des combattants du village de la feuille. Je me retournais vers l’homme aux mains liées.
Notre combat n’est pas encore terminé. Puis-je compter sur vous pour assurer mes arrières comme j’assurerai les vôtres ?
Inutile de donner plus d’explications. Je savais qu’il pouvait se défendre seul mais l’union faisait la force et je pensais qu’une équipe s’en sortirait mieux que deux ninjas isolés. Je remis mon masque, dissimulant la moitié de mon visage et pris les deux kunais trouvés dans mes mains, à la manière d’un assassin. Je n’en étais pas une mais certaines de mes techniques s’y apparentaient. Il nous fallait rejoindre les combats qui faisaient rage plus profondément dans l’enceinte du village et ce fut en quelques enjambées que je m’y rendis, jetant régulièrement des coups d’œil derrière moi pour voir si Riigaru me suivait.