Du sommeil. Il m'en fallait tout de suite. Mes yeux étaient brûlants de fatigue et mon corps était lourd. Trop lourd. Je ne pouvais m'empêcher de penser à un lit chaud et agréable. Je pourrais alors m'allonger confortablement, fermer les yeux et quitter pour quelques heures ce monde cruel et hostile. Pourtant je devais continuer à marcher afin de rejoindre mon campement à la frontière d'Oto. J'avais investi une ferme abandonnée par ses habitants depuis bien des années. C'était un bâtiment en bois prenant facilement l'humidité et qui possédait de nombreux courants d'air froid. Mais pour moi, c'était un hôtel de luxe! D'habitude je devais dormir dehors, dans les arbres, faisant attention au moindre bruit, à la moindre odeur suspecte. Ce vieux bâtiment déserté me protégeait au moins des intempéries et je me sentais bien plus en sécurité. De plus, ses anciens propriétaires y avaient laissé quelques meubles et affaires, comme s'ils étaient parti avec précipitation, n'emportant que leurs biens les plus précieux. Ainsi, j'avais un vrai lit. Certes complètement pourri par la moisissure et la vermine, mais un lit quand même. J'avais tellement hâte d'y arriver enfin! Soudain, un bruit de pas rapide troubla mes pensées Je m'apprêtai à sortir un kunai de ma sacoche quand je vis que l'auteur de ses bruits n'était qu'un simple rat noir. Je frissonnai un peu à la vue de l'animal. Je n'aimais pas les rats, je ne saurais dire pourquoi mais quand j'en apercevais un, je n'éprouvais que de la répulsion. C'était bien le seul animal avec qui j'avais du mal. Seulement, cet individu semblait étrangement différent. Il me barrait réellement la route et n'éprouvait aucune crainte en me voyant! Comment? Serais-je si fatiguée que mes sens me joueraient des tours? Ce rat... Venait-il vraiment de m'adresser la parole? Je restais bêtement sur place, la bouche grande ouverte. Le rongeur a la fourrure charbonneuse repartie aussitôt, me laissant seule sur le sentier boueux.

Avais-je rêvé? Peut-être, mais même si cela était le cas, je devais aller sur le pont Kannabi. Je ne pouvais laisser passer une chance comme celle-ci. Ce Kurote devait avoir des informations sur mon clan oublié. Cette nouvelle me donna un petit coup de booste et je commençai à accélérer le pas en direction de ce fameux pont. Mon pas passa au trot, puis du trot je passai à la course. Je ne pouvais plus attendre, je devais rejoindre cet homme le plus vite possible avant qu'il ne s'impatiente. Des branches de la dense végétation me fouettaient le visage, m'entaillant parfois jusqu'au sang. Je n'avais pas le temps de m'en préoccuper. Je me fichais bien d'être présentable ou non.
Je ne sus combien de temps je mis à atteindre le point de rendez-vous. Il me sembla que le trajet fut interminable, mais enfin je pouvais apercevoir le pont Kannabi, témoin de la violence de la guerre. J'espérais que Kurote était encore là, qu'il m'avait attendu. Je ralentis ma course pour me remettre à marcher tout en reprenant mon souffle.

Je posais un pied sur le côté nord du pont de pierre.
En face se trouvait l'homme qui allait pouvoir éclaircir mes questionnements. L'homme en qui j'avais placé tant d'espoirs. Je me débarrassai des feuilles et des brindilles restais coincé entre mes mèches de cheveux et essuyai la sueur qui coulait le long de mes tempes. Mon souffle était à nouveau régulier. Je commençai à avancer sur les ruines du Pont, ne perdant pas de vue Kurote. Ne pouvant attendre davantage, je décidai de prendre la parole.

-J'ai bien reçu le message de ton... Rat. Et comme tu le vois, je suis là. Qu'a tu donc pour moi? J'espère que cela en vaut la peine, je ne voudrais pas perdre mon temps inutilement.

“When the Fox hears the Rabbit scream he comes a-runnin', but not to help.” ►  Thomas Harris

L'homme rat me lança un simple rouleau. Jamais je n'aurais crû qu'un jour un rouleau comme celui-ci aurait autant d'importance à mes yeux. En le voyant traverser les airs, je voyant toutes mes espérances volées vers moi. Je me saisi avec une précaution extrême du parchemin, le tenant avec fermeté pour qu'il ne puisse pas m'échapper. Je l'ouvrit avec précipitation tout en faisant bien attention de ne pas abimer le papier si fragile. Mon cœur s'était mis à battre si fort que j'en avait mal. Mes mains tremblante d'excitation étaient moites et glissantes. Doucement je déroulais les pages, puis commençais à lire. Je dû me calmer un peut pour pouvoir réussir à trouver un sens à ces idéogrammes et à ces phrases. Cela ressemblait à une sorte de rapport, de compte rendu. Il était question d'un sujet numéro 14 d'une expérience. Étrange, en quoi un compte rendu médical pouvait être une réponse à mes nombreuses questions? Je continuai ma lecture, dévorant chaque phrase, les lisant et les relisant comme si ma vie en dépendait. En faite, c'était réellement le cas. Au fil des lignes, je commençai à entrevoir l'intérêt de ce document. Le sujet sur qui on avait fait plusieurs tests possédait des attribut génétique qui, selon ces écrits, le rendait incontrôlable. Avant ces espèces de crises de folie, des marques noires se rependaient sur son corps, puis il subissait un transformation complète ou partielle monstrueuse. En lisant ces mots, je crû que mes yeux hallucinaient. Je relu cette phrase encore et encore. Les faits étaient écris là, noir sur blanc. Quelque part dans ce monde se trouvait au moins une personne comme moi. Mon sentiment de solitude permanent jusqu'alors disparu un instant et l'espoir m'envahit. Il fallait que je le retrouve, que je le rencontre, que je sache qui il ai. Je devais le voir et le connaitre. Malheureusement il n'était point mentionné de lieu sur ce rouleau. Pas la moindre indication. Cela devait donc être un parchemin assez secret et difficile à obtenir. Je plissais les yeux en regardant Kurote qui entre temps avait entamé une cigarette. Je n'avais jamais vraiment compris le concept de ses objets, mais bon...

-Je tiens d'abord à te remercier pour ce rouleau, car il possède ce que j'espérais le plus: une trace de vie de mes semblables. Mais laisse moi te demander une chose. J'aimerais savoir où tu as pu dénicher un tel document. Cela n'a pas dû être facile de l'obtenir, n'est-ce pas?

S'il voulait que notre arrangement tienne, alors il devra me renseigné sur le lieu d'où provenait ce rouleau. Je ne voulais avoir à faire à la force et de toute façon je sais que même sous la torture cet homme de dira pas un mot. C'est en tout cas l'opinion que je me faisais de lui. Il avait d'ailleurs l'air très pressé, je m'en rendais compte maintenant que l'excitation était passé. Il devait avoir encore de nombreuses affaires à régler, mais cela ne me concerné pas, après tout. Alors que ça lui plaise ou non, il répondrait à toutes mes questions. Je le jugeais, attendant une réponse qui je l'espérais répondrait à ma demande. Comme mon adrénaline disparaissait, je sentais à nouveau une fatigue extrême fondre sur moi. Bien sûr je n'en laissais rien paraitre, c'était trop dangereux.

Cet homme il me fascine vraiment. Il sais lire et interpréter mes mouvements à la perfection. Aucun geste ne lui échappe, pas même un mouvement de sourcils. Ma main avait bougé seul, comme animé d'une volonté propre, et avait atteint mon épaule brûlée lorsque l'ami des rats prononça se simple mot: Orochimaru. Une fois encore son nom revenait, comme si depuis toujours il me suivait. Évidemment Kurote avait tout de suite sus ce que mon geste voulait dire. Maintenant il savait pour mes ambition. Alors que je n'étais qu'une enfant perdue dans la Racine de Danzo, mon rêve était déjà de rencontrer le serpent blanc. Une force invisible et irrésistible m'attirais vers lui, encore et encore. Aujourd'hui, j'avais enfin une réelle raison- en dehors de la curiosité- d'aller à se rencontre. Il possédait des informations cruciales sur ceux de mon clan. Peut-être même qu'il savait où je pourrais les trouver. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas ressenti une telle joie; j'allais enfin pouvoir connaitre mes semblable et en même temps l'homme que j'admirais le plus au monde. Je devais vraiment me retenir pour ne pas pleurer de joie. Mais alors que mon euphorie soudaine était à son comble, l'humain se remit à parler. Je m'en doutais. Ils me faisaient tous ce conseille insensé. "Ne rejoins pas Orochimaru, tu pourrait mourir là-bas, blablabla". Sans blague, bien sûr que j'étais au courant. Mais ne risquais-je pas de mourir aussi bien dans un de ses repaires que dans cette forêt par exemple? Depuis mon départ de Konoha, je suis devenu une criminelle, une déserteuse. Je peux donc me faire exécuter n'importe où par n'importe qui. Et puis que serai la vie sans prise de risque. Je m'étais d'ailleurs accrochée à elle pour justement pouvoir un jour servir cet être hors du commun, pour l'aider dans ses recherches, pour être à ses côtés. De toute façon, il était aussi le seul à pouvoir m'offrir des informations potables et précises sur mon clan. C'était décidé, j'allais rejoindre Orochimaru, coûte que coûte. Si ce Kurote avait un jour besoin de mes services je les lui rendrais bien évidemment. Mais comme il le redoute, il devra alors sûrement me trouver chez mon futur maitre, que cela lui plaise ou non. Lors du scellement de notre pacte, il n'avait de toute façon pas était précisé si nous devions être facilement accessible.

L'homme reparti avec son immonde rat, me tournant le dos et m'adressant un dernier signe de main en guise d'au revoir. C'était décidément un humain bien occupé.

-Bon vent à toi, soufflais-je.

Je restais un moment sur le bord du pont Kannabi, le regardant disparaitre à l'horizon en compagnie du rongeur. Il ne semblait rien redouter, comme si il était maitre de toute les situations. Quelque part je l'admirais, lui qui ne craignait pas les démons et qui se moquait des dieux. S'agissait il de bêtise ou de courage? Seul le temps pourra le dire. Finalement je fit moi aussi demi-tour, m’enfonçant à nouveau dans la forêt dense, le rouleau bien serré entre mes doigts, collé contre ma poitrine. J'étais heureuse. J'avais cru que ce sentiment m'avait quitté à jamais et voila que je souri bêtement toute seule, entre les arbres. Quelle idiote! Je devais rejoindre mon abris, regrouper mes affaires et partir. J'allais enfin entrer dans le territoire du Pays du Son, domaine du serpent immortel. J'affronterai tout les obstacles qui s'immisceront entre moi et mon objectif. Une fois que je l'aurais atteint, alors ma vie pourra réellement commencer.

“When the Fox hears the Rabbit scream he comes a-runnin', but not to help.” ► Thomas Harris