Ordre de Mission:

NOUS LUTTERONS JUSQU’À LA VICTOIRE ! NOUS LUTTERONS JUSQU’À LA VICTOIRE !

Ayant immédiatement reçu l'ordre d'endiguer la colère des manifestants afin de les renvoyer à la mine, Izumo remercia son commanditaire avant de s'éclipser à l’extérieur en direction du piquet de grève. Se trouvant rapidement face à l'épaisse foule d'hommes salis de poussière, le jeune homme de nature pacifiste se sentit vite mal à l'aise au travers de leur regard colérique. Il se posta alors sur le toit du plus bas sommet se trouvant face aux mineurs, étant ainsi à un niveau suffisamment élevé pour s'adresser à l'ensemble du public tout en pouvant écouter calmement ses plaintes. Cette maigre subtilité ne parvint évidemment pas à amoindrir l'animosité générale. Izumo ne pouvait s'empêcher de plonger son regard dans celui de ses émetteurs, emplis de haine et de tristesse, comme si chacun d'eux se sentait simplement au bout du rouleau. L'empathie du jeune homme le poussa à partager une part de cette intense et incontrôlable sensation.

Messieurs, écoutez moi je vous prie.

A l'écoute des premiers mots du ninja, les manifestants poussèrent une gueulante par dessus...probablement dans le but de lui montrer qu'ils n'avaient pas fait tout le chemin jusque là pour qu'on leur blablate un discours apaisant mais sans résultat. Izumo, commençant à se sentir mal à l'aise face à tous ces sons de voix fusant à ses oreilles, commença à jouer avec la chevalière d'argent autour de son annulaire pour s'occuper l'esprit. Cherchant une relaxation lointaine, trop lointaine pour l'atteindre, la panique prit le dessus durant quelques secondes suffisant à faire violemment hausser le ton au Chuunin, de nature pourtant très modérée au quotidien.

Messieurs! Écoutez moi! … Vous êtes venus vous faire entendre, mais à quoi bon si en retour vous n'écoutez pas les réponses que vous attendez? Vous êtes en colère, et le désespoir vous guette je l'ai bien compris. Je suis persuadé que vous avez les meilleures raisons du monde de vous trouvez ici aujourd'hui, sous cette pluie incoercible, mais s'il vous plaît, tentez de vous contenir l'espace d'une discussion. Si ensemble nous n'arrivons pas à vous entendre, je vous permettrai de vous faire entendre de la manière dont il vous conviendra. Maintenant...puis-je m'entretenir avec votre porte parole s'il vous plaît?

S'étant imposé vocalement pour entamer le discours, Izumo sut se faire écouter de son auditoire. Les prémices de la négociation furent installés avec succès. Cependant, il semblerait qu'aucun porte parole officiel n'ait été désigné avant le départ du mouvement de grévistes. Cela montrait que l'intention première des mineurs n'était pas spécialement axée sur la diplomatie. Izumo n'en était pas plus confiant. Par chance, le groupe était doté d'une sorte de prédicateur, d'une source. Probablement était il le départ de feu de ce mouvement aux buts nobles mais aux intentions maladroites. L'homme s'avança alors de quelques pas devant la foule, se mettant entre elle et le ninja. Sa dégaine et son faciès ne montraient que détermination, contrairement au reste de son groupe.  

Vous voulez discuter dans le calme et la diplomatie? Alors descendez de votre perchoir et mettez vous à notre humble niveau, les pieds dans la boue!  

Semblant pris au piège, Izumo réfléchit quelques secondes. Se confronter à une attaque de masse ne serait pas plus bénéfique pour lui que pour les mineurs. Il fallait rassurer le groupe tout en évitant l'émeute. S'il descendait, alors tout se jouerait sur le choix des mots du Shinobi. Respirant un grand coup, il s’exécuta finalement et atterrit face à l’intrépide porte parole. Poursuivant son élocution d'une voix calme, sans pour autant être faible, Izumo entama les négociations.

Je vous en prie, expliquez moi les raisons qui vous ont poussés à venir exprimer aujourd'hui votre mécontentement. Je suis sur que si le village d'Iwa a été maladroit avec les considérations des extracteurs de ses précieux minerais d'argent, ce n'était pas de manière intentionnelle. Laissez moi défendre mon peuple avant de chercher à vous comprendre : Notre chef, le Sandaime Tsuchikage, est comme qui dirait...de la vieille école, en plus d'être dur d'oreille. Mais même s'il représente notre village, il ne le constitue pas. Le peuple d'Iwa est capable de faire preuve d'écoute, de savoir vivre et de compassion croyez moi. Je suis persuadé qu'après notre conversation, nous trouverons tous deux un terrain d'entente sur lequel se poser.

L'homme, aux vêtements recouverts de crasse, se sentait manipuler par son interlocuteur, à l'imperméable translucide protégeant ses vêtements aux apparences luxueuses. Ce dernier le remarqua bien lorsqu'il fut dévisagé puis étudié du regard des pieds à la tête avec mépris. Le ton que pris l'homme ne fit ainsi que refléter l'expression de son visage.

Vous pensez que je ne vous vois pas venir, avec votre accent et votre attirail de bourgeois? Vous me dégoûtez tous autant que vous êtes. Les Shinobis sont censés protéger le village d'Iwa et les habitants du Pays de la Terre, mais vous ne faites que siphonner ses richesses afin de vous nourrir de sang et de conquête. Vous êtes la pire chose que ce monde ait pu engendrer. Nous, on bosse jusqu'à épuisement tous les jours en extirpant des entrailles du sol un minerai que vous nous payez à prix dérisoire pour le revendre comme matériau de luxe aux pays voisins. Avec cet argent, vous ne faites qu'importer de la ferraille bon marché pour construire vous armer en grande quantité et à moindre frais. Votre égoïsme n'a que trop durer! Nous exigeons des conditions de travail plus décentes. Autrement dit, des salaires plus épais et des financements plus importants. Avec notre matériel d'ancien temps, non seulement on est obligé de passer plus de temps dans les mines, mais en plus nous risquons chaque jour notre vie! Chaque année nous subissons plus de cinq pertes dans les sous sols, et c'est inadmissible!

Attentif à chaque mot colérique du porte parole, Izumo finit par réellement réaliser que les raisons de cette colère étaient bel et bien fondées. Attristé d'apprendre les conditions de travail des mineurs ainsi que leur point de vue dégradant (ou plutôt dégradé) de leur propre métier, le Chuunin décida de soutenir simplement le mouvement. La question était: Comment?

Ne vous méprenez pas mon ami. Mon orgueil me pousse peut être à me vêtir d'une certaine qualité, mais mon amour et mon respect pour l'humanité dépasse largement celui de mon goût vestimentaire. Je ne suis pas un bourgeois, je suis un Shinobi. Un homme qui a fait serment de protéger son peuple au prix de sa vie, pas de dominer les peuples au nom de la vanité. En tant que Shinobi, le bien être de mes proches, de leurs proches et de tous les gens qui les entourent...passe avant le mien. C'est pourquoi j'irai faire entendre vos suppliques aux hauts fonctionnaires du village afin de défendre la qualité de votre travail, qu'elle soit récompensée à sa juste valeur. Quant au financement de votre matériel, j'en appellerai personnellement aux habitants et autres ninjas du village afin de récolter les dons nécessaires à leur achat. Vous n'avez maintenant plus qu'à me donner les chiffres qui vous semble les plus raisonnables.

Lentement, le visage de l'homme en colère ainsi que de ses camarades de première ligne adoptèrent les traits du Chuunin, des marques de calme et d'apaisement. Bien sur, la négociation se jouait sur un échange de confiance, mais si l'entreprise d'Izumo ne portait pas ses fruits, les mineurs n'hésiteraient pas à rétablir un piquet, dénué de diplomatie cette fois. Aucun d'eux ne voulait ça, les dirigeants du village ni ses habitants ne le voulaient non plus à n'en pas douter. La négociation se termina ainsi par une entente en terme de prix ainsi qu'une entente en terme de travail. Après tout, maintenant que le problème des mineurs était réglé, il n'avait plus de raison de se trouver hors de leur lieu de travail. Le groupe abaissa alors les pancartes afin de s'en servir d'abris et tourna les talons calmement en direction des portes du village. Quant à Izumo, fier de lui, des capacités de négociateurs qu'il s'est découvert mais surtout, fier de son combat psychologique contre la peur des foules, n'eut plus qu'à remonter les murailles de la tour du Tsuchikage afin d'établir son rapport. Les grévistes pour l'heure étaient convaincus, mais le plus dur était à venir.