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Kaeru Mendansuru 蛙面談する Rencontre avec Jiraiya [EN COURS]
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Suishi Tarou
水 | Kiri no Genin
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Suishi Tarou
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Kaeru Mendansuru 蛙面談する Rencontre avec Jiraiya [EN COURS] NJ7MbV04/100Kaeru Mendansuru 蛙面談する Rencontre avec Jiraiya [EN COURS] Up4Qf5Y  (4/100)

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Kaeru Mendansuru

Dans ce monde de brutes épaisses, où l'individu constitue pour ses dirigeants de la chair à canon, nous sommes peu nombreux à avoir à la fois conscience de notre piteuse condition et une force suffisante pour échapper au châtiment infligé aux rebelles. J'ai moi-même quelques difficultés à conserver ce bien précieux qu'est la liberté. Partout où je vais, dans ces villages qui me méprisent comme la pire des créatures, ces pseudo-havres de paix dans lesquels je devrais, selon leurs gouvernants, entrevoir une possibilité d'existence merveilleuse à laquelle j'aurais tourné le dos, dans ces lieux, enfin, où je viens toujours dans l'angoisse d'être arrêté et exécuté sans droit d'habeas corpus, je ne vois que des êtres miséreux, remplis d'amertume, qui au lieu de se soulever pour retrouver l'état originel des choses se tapissent dans la caverne humide et froide de l'ignorance où ils tournent en rond sans jamais avoir l'idée de jeter un œil dehors. Suis-je réellement un rebelle ? Suis-je un déserteur ? Ce mot est trop agressif pour définir ma fuite de Kiri et mon départ d'Iwa et, pour être tout à fait honnête et franc, je crois que ce sont plutôt les tyrans comme Yagura, les rebelles. Ils vont à revers de la nature humaine et de l'ordre naturel du monde. Leurs méfaits ne sont en rien excusables au nom de l'humanité et du bon sens ; pour ma part, je n'ai fait de tort qu'à leur propre loi.
« Quel est le rapport avec une grenouille ? » me direz-vous. En effet, il n'y en a aucun, ni de près, ni de loin. Cela n'a de rapport qu'avec moi pour le moment car lorsque démarra ce chapitre de ma vie, j'étais bien seul. Terriblement seul. Je n'avais pas déserté les villages mais j'avais déserté mes convictions. Mes actes au cours des dernières semaines, des derniers mois voire années en vérité — à mes yeux, cela représente une éternité — n'avaient été rien qu'une accumulation de regrettables erreurs. Depuis mon départ d'Iwa, j'avais laissé mes accès de nerf me guider et, désormais, j'étais un fugitif. Traqué en permanence par les autorités, attaqué deux fois par semaine par des assassins, j'avais répandu dans mon sillon le sang de dizaines, de centaines de shinobis aussi idiots qu'innocents. Il ne semblait y avoir aucune limite à mes méfaits, certainement pas celle que fournit chez l'homme sage la conscience de la valeur d'autrui, et personne ne m'apportait l'aide extérieure dont j'avais besoin. Après tout, j'étais encore un gamin. À vingt-deux ans seulement, de la maturité je n'avais que l'âge légal. Pour le reste, j'étais tout bonnement un adolescent perturbé comme un autre. La différence est que mes perturbations avaient causé la mort de plus d'un tiers et je me croyais le seul à avoir connu un périple aussi chaotique. J'étais au centre d'une tragédie et le sort s'acharnait sur moi, un point c'est tout.
Quoi qu'il en soit, par un jour d'automne, ma fuite perpétuelle m'avait amené à Kawa no Kuni, un pays paisible, hors du jeu des grandes nations, qui n'avait pas plus d'intérêt pour moi que je n'en avais pour lui. J'aimais les nations mineures car elles étaient remplies de nuke-nins qui, comme moi, cherchaient à se cacher de leurs chasseurs. On s'y fondait dans la masse avec une aisance toute particulière, ce qui était impossible, que dis-je ? Inimaginable sur le territoire des grandes puissances. Ici, il n'y avait pas de Bingo Book, pas de traqueur... Que de potentiels rebelles à qui personne ne venait chercher des noises et, principalement, une quantité considérable de gens dévoués à eux-mêmes, à leur labeur et à leur famille. Non, je n'avais rien à craindre là-bas. Je ne pouvais craindre de croiser personne de dangereux pour mon existence. Aussi, je n'hésitai pas à me rendre à Tanigakure no Sato où personne n'aurait pu me reconnaître ni même me connaître. J'avais grand soif. Le visage masqué par la capuche de mon manteau, je me rendis dans une taverne où se réunissaient toutes les autres figures encapuchonnées du pays. Il y avait du monde malgré l'aspect pouilleux des lieux, j'avais choisi le meilleur endroit possible. Seules deux personnes affichaient clairement leur identité : un barman sans âge et une serveuse d'une rare laideur. Une table était libre près du fond. Je m'assis sur la banquette rongée aux mites, originellement vert sapin sans doute mais à présent délavée — à moins que ce ne fût la poussière qui lui donnait cette teinte grisâtre...
« Que puis-je pour vous, M'sieur ? fit la voix franche et toute éraillée de la serveuse immonde.
Je vais prendre deux bouteilles de Saké et un grand verre pour le boire, répondis-je en retirant ma capuche.
On n'a que des grands verres de toute façon. »
Elle m'adressa un sourire à demi-édenté. Je devinai qu'il s'agissait de sa meilleure tactique de séduction mais ne m'en offusquai pas. Je lui accordai un sourire en songeant que ce serait certainement son plus grand succès dans l'année, sinon le seul, et attendis patiemment qu'elle m'apporte ma commande.
« Deux bouteilles, c'est beaucoup pour un beau jeune homme comme vous ! » reprit-elle. Je regrettais déjà de lui avoir accordé mon sourire. Apparemment, elle n'avait pas besoin d'être encouragée. « Hideuse et pas farouche avec ça », pensai-je.
« J'ai une bonne descente et j'ai beaucoup voyagé, répondis-je avec le plus de chaleur possible. J'ai besoin de me retrouver en tête à tête avec Dame Ébriété après tout ce temps loin d'elle. »
La guenon se mit à hurler un rire gras qui ressemblait plutôt au cri d'une vache en train de vêler. Je voulus rire mais ma bouche fit la grimace et je ne pus produire aucun son. Pourquoi avais-je plaisanté ? Qu'est-ce qui m'avait pris d'être sympathique ? La jeune femme s'assit face à moi, appuya ses coudes sur la table recouverte de moisissures et de brûlures de cigarettes et me dit :
« Qu'est-ce qui amène un type comme vous dans ce tripot ? Un bel homme dans votre style, ça va dans les endroits distingués et bien fréquentés, pas ce repère de gangsters. »
Elle se rapprocha jusqu'au milieu de la table, sa poitrine protubérante et asymétrique écrasée sur le bois collant de bière, et m'offrit un large sourire. Je comptai une dent de plomb pour chaque dent d'émail.
« Je voyage beaucoup, répétai-je en cherchant mes mots. J'arrive de Kiri et... »
Je ne trouvais pas quoi dire, les yeux rivés sur cette dentition scandaleuse. Je mourais d'envie de couper court à la conversation, de quitter les lieux, sans un mot, et de tout oublier.
« Et... ? » minauda-t-elle dans une sorte de gargarisme. Par chance, on l'appela non loin de là. « Je reviens », souffla-t-elle. Elle tenta un clin d'œil mais ses deux yeux clignèrent. Une fois qu'elle m'eût tourné le dos, je me précipitai à l'extérieur de l'édifice.
« Quelle horrible, horrible bonne-femme. » Il valait mieux aller dans un endroit plus populaire. Plus dangereux, mais propre et hygiénique. Je trouvai, dans un coin plus paisible de la ville, un bar lumineux d'où provenaient des éclats de rire fort engageants. J'y entrai et m'installai sur un sofa bien plus confortable et mieux entretenu que la banquette du bar précédent, recouvert de coussins et de draperies aux couleurs chaudes. Les rires que j'avais entendus provenaient d'une autre table où un type aux cheveux blanc d'un certain âge était assis, accompagné de deux jeunes filles. Je souris en pensant que je serais beaucoup plus à l'aise dans cette société. Je retirai mon manteau, quitte à montrer mon visage qui, de toute manière, ne parlerait à personne ici. Sur l'une des manches se baladait une vilaine araignée, souvenir sans doute de ma précédente étape. Je la saisis et la posai par terre pour qu'elle se réfugie sous le canapé — je n'aimais pas tuer les insectes. Je me fis de nouveau servir deux bouteilles de saké et me servis enfin le verre que j'avais tant attendu.

Von Tarou


Dernière édition par Ai Tarou le Sam 12 Déc - 19:08, édité 8 fois
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Le Pays des Rivières, petite nation du sud du continent, située entre les Pays du Vent et du Feu. Je ne compte plus le nombre de visites que j'y ai faites au fil des ans. Ce pays est, avant tout, l'un des plus peuplés par les Nukenin sur le continent. Etant donné qu'il s'agit de la nation la plus éloignée géographiquement des Pays de la Foudre, de la Terre et de l'Eau, qui ont toujours été les plus féroces concernant les déserteurs, nombre de ces derniers viennent s'y poser temporairement, plus que dans bien d'autres pays. De ce fait, il n'a pas été rare pour moi, lors de mon ancienne vie en tant que Chûnin puis Jônin de la Feuille, d'y être envoyé en mission, Bingo Book en main, afin d'y capturer de quelconques traîtres à leurs villages et autres criminels. A vrai dire, je ne peux même pas donner le nombre exact de Nukenin que mes équipiers et moi avons appréhendés sur ces terres afin qu'ils fassent face à la justice. Mais cela remonte à loin maintenant, très loin. Par la suite, durant les nombreuses années qui suivirent la libération de Kyûbi sur Konoha et la mort de Minato, je m'y étais encore rendu à moult reprises. Ma mission en ces lieux avait en revanche considérablement changé : si cela consistait toujours en de la recherche, le sujet de celle-ci était passé des criminels ... aux femmes. Mes livres avaient besoin d'inspiration. Il est vrai qu'il m'arrivait par moment de m'accrocher avec quelques Nukenin par-ci par-là. Il y avait d'un côté ceux que je n'arrivais pas à regarder sans vouloir les corriger, ceux de la pire espèce. Je n'étais peut-être plus le shinobi que j'avais été, mais je restais on ne peut plus un homme bon avec un cœur qui pouvait tout autant être dégoûté par certains êtres humains qu'un autre. De l'autre côté, il y avait ces imbéciles qui osaient s'en prendre à plus grand qu'eux sans même connaître mon identité. Pour ces derniers, il ne me fallait que guère de temps afin mettre un terme à leurs idioties. Cependant, ce jour-ci, j'étais au sein de ce pays pour deux travaux : enquêter sur une organisation criminelle pour le compte de Konoha et découvrir encore davantage de jolies demoiselles pour mon prochain tome de "Techniques du Batifolage". Jamais je n'aurais pensé trouver en ce lieu plus que ce que je recherchais.

Cela m'avait pris un temps fou, pour commencer, de pénétrer au sein même du village caché de Tani. Si ce village ninja n'avait jamais été l'un des plus reconnus des petites nations, contrairement au village de Taki, il n'était plus que l'ombre de lui-même. Il n'y avait pas plus de shinobi qu'il n'y avait de leader en ces lieux, mais uniquement une partie de la bassesse de l'humanité. Le genre d'endroit que je trouve donc autant déplaisant qu'intéressant, en somme, mais y pénétrer pour un homme comme moi, qui n'ai rien d'un criminel et qui suis imposant, n'était pas des plus aisés. Il m'avait fallu tromper deux ou trois gaillards, avec, notamment, la technique de Henge après avoir été poursuivi, pour être finalement en paix. Après tout, je ne venais pas en ce village pour me battre ni même pour interroger qui que ce soit au sujet d'Akatsuki. Je revenais justement d'une enquête infructueuse dans les alentours. L'un de mes crapauds informateurs m'avait appris qu'un ou plusieurs hommes en tenue noire ornée de nuages rouges avaient été aperçus à quelques kilomètres au sud-ouest d'ici, mais j'étais revenu bredouille. Le fait que ma muse et la Hokage, Tsunade, m'avait confié une mission au Pays du Vent avec un Chûnin avant que je ne puisse partir en était peut-être la raison. Mais je ne pouvais en être sûr, il pouvait tout aussi bien s'agir d'une fausse piste. Il m'était donc impossible d'en vouloir à la Princesse des Limaces. De toute façon, je n'ai jamais pu lui en vouloir pour quoi que ce soit, y compris le jour ou ses poings ont bien failli causer ma mort.

Quoi qu'il en soit, trouver un lieu réchauffant, accueillant, avec alcool à foison et femmes autour n'était pas des plus simples non plus. Vous me direz probablement qu'il ne s'agit pas là d'une histoire à partager avec la nouvelle génération, mais je répondrais "foutaises". Le début n'est peut-être pas bien glorieux, mais si l'on se privait tous de ces plaisirs indignes, alors le monde passerait à côté de nombreuses bonnes choses car, après tout, si je n'avais pas été me soûler en bonne compagnie dans un boui-boui de Tani, je n'aurais jamais fait la rencontre qui va suivre. Comme je le disais donc, trouver le bon endroit pour me poser n'était pas une partie de plaisir avec tous ces taudis et ces pubs qui poussaient tels des champignons dans ce village. J'avais pénétré dans une demi-douzaine d'établissements avant de finalement trouver celui où j'allais passer le reste de la soirée. L'ambiance y était moins sombre, la compagnie plus féminine et, cerise sur le gâteau, je pouvais avoir ma propre banquette adossée à un mur bien plus coloré que celui du bar précédant. Je m'y installai et commandai à boire rapidement avant de finalement observer les deux jeunes femmes assises sur la banquette voisine de gauche. Celles-ci devaient avoir la moitié de mon âge seulement, mais cela ne m'empêcha pas de les couper dans leur conversation en leur offrant de me rejoindre et de boire avec moi.

- Pas de problème si c'est toi qui payes, Ojiisan ! me fit l'une des deux déjà légèrement éméchée. Ceci lui donnait par ailleurs l'air quelque peu aguicheuse, mais peut-être l'était-elle déjà d'ordinaire, ou peut-être était-ce mon souhait qu'elle le soit en ce moment précis. Je fus donc très vite rejoint par les deux amies et, tandis que le sake venait d'arriver à ma table, j'engageai une première conversation avec ces dames, puis une seconde, une troisième ... En l'espace d'une heure seulement, mon visage avait viré au cramoisi tandis que mes compagnes me racontait une autre de leurs histoires de cœur de jeunes adultes. Ayant pour ma part perdu toute sobriété et étant entouré de deux demoiselles qui ne faisaient que s'embellir verre après verre, gorgée après gorgée, mon rire - tout aussi légendaire que mes exploits - tonitruait à travers la pièce. Le fait est que je n'étais pas le seule dans ma condition et même les deux jeunes femmes se mettaient à rire théâtralement au moindre de mes mots. Et enfin, je le vis.

Un jeune homme, possiblement plus jeune encore que celles qui m'entouraient, était entré à l'instant, seul. Tandis que je riais de nouveau à une blague de la brune à forte poitrine à ma droite, je l'observai du coin de l’œil s'asseoir sur un sofa qui semblait plus que confortable. J'étais, certes, totalement alcoolisé, mais ma mémoire n'en demeurait pas moins infaillible, comme tout shinobi qui se respecte. Ce visage, que je voyais à présent de profil, je l'avais déjà vu et pas n'importe où : dans un Bingo Book. Il apparaissait dans le Bingo Book de chaque ninja de la Feuille, une faible prime étant mise sur sa tête, mais ce qui m'avait marqué le plus lorsque j'avais vu son visage pour la première et seule fois jusqu'à ce jour était ce qui était inscrit dans les informations le concernant : "Nukenin de Kiri et d'Iwa". Ceci m'avait interloqué sur le coup : comment un shinobi ayant déserté le village de Kiri avait-il pu rejoindre un autre grand village tel qu'Iwa ? Et, surtout, pourquoi ? L'esprit quelque peu embrouillé par la quantité de sake ingurgité en si peu de temps, mais les idées parfaitement claires, je me dis qu'il était temps d'avoir une réponse. Ce gamin, dont je ne me rappelais pas du nom, semblait rechercher la tranquillité en ce bar, je souhaitais constater s'il la méritait en dehors également.

- Excusez-moi, mesdemoiselles, lançai-je à celles qui me tenaient joyeusement compagnie depuis mon arrivée. Le devoir m'appelle. Je me levai alors d'un pas chancelant, emportant avec moi l'une des nombreuses bouteilles posées sur ma table ainsi que mon verre, passai devant l'une des deux jeunes filles à laquelle j'écrasai le pied et me dirigeai vers la chaise qui faisait face au sofa du Nukenin. Posant alors mes deux biens sur la table devant son nez, je m'assis tranquillement et le fixai, les joues rosées. Alors ça, c'est intéressant ! lui fis-je en ignorant les protestations suraiguës à ma propre table. Qu'est-ce qui peut bien amener un gamin comme toi en ce lieu, dis-moi ? Le Nukenin que je savais originaire du village de la Brume ne se distinguait pas des autres hommes qui se trouvaient en ce lieu. Il n'était pas vêtu de façon extravagante, avait un regard plutôt froid, sombre et digne d'un Uchiha, ainsi qu'une carrure carrée. Le tout, pourtant, semblait m'attirer, bien plus que ce n'était le cas avec le jeune Sasuke. Quant à sa puissance physique, elle ne devait pas être à sous-estimer. Je me demandais ce qu'il allait penser de moi, vieil homme habillé de couleurs vives et, on peut le dire, bien bourré. Quoi qu'il en soit, je ne cherchais pas l'affrontement, et mieux valait que l'on ne s'affronte en un tel lieu. Dans mon état, qui sait ce que je pouvais faire ?




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Kaeru Mendansuru

Que me veut-il, ce vieux bonhomme ? pensai-je avec suspicion. Les gens m'abordaient souvent, avec toutes sortes d'excuses, mais toujours pour la même raison : j'avais un charisme très particulier. Évidemment, cela tenait à mon Kekkei Genkai. Même laid, un membre de mon clan attirait inévitablement ses semblables, y compris les plus séduisants ; pour ma part, j'avais en plus la chance d'être beau et bien bâti. Toutefois, ce quinquagénaire lubrique à la langue bien pendue et à la descente époustouflante semblait, à ne pas s'y méprendre, être un talentueux Shinobi. En vérité, son visage me disait vaguement quelque chose, mais il m'était difficile de me rappeler où j'avais bien pu le croiser.
Il ne s'agissait pas d'un souvenir physique — j'entends par là que ce souvenir n'était pas celui d'une rencontre. J'avais dû voir son image quelque part. Un Nukenin, peut-être, qui aurait eu son affiche collée à la va-vite sur un mur indiquant ses crimes et la rançon offerte ? Non, certainement pas. Il était beaucoup trop... comment dire ? Décontracté ? Non car, après tout, je l'étais aussi... Sain ? Oui, sain... Ou plutôt, il dégageait quelque chose de fiable et de sérieux, un mélange de bonté et de droiture. Aucun bandeau sur lui n'indiquait son allégeance ; il me donnait l'impression d'être indépendant sans pour autant être recherché par les autorités officielles. Peut-être alors l'avais-je vu en photo dans un livre lors d'une mission au service de l'un de mes employeurs ? Les ninjas de son âge ne couraient pas les rues, on les comptait sur les doigts de la main. En tout cas, il n'était ni de Kiri, ni d'Iwa car je l'aurais sans aucun doute reconnu sur-le-champ.
Je tardais trop à répondre. Il se passait tant de choses dans ma tête en plus de la question de son identité : pourquoi me parlait-il ? Me connaissait-il ? Était-il mon ennemi ? Dans l'absolu, en tant que Nukenin, tout le monde était mon ennemi. Certains désiraient simplement me torturer, d'autres voulaient me tuer ; certains voulaient aussi que je devienne leur rival mais la rivalité ne m'allait pas. Ces histoires de « je te déteste mais je t'admire de loin » me glissaient dessus comme un bouledogue sur une plaque de verglas. Quoi qu'il en soit, à son âge, cet homme ne cherchait certainement pas un rival ni, même si je préférais ne pas l'affirmer, à déclencher une bagarre. De toute manière, en règle générale, si je pouvais éviter un conflit, je le faisais, en toute circonstance, car j'étais assez pacifiste. J'étais un passionné de la paix, l'amour de la vie me guidait. Pourquoi se battre à longueur de temps lorsque l'on pouvait apprécier un verre de saké en joyeuse compagnie ? J'allais jouer le jeu avec cet homme dont la compagnie était sans aucun doute joyeuse et, quand bien même se montrerait-il menaçant, j'essaierais, pour une fois, au lieu de m'enfuir dans une tempête de coups et de sang, de le dissuader de me pourrir l'existence et de me sauver d'une énième embûche.
« Je me balade un peu à travers le pays », répondis-je simplement. J'observai son visage entouré d'une épaisse crinière d'albâtre. Un nez en trompette marqué d'une vilaine verrue ; des yeux noirs, un regard assuré et aimable sous ses paupières alourdies par l'alcool ; une large bouche aux lèvres fines souvent étirées, d'après les rides à leur commissure, en un sourire mi-gai, mi-satisfait ; son front, enfin, était recouvert d'un bandeau frontal portant la mention « abura » — huile. Huile ? « Quel choix étrange que de se promener avec le mot huile écrit sur le front », commentai-je. Quel genre de Shinobi... ? Qui pouvait... ? Rien à faire, je ne voyais pas quelle catégorie de personnes pouvait avoir un quelconque rapport privilégié avec l'huile. « Si je devais écrire un mot sur mon front, je voudrais que ce soit utile, comme... » Je me passai la main sur la barbe, les yeux au ciel, tandis que je cherchais quel mot me conviendrait le mieux.
« Ah ! fis-je bientôt en claquant des doigts. Saké ! Ce serait beaucoup plus pratique, pour passer commande par exemple. J'entrerais dans un bar et on saurait immédiatement ce que je veux. Car oui, pardon, c'est ça que je suis venu faire ici : boire du saké. J'adore le saké. » Après cette réplique, je m'éclaircis la voix et tandis que je nous servais à chacun une coupelle du breuvage, pour ne pas laisser l'occasion à mon interlocuteur sans nom de me couper la parole, je repris d'une voix et d'un ton plus graves, quoique dénués de menace : « Et vous, qu'est-ce que vous cherchez à venir me parler comme si j'étais un idiot ? »

Von Tarou


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Il n'y avait pas à dire, le jeunot avait de la répartie et ça me plaisait. A peine commencions-nous à échanger de brèves paroles que je savais que l'ennui ne serait pas au rendez-vous durant les prochaines minutes, voire les prochaines heures. En effet, qui sait combien de temps nous pouvions rester ainsi à discuter et à s'abreuver ? Pour ma part, je n'avais pas de limites : ma langue était bien pendue et l'alcool était mon allié. En m'approchant de ce garçon visiblement tout juste majeur, Nukenin comme je l'avais déjà deviné, je m'étais demandé quelle serait sa réaction. Hostile, froide, indifférente, amicale, joyeuse, ou encore la fuite ? Il m'intriguait, je voulais en apprendre davantage. Par chance, l'ancien Kirijin semblait tout à fait apte à engager la conversation. Contrairement à moi, pourtant, il n'avait pratiquement pas bu. Quoiqu'il en soit, il semblait d'ores et déjà plus bavard que moi-même, pourtant reconnu par mes paires comme un moulin à paroles fatiguant.

Ainsi donc, le déserteur voyageait dans le pays. Jusque là, rien de bien intriguant, il s'agit en effet de la principale occupation de ces criminels : voyager, ou dirais-je plutôt fuir, encore et toujours. Fuir tant que les Oi-nin les poursuivent. Peu importe son bon air, sa voix calme et cette attraction naturelle que possédait ce shinobi, je ne pouvais dire combien de ces traqueurs il avait dû éliminer au cours de ses années d'errance. En un demi-siècle de vie en tant que ninja, et malgré mes nombreuses et interminables expéditions aux quatre coins du continent ainsi que ces centaines d'êtres humains rencontrés çà et là, jamais je n'avais vu de Nukenin absolument innocents, peu importe le village. Si quelques uns l'eurent été en quittant volontairement leur village, la traque sans relâche qui les suivait, peu importe leur cachette, en faisait forcément des criminels. Dans le cas contraire, il finissaient prisonniers ou cadavres, les deux solutions les ramenant définitivement à leur pays d'origine. Mais pour ce déserteur de deux grands villages shinobi diamétralement opposés tant sur la carte du monde que dans les mentalités actuelles, où donc serait la chute ? Au cœur de la brume en plein milieu de l'eau ou sur les cailloux dansant dans un désert de terre ?

Toutefois, ce fut la suite de sa réflexion qui me décida, en très peu de temps en effet, à ne pas être l'instigateur de sa capture. Bien qu'il semblât dans un premier temps méfiant, mon interlocuteur me détailla d'un bref coup d’œil de la tête aux pieds, où plutôt au buste - la partie inférieure de mon corps étant naturellement dissimulée par la table qui nous séparait. Ne découvrant aucun bandeau ninja aux endroits habituels - front, épaule, cou -, il s'attarda sur mon signe Abura en lieu et place de celui de la Feuille. Remarquant qu'il s'agissait là d'un trait peu banal, il souligna, non sans humour, qu'il préférerait pour sa part afficher le mot "Saké" afin que tous sachent ce qu'il recherchait. J'éclatai d'un rire gras et tonitruant, accentué par la quantité importante de boisson ingurgitée depuis mon arrivée dans cet établissement, et n'entendis de fait qu'une partie de ce que le jeune homme bredouilla à la suite. Vraisemblablement, celui-ci venait faire comme moi - boire et se détendre - et pensait que je le prenais pour un idiot. Ce n'était pourtant pas le cas, mais comment l'en convaincre avec une telle attitude ?

- Haaaahaha ! continuais-je de lâcher tout en saisissant un nouveau verre que je ne comptais même plus. C'est une bonne idée ça ! Mais si je devais écrire sur moi tout ce que je désire, on ne verrait plus la moindre parcelle de mon corps, admirable pour ce qu'il en est ! J'ai beaucoup de vices ... Le liquide doux et somptueux contenu dans mon verre disparut en moins d'une seconde et ce fut avec un air davantage sérieux, bien qu'atténué par un sourire qui ne disparaissait plus ainsi que par les pommettes extrêmement rosées, que je poursuivis. Oh, mais je ne te prends pas pour un idiot, mon garçon, répondis-je donc calmement. Je suis venu dans le coin pour chercher des Nukenin et je viens d'en trouver un pour le moins intéressant. Impossible de dissiper ce rictus en coin qui me rendait presque effrayant, il ne restait plus qu'à espérer que l'homme qui me faisait face, apaisé jusqu'à présent, ne réagisse pas au quart de tour à ma remarque. J'étais totalement beurré, il ne fallait pas me demander plus de tact que cela.




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Me voilà fixé, pensai-je. Il m'avait reconnu. Mon pouls s'accéléra, mes craintes étaient fondées et le pire dans tout ça était que je ne parvenais plus à me souvenir où j'avais pu voir ce type. Je farfouillai mes souvenirs les plus fous et éloignés de la présente situation. Était-il de Kiri ? Non, impossible, je l'aurais reconnu vu son âge. Iwa ? Idem, j'y avais passé encore plus de temps. Par ailleurs, il y avait peu de temps que je l'avais vu de toute manière, il n'avait presque pas changé par rapport à la photo... Une photo ? Bien sûr ! Je l'avais vu en photo quelque part, mais où ? Pas sur une affiche, ce n'était pas un Nukenin assurément. Dans un Bingo Book ? Non, le seul que j'avais jamais consulté était celui d'Iwa et, puisque je le connaissais encore par coeur, je pouvais jurer ne l'y avoir jamais vu. Où dans ce cas ? Où ?
« Aaaah ! m'écriai-je en me levant. Tu es... tu es... »
Je le pointais inconsciemment d'un doigt tremblotant. Impossible. Lui ? Quoique cela tombait sous le sens. Ce bar, ces jeunes filles, cette dépravation.
« Tu es... »
J'eus soudain un rire nerveux, lequel se transforma bientôt en un rire franc et bruyant, incontrôlable. J'avais mal aux côtes et commençais à suffoquer. Je retournai m'asseoir, pris une gorgée de saké puis me tournai vers lui en le fixant du regard de façon aussi sérieuse que possible.
« Tu es... »
Non, c'était trop difficile. Je fus pris d'un nouveau fou rire. Les jeunes filles de l'autre côté de la pièce me regardaient avec étonnement. Finalement, je repris peu à peu mon souffle, intercalé de gloussements spasmodiques, et dis :
« Tu es l'auteur des Techniques du batifolage ? »
Il me revint alors en mémoire la brève biographie de ce bonhomme aux cheveux blancs qui avait tout sauf l'air d'un séducteur. Il était un ninja de renom, l'un des trois Sannin légendaires aux côtés d'Orochimaru, un déserteur dangereux de Konoha, et de Tsunade, actuelle Godaime Hokage. Je ne savais rien de plus à son sujet, sinon qu'il parcourait le monde pour écrire des livres d'après la même biographie. Pouvait-ce être un simple hasard si nous nous étions rencontrés ? Non. « Je suis venu dans le coin pour chercher des Nukenin », avait-il dit. Apparemment je l'intéressais. Grand bien lui fît, moi je n'aimais pas ses livres : ils donnaient aux gens moins d'allure qu'il n'en faut pour l'art suprême de la séduction. Cela étant, il pouvait être intéressant de discuter avec lui ; peut-être pourrais-je lui apprendre à séduire comme il le faut en échange de ma survie ? Après tout, un homme de la trempe d'Orochimaru n'aurait aucun mal à me vaincre mais lui offrir une femme ferait peut-être une bonne monnaie d'échange. Etais-je trop optimiste ? Je crois que oui.

Von Tarou


Mille excuses >.<:


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La scène qui suivit fut des plus comiques à observer. Il était évident que ma tirade avait eu de l'effet et, au premier abord, il n'était pas positif. Je le fixais, sans perdre mon rictus à la limite du vicieux. Je vis notamment perler, dans le coin supérieur droit de son front, une simple goutte de sueur durant quelques courtes secondes avant de disparaître je ne sais où. Il me jaugeait du regard, essayait de comprendre, et je faisais de même de mon côté. A tout moment, je m'attendais à une réaction de sa part, à un bond sur ma personne, à un mudra exécuté, à une table renversée. Mais rien ne vint, les yeux du Nukenin, légèrement plissés comme dans un effort de concentration, restaient figés sur mon visage durant un temps qui me sembla être interminable. Puis, tout aussi subitement que l'arrivée du jeune homme dans ce bar, tout aussi subitement que l'envie de quitter ces ravissantes demoiselles pour me joindre à lui m'avais pris, tout aussi subitement que lorsque je lui avais clairement fait comprendre que je savais qui il était, le déserteur qui m'accompagnait se leva, rejetant en arrière son siège.

Cependant, ce n'était pas pour me sauter à la gorge ni pour s'enfuir à toute vitesse. Son faciès affichait à présent un mélange de surprise et de dérision, de grands yeux ronds posés sur les miens que je levais vers lui. Il pointait ouvertement un doigt tremblotant sur ma personne et, pendant un bref instant, j'eus la furtive impression de faire face à Naruto à chaque fois qu'il me prenait la main dans le sac à gaspiller tout mon argent - ou son argent. J'étais à présent certain que l'homme qui me faisait face m'avait reconnu, mais il ne semblait pas en revenir. Et tout aussi brusquement que son dernier mouvement, Ai Tarou fut pris d'un fou rire comme je n'en avais jamais vu ni entendu. Le laissant s'exclamer bruyamment et sans gêne, ce qui me vexait quelque peu par ailleurs, j'observai aux alentours tous les regards tournés vers nous. Certains des clients de l'établissement, notamment les femmes, avaient été effrayées par cette explosion de cris soudaine. Mais les autres, la majorité d'entre eux, regardaient un jeune idiot se tordre de rire avec un agacement certain. Je n'aurais pas été étonné d'être pris en plein milieu d'une bataille générale dans ce genre d'endroits.

L'ancien Kirijin et Iwajin finit par se calmer après un long moment, tandis que j'avais déjà reporté mon attention sur lui avec un air des plus sérieux. Je tentais de le dissimuler, mais une telle réaction à mon égard me déplaisait particulièrement. Jamais personne, depuis Orochimaru lors de notre jeunesse, n'avait réagi ainsi devant moi. Buvant un verre, puis deux, afin de reprendre contenance, ce garçon me fit enfin savoir qu'il m'avait en effet reconnu, non sans glousser à intervalles réguliers. Toutefois, le terme qu'il employa pour me désigner eut pour effet de m'achever. Perdant mon air calme et sérieux, je m'effondrai à moitié sur notre table, les bras pendants de chaque côté de ma chaise. Le fait qu'il me tutoie de me dérangeait nullement, ce n'étais pas surprenant de la part d'un Nukenin. Mais qu'un déserteur ne me reconnaisse qu'en tant qu'auteur d'une série de romans et non en tant que célèbre ninja de Konoha et héros de guerre en disait long sur ma carrière.

- C'est donc ainsi qu'on me reconnaît, aujourd'hui, désespérai-je à haute voix avant de m'enfiler à la suite, et en un temps record, trois verres de sake. Déprimant ... Je me servis un quatrième verre que je vidai aussitôt puis m'affalai davantage dans mon siège, ignorant à présent tout ce qui était autour de moi à l'exception du criminel face à moi. Il s'était calmé et me regardait de nouveau comme au début, quoiqu'un sourire non présent auparavant restait accroché à ses lèvres. Oui, je suis l'auteur de ces livres, déclarai-je d'une voix dénuée de sobriété. Mais je préfère qu'on me nomme Jiraiya, le Sannin de Konoha. Et toi, tu es Ai Tarou, Nukenin de Kiri et d'Iwa. Et ça, c'est beaucoup plus intéressant ... Et oui, j'entrais directement dans le vif du sujet, commençant à ignorer la bienséance que je tentais jusqu'alors de tenir, et ce à cause du fou-rire du jeune homme et des verres de sake qui commençaient à se faire nombreux. Je souhaitais discuter et nous allions discuter, le fait qu'il se moque de moi n'y changeait rien.




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Ce petit intermède humoristique n'avait perturbé le cours de la conversation que trop succinctement à mon goût. Le Sannin avait encaissé mon audace avec moins de répartie que je l'avais imaginé et à présent que je lui avais été désagréable, je craignais fort de le regretter, d'autant plus que je l'avais tutoyé. Mon toupet avait encore frappé. Je connaissais peu les shinobis de la Feuille mais je savais que régnait là-bas une tradition de bonté et de générosité exceptionnelle. Je rêvais d'être venu au monde dans un village aussi doux et paisible, clément et viable ; seulement, j'étais issu de la Brume et, pour couronner le tout, j'étais un déserteur et je doutais fort, très fort, qu'on pût me laisser arpenter la Terre comme bon me semblait même à Konoha. Après tout, la gentillesse qui les guidait était à double tranchant : d'un côté, il faisait bon vivre dans leur pays, d'un autre, leur manichéisme les poussait parfois à faire des erreurs de jugement.
Oh ! non, je ne dis pas que je suis une bonne personne. Je dis simplement que les bonnes personnes n'existaient pas chez les shinobis car les villages les empêchaient de l'être, du moins le croyais-je encore à cette époque. Toutefois, il y avait aussi de mauvaises, très mauvaises personnes et j'étais plus semblable à celles-ci qu'aux autres. S'il vous plaît, arrêtez vos louanges à mon égard et ouvrez les yeux : j'ai tout de même assassiné ma famille, femmes et enfants, tous ! Je ne suis pas fier de cela, bien sûr que non. Si aujourd'hui j'en parle avec distance et pragmatisme, ça ne signifie pas que je n'éprouve aucun regret ; mais, voyez-vous, ce n'est pas en me fustigeant dans une caverne obscure au milieu de Tetsu no Kuni que j'allais me racheter.
Enfin bref. Ce type était un Sannin, un shinobi légendaire dont je ne pouvais que rêver de posséder les talents. Je ne pouvais me jouer de lui, ni le sous-estimer. En fait, je ne pouvais l'affronter et puis j'avais assez de deux villages à mes trousses sans en rajouter un ; surtout un aussi puissant  que les deux autres réunis. J'imaginais d'avance la situation abominable qui suivrait la mort du vieillard. « Ai Tarou, coupable du génocide de son clan et du meurtre du légendaire et regretté Sannin Jiraiya, crimes commis de sang-froid... » hurlerait une affiche sous une photographie médiocre où mon sourire serait arrangé en quelque chose de perfide et grotesque. J'eus un petit rire à cette pensée et je n'attendis pas un instant pour retrouver une expression penaude. L'anxiété commençait a prendre possession de mon corps, mes mains devenaient moites et une boule de nerf grossissait à la base de ma gorge : je ne pouvais pas tuer ce type et quand bien même la foudre l'eût frappé au cours de notre combat, je ne souhaitais pas sa mort. Je m'étais encore fichu dans un sacré merdier.
« Désolé je pensais à quelque chose de drôle, balbutiai-je. Quelque chose qui n'a rien à voir avec tes... vos romans hein ! ajoutai-je avec maladresse. Ouah, je m'attendais pas à croiser quelqu'un d'aussi éminent que t-vous, ici ! »
Je ris à nouveau avec moins de conviction qu'un physicien lisant la genèse. Il fallait à tout prix me mettre ce type dans la poche, lui plus qu'aucune personne que j'avais un jour eu à séduire — et cela inclut mon père, mon grand-père, feu le Daimyô de l'Eau, ainsi que deux Kage. Je ne pouvais décemment compter sur le pouvoir de ma lignée pour dévoiser un maître des arts shinobis tel que lui, l'argent que je n'avais pas ne l'intéressait sans doute pas autant que ma tête et il n'y avait aucun dieu en qui j'avais suffisamment confiance pour le prier. Il ne me restait que mon sens boiteux de la rhétorique et son bon cœur pour espérer le salut.
« C'est vraiment généreux de me trouver intéressant. J'espère que j'ai pas été vexant au sujet de votre bouquin, c'est juste que... bref. »
Je bus une nouvelle gorgée de saké. il ne fallait pas être saoul en situation précaire mais j'avais besoin de carburant et, s'il s'agissait de mes derniers instants, je tenais à être aussi anesthésié que possible.
« Cela dit, repris-je peu après, je suis vraiment pas très intéressant comme type. Oui bon, j'ai déserté deux villages, la belle affaire. C'était vraiment pas dans l'intention de leur causer du tort, hein, je... hum. »
Je me servis une nouvelle coupelle de saké. Je ne trouvais plus les mots. D'habitude je tombais sur des boulets, pas des canons. Un boulet, il suffit de le pousser un peu et il roule ; un canon, c'est une autre paire de manches. Oh ! et puis, à quoi bon...
« Dites, finis-je par conclure, vous allez me capturer, c'est ça ? Parce que j'vois bien que c'est pas la peine d'être lèche-botte avec vous alors dites-moi ce que vous voulez faire de moi et on s'arrangera. »
J'avalai nerveusement mon élixir et gardai le regard fixé sur le sien, un regard qui, je crois, cachait très mal la peur viscérale qui me rongeait. c'était bien la première fois que je tendais les mains aux menottes comme ça mais il faut savoir reconnaître lorsqu'on a perdu la partie.

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Subitement, le jeune homme hilare et incontrôlable qui venait de faire son apparition disparut. Aussi subitement, dirais-je, qu'il s'était montré. Il laissa place à un autre homme, au regard aussi unique que le précédent, à la tignasse aussi noire, mais au comportement bien plus normale, s'il en est. Après s'être en effet ouvertement et bruyamment moqué de moi - ou de mes œuvres, peu importe -, Ai Tarou avait repris contenance et semblait au final gêné de sa réaction. Quelle était la raison de ce changement brusque ? Aux balbutiements du concerné qui suivirent, il me vint à l'idée que ce jeune homme craignait ma réaction face à la sienne. Il connaissait donc ma réputation. Son tutoiement, qui ne me dérangeait nullement, devint un vouvoiement poli. Sa manière de s'adresser à moi devint respectueuse et, étrangement, à la limite du timide. Les propos qu'il vint à tenir par la suite, ainsi que les gorgées d'alcool qu'il prenait à intervalles réguliers comme si sa gorge était sèche, confirmaient mes interrogations. Il pensait vraiment que j'étais ici pour le capturer, ou pire : l'éliminer. Dans cet état ? C'était bien trop dangereux pour lui comme pour moi, ainsi que pour les établissements qui nous entouraient et leurs occupants. Avec autant d'alcool dans le sang, j'étais bien capable d'invoquer Ken-san, Bunta et Hiro en même temps, par erreur.

Toutefois, avant d'étaler sa crainte face à l'avenir, il bredouilla quelques paroles au sujet des deux villages qui l'avaient accueilli en ses murs. De brefs mots mais qui étaient annonciateurs de bonne augure pour moi. Ainsi donc, il ne leur voulait aucun tort ? Dans ces paroles, je crus percevoir le fait qu'aujourd'hui encore, il ne leur voulait rien. Peut-être avais-je tort, peut-être raison. Ce qui était sûr, c'est que les cinq grands villages shinobi avaient pour ordre de capturer ou de tuer Ai Tarou, Kiri et Iwa devant y mettre davantage de ferveur que les autres. Rares, voire inexistants, devaient être ceux qui n'avaient aucune dent envers les superpuissances qui ne cherchaient qu'à les supprimer.

Ces propos possédaient encore plus de force à mon goût. En accostant cet homme tout juste majeur, je n'avais aucune idée du pourquoi ni du comment de ses différentes désertions par le passé. Il m'avait seulement intéressé du fait qu'il en comptait deux. Les Nukenin ordinaires ont toujours délaissé leurs villages pour les mêmes raisons : traîtrise, meurtre et vol en sont les basiques ; d'autres l'ont fait par peur, par désaccord, par rancune ou encore du fait qu'ils ne croient pas en leur village ni même au système shinobi. Parmi ces derniers, nous avons des exemples tristement célèbres rien que parmi les Uchiha de Konoha, tel qu'Itachi qui annihila son clan ou Madara qui tourna le dos au Shodaime. Mais certains, une minorité il est vrai, restaient de bonnes personnes et de bons ninja avec seulement une grande malchance. Perdus au milieu des malhonnêtes et traqués au même titre que ces derniers, il est impossible de les différencier. Ce Tarou, pour sa part, avait démontré qu'il n'avait aucune animosité envers les villages ou leur système en en rejoignant un second après en avoir quitté un premier. Par ailleurs, il avait fui Kiri à l'époque de la Brume Sanglante puis s'était tourné vers Iwa, qui n'était pas reconnu pour sa tendresse. Je ne connaissais pas les raisons de son départ de chacun d'entre eux, mais avec seulement cela, je pouvais le comprendre.

- Je ne suis pas venu te capturer, répondis-je avec un hoquet que je tentai de dissimuler au mieux. Je veux savoir comment se fait-il qu'un ... Je m'interrompis le temps de me concentrer afin de me resservir du sake ... qu'un jeune homme comme toi ait déjà déserté deux villages. Ma phrase à peine terminée, mon verre l'était aussi. Je ne repris cependant pas la bouteille, presque vide, et reculai sur ma chaise, croisant maladroitement mes bras sur ma poitrine et observant mon interlocuteur sans loucher - du moins je le crois. Si tu n'es pas un type intéressant, quel genre es-tu ? l'interrogeai-je. Vois-tu, même si ça n'en a par l'air - nouveau hoquet -, je ne suis pas là pour le plaisir. J'enquête sur les agissements de certains ... criminels à côté desquels toi et tous ceux que tu as pu rencontrer durant ton errance font pâle figure. Une puissance nous menaçant tous, les villages ninja tout comme les Nukenin tels que toi. Je finis par me rapprocher de la table, souriant tristement en me grattant le crâne d'un air gêné. Mais je suis toujours bloqué à certains points, tu vois, même si je suis doué. Je pourrais avoir besoin de l'aide d'un homme comme toi, qui se dissimule dans des trous comme celui-ci, qui se cache depuis des années, qui fuit comme n'importe quel autre criminel. Mais tu n'as pas l'air d'être de la sale engeance, Ai Tarou. Je me trompe ? Dis-moi ce que tu comptes faire de ta vie, avec toutes les forces shinobi du monde accrochées à ton derrière, et là, peut-être qu'on pourra s'arranger. Tu es encore très jeune ...

Il était préférable d'être direct avec lui, afin qu'il ne se triture les méninges davantage. Je souhaitais également en venir directement au point essentiel de cette discussion avant de m'écrouler soûl sur la table. C'est pourquoi, bien que je m'étais adressé à lui d'un ton aimable et avec un sourire, j'étais resté ferme sur mes propos. Après tout, selon sa réponse et ses explications, je pouvais éventuellement me faire un allié pour certaines situations, un allié autre qu'un crapaud trop bavard. Dans le cas contraire, si ce qu'il me disait ne me plaisait pas, j'étais toujours en état de le capturer, bien qu'il pouvait en effet y avoir des dégâts. Ramener ce beau ténébreux à Kiri pouvait être une façon comme une autre de marquer des points auprès de la Mizukage. Certes, ce n'était pas mon style, mais la menace, de nos jours, était telle qu'il valait mieux qu'un maximum de village soient unis et puissent avoir confiance l'un en l'autre. Par ailleurs, Kiri avait changé depuis le départ du shinobi. Peut-être se passerait-il quelque chose dans sa tête, qui sait.




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Grande fut ma surprise au son de ses paroles et de sa voix. Cet homme n'éprouvait peut-être pas autant d'animosité pour mon « espèce » que le commun des mortels. Se pouvait-il que je reste libre au-delà de cette discussion ? Mes chances semblaient s'accroître à vue d'œil (que j'avais torve). Lui aussi avait le regard approximatif de l'homme saoul. Il avait d'ailleurs manqué de loucher en s'adossant maladroitement dans la banquette peu avant. Même s'il peinait à garder son sérieux, toutefois, je restais définitivement intimidé. Aussi, puisque l'occasion m'était donnée d'être gracié pour la soirée, je fis le choix d'être aussi honnête que possible avec lui tout en essayant de ne pas me le mettre à dos, choix que je parvins plus ou moins à respecter.
« J'ai du mal à croire qu'il y ait plus dangereux qu'un village pour moi, dis-je. Je veux dire... je suis tout le temps en danger, et un sacré danger. Qu'est-ce qu'il peut y avoir de pire que d'avoir la mort à ses trousses ? »
Je n'avais pas bu durant sa réplique par crainte de me montrer irrespectueux mais, par tous les seins, que j'avais soif ! Je fis venir la serveuse aux formes de plus en plus généreuses à mesure que l'alcool m'emplissait les veines et je demandai deux bouteilles, dont une pour mon interlocuteur. Je poursuivis tandis qu'elle s'éloignait.
« C'est peut-être un peu facile à dire mais, croyez-moi ou non, je suis pas de la sale... c'était quoi le mot ? Engeance, voilà. Ah ça les gens qui écrivent des bouquins ça a du vocabulaire, ha ha. Enfin bref. Si vous voulez tout savoir, j'ai été viré de chez moi par mon père à seize ans et je me suis retrouvé à Kiri alors que j'avais grandi loin du système. »
La serveuse déposa les deux bouteilles. Je poussai l'une d'elle vers le Sannin et me servis une coupelle.
« Alors bon, repris-je, quand on m'a demandé de mener une opération de suppression de témoins et que j'ai compris qu'on s'attendait à ce que je trucide un village entier de civils, j'ai pris la fuite. Je pouvais pas faire ça. »
J'eus brusquement une drôle de sensation dans l'estomac et la gorge lorsque je me tus. J'étais en train de m'apercevoir en fait, alors que je parlais de tout ceci avec un maximum de légèreté dans le ton, de ce que je n'avais jamais confié ces choses-là à quiconque, ni rien d'ailleurs. Avant d'être shinobi, je n'avais eu aucune mésaventure dont me plaindre ; à Kiri, personne ne racontait sa vie à qui que ce soit ; à Iwa, j'avais une fausse identité donc aucun passé à dévoiler ; enfin, en tant que nukenin, je n'avais personne, strictement personne à qui parler. À présent cet homme terrifiant me demandait de lui parler de mon être, de mes projets, de mes espoirs et, pire encore, de mes regrets, sauf que je n'avais jamais voulu le faire et, plus je parlais, plus je sentais que je m'apprêtais à en dire beaucoup plus que nécessaire et beaucoup plus qu'il n'en souhaitait entendre surtout. Pourtant, j'aurais aimé lui dire le fond de ma pensée, la douleur, par exemple, dans mon cœur lorsque j'avais déserté le carnage, les mains baignées du sang de ma première victime, mère de famille, dont j'avais pris le couteau de cuisine à sa main tremblotante pour un kunai dans le feu de l'action. Cependant, je n'avais pas le droit de le faire et puis le saké était une bien meilleure alternative à l'exposition de vieilles cicatrices.
« Je suis allé à Iwa parce que c'était assez le foutoir pour qu'un type nouveau passe inaperçu. J'ai aimé ce pays, j'ai aimé ses lois, ses habitants, ses croyances. Je me sens plus iwajin qu'autre chose aujourd'hui et j'ai quitté cet endroit à regret après un triste événement qui m'a brisé le cœur. J'ai un Kekkei Genkai très pratique mais pas très moral, vous voyez. »
Je bus deux gorgées, directement à la bouteille. Je commençais à aller trop loin mais je peinais de plus en plus à me retenir car tout cela me déprimait sérieusement.
« Ma famille était une bande de... de parasites. Ils ont passé le dernier siècle à profiter de leur ascendant sur les autres pour se hisser au sommet de l'échelle sociale. Ils contrôlaient des gens importants et les mettaient à leurs pieds. Un truc aberrant, nan ? Et en plus de ça ils m'avaient expulsé pour une très mauvaise raison alors... J'étais très en colère, genre vraiment et je les détestais tous donc... Je les ai... tous... »
Cette fois, je dus écraser le pouce et l'index sur mes paupières étroitement closes pour ne pas fondre en larmes. Pourquoi diable avais-je bu autant ? Je soufflai, bus, soufflai de nouveau, les yeux toujours hermétiquement clos. Je ne gérais plus rien de mes paroles à présent ; j'étais trop occupé à interdire mes yeux de dire ce qui comptait le plus.
« J'ai fait quelque chose d'affreux, ça c'est vrai. Je m'en veux terriblement, je me le pardonnerai jamais. J'ai agi comme un homme de Cro-Magnon... J'essaie de me rassurer en pensant que, de toute façon, Meï aurait sûrement dû s'occuper d'eux si elle s'était rendue compte que le Daimyô était leur marionnette, mais bon, je vais pas me vanter auprès de la Mizukage d'avoir assassiné mon clan... »
Je bus d'une traite les trois quarts du reste de ma bouteille. Dans un « ah ! » de feinte satisfaction, je me laissai glisser sur la banquette. Je posai un regard pensif sur le plafond de bois rouge.
« Enfin bref. Maintenant, je me retrouve tout seul dans un monde qui veut me bouffer tout cru. Je cours dans tous les sens pour survivre. Je bosse pour des gens mal-intentionnés que je déteste mais qui sont les seuls à pouvoir me fournir de l'argent pour me nourrir. C'est terrible la solitude, ça rend idiot. L'autre jour, je me suis retrouvé à boire un verre de saké agricole avec un capitaine pirate qui avait plus de doigts que de dents, et je suis pourtant sûr qu'il lui en manquait. J'ai la nausée rien que d'y penser. Vous voulez savoir ce que j'aimerais faire de ma vie avec les villages shinobis au cul, mais je ne peux rien faire là. Pas grand-chose. J'essaie de faire quelque chose de bien une fois de temps en temps, quand j'en ai l'occasion. Ça m'aide à me sentir mieux. J'ai fait des choses bien en plus, c'est vrai. J'aimerais pouvoir m'en vanter auprès des kages, mais faut pas se leurrer, ils ne me laisseront jamais les approcher et une fois devant eux, ils m'arracheront la tête avant que j'aie eu le temps de dire yo. J'aimerais bien lui dire à Meï que j'ai empêché un coup d'état y a même pas un mois, mais elle me croira pas et elle m'écoutera pas. Alors bon, ouais, je rêve de faire quelque chose de ma vie, d'avoir du temps pour trouver les méchants de ce monde, les empêcher de nuire, apporter leur tête à Ônoki-jii-san et tout ça, mais je suis trop occupé à fuir des gens gentils qui me prennent pour ces types là. »
Je n'avais pas prévu de jacasser autant. C'était un bazar monstre dans ma tête. L'alcool était trop fort. Un coup d'œil sur le côté, lent mais d'une rare violence pour ma cervelle endolorie, me permit de constater que seulement quarante-cinq minutes avaient passé depuis mon arrivée dans cet endroit et j'avais descendu trois bouteilles déjà, un record à la récompense amère pour mon pauvre foie. Je dus me taire dans un « bref » étouffé par un haut-le-cœur. Je n'avais plus l'énergie pour constituer des phrases. L'autre s'était peut-être bien endormi. À vrai dire, j'étais suffisamment préoccupé par le tournoiement de la pièce pour ne plus me soucier de la réaction du vieux bonhomme ou même de mourir.

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C'est terrible, la solitude. Ça rend idiot


C'est vrai qu'il était particuliers ce jeune homme, ce type. Oh, sans même que l'alcool n'ait besoin de jouer un rôle là dedans, que ce soit pour altérer mon jugement ou son comportement à lui, ses paroles, ses émotions, ce genre de choses, plus le temps avançait et plus je le trouvais intéressant, à part.
Plus je l'écoutais, et plus je comprenais.

Il repoussa vers ma personne l'une des deux bouteilles commandées plus tôt et je suivais quant à moi cette charmante serveuse, d'un œil vitreux, qui s'éloignait à toute vitesse pour voler vers d'autres tâches.
Si mon regard était ailleurs - et qu'il ne tenait que difficilement, me donnant l'air décidément hors d'état de quoique ce soit - mon ouïe restait quant à elle fermement accrochée aux paroles qu'on me confiait, et que je buvais sans un mot, sans une réponse.
Il enchaînait les palabres et moi je me prenais d'une affection sincère, bien loin de la pitié, et de l'ivresse - que nous partagions sans retenue.

Avec aussi peu de conviction que mes gestes étaient mous et maladroits j'avais fini par détourner le visage de ma colombe et m'employais maintenant à verser de ce liquide gourmand jusqu'au au fond de mon verre, la main pleine d'hésitation, d'un élan tout à fait approximatif. Une autre n'aurait pas été de refus mais la victoire fut finalement remportée, non sans satisfaction d'ailleurs, et l'opération un franc succès.

Épuisé par mes prouesses et pas très sûr du bon déroulement des événements qui suivraient, je délaissais ce verre fraîchement rempli et me contentais de le laisser stationner sur la table, les doigts soigneusement agrippés sur lui au cas où l'envie ne me prenne de risquer un passage au port, que je jugeais pour l'instant trop prompt au regrettable naufrage.
Enfin, dans un reste de vaillance, je reposais la bouteille un peu à l'écart et concentrai ensuite l'un de mes bras devant moi, à demi-plié sur la table alors que mon dos se courbait à son tour. Ma tête s'abaissait quant à elle dangereusement et mon menton pointait vers le bas sans même que je n'y prête grande attention. De mes yeux, j'entreprenais l'exploration inintéressante d'une étendue remarquable s'offrant à mon regard. La table.
Tout mon corps était en suspend, en stase, au repos. Oh je ne dormais pas non, la réflexion était même plutôt intense.

Certes, je ne me représentais pas les contes de mon interlocuteur autant que ces souvenirs devaient lui paraître vivants mais quelque chose s’immisçait indéniablement en moi à mesure que l'histoire - la sienne en fait - s'étalait à mon attention.
J'étais d'abord parti pour admettre que cet homme n'avait rien à faire à la place où il se trouvait actuellement, bien qu'il ne soit en fait et à peu de choses près nulle part. Puis finalement me vint à l'esprit un élément qui allait me convaincre du contraire, et faire germer dans ma tête une idée pour que ne finisse par éclore une évidence à laquelle j'avais cru prétendre alors que nous commencions à peine à discuter. Comme un éclair de génie, une prémonition.


"Et me voila tout seul, dans un monde prêt à me bouffer tout cru, c'est terrible la solitude, ça rend idiot"

Ces quelques mots résonnèrent dans ma tête et je relevais poussivement le regard sur son être.
Il contemplait le plafond d'un air pataud, dépassé par sa propre identité. Ça, je parvenais à le lire malgré le filtre imbécile que la boisson avait lentement apporté devant mes prunelles.
J'apportais alors à mes lèvres une petite gorgée de saké de plus à avaler, enfin, et lui laissais l'occasion de terminer ses confidences, certain d'avoir quelque chose de bon à lui offrir.

« J'ai bien compris ce qu'il t'arrive, mon jeune "ami", entamais-je finalement d'une voix et d'un air étonnamment lucide et sérieux, et j'ai, je crois, une proposition à te faire. Les autres dont tu n'as cessé de me parler... Ils ne se rendent peut-être pas vraiment compte de ce que tu es mais j'ai peut-être un moyen pour toi de leur montrer qu'une seconde chance n'est pas de trop. »

Je marquais un temps d'arrêt et redressais durant celui-ci mon corps tout entier, étirant ensuite mon dos, légèrement, et accédant pour finir à une assise plus détendue, un bras sur le dos de ma chaise et l'autre porté à mon verre. Je le regardais droit dans les yeux, serein.

« En revanche, je suis au regret de te dire que tu n'auras peut-être que rarement été plus en danger qu'après avoir accepté ma suggestion. On a du pain sur la planche mais quand on aura touché le but, fais moi confiance, tu seras à nouveau libre de vivre en paix. Et je prendrai soin de négocier ton retrait d'une paire de Bingo Book si c'est nécessaire. »

Un sourire s'étendit sur mon visage.
« Alors, prêt à écouter ce qu'un vieil ermite peut bien avoir à te proposer, Tarou, et à prendre un nouveau chemin? »




Joué par Hachikō


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