Espionnage au pays de la terre

Ft. Uesugi Asyiah

Il était tôt, bien trop tôt pour ouvrir les yeux et me lever. Le soleil n’apparaissait même pas au travers des rideaux et les dernières étoiles scintillaient au firmament, entourant le croissant de lune d’une douce auréole. Je me tournais et me retournais, cherchant du bout des doigts les bras de Morphée dans l’espoir de finir ma nuit, en vain. Soupirant, je me résignais et sortais de ce havre de chaleur et de douceur qu’offrait ma couette. Les cheveux devant les yeux, le pyjama débraillé, je manquais plusieurs fois de trébucher sur les affaires qui jonchaient le sol de ma chambre. Pas le temps mais surtout pas l’envie de les ranger, des vêtements, des boites de mikado au goût de cerise, et bien d’autres choses non-identifiables donnaient une allure de cimetière à mon antre.

Je rangeais un peu, ramassant le linge sale pour le mettre dans le panier et jetais les boites vides à la poubelle. Une fois fait, le sol était de nouveau apparent et je me dirigeais vers la cuisine pour prendre mon petit déjeuner. Un bol de céréales, un thé vert bien chaud et sucré et une tranche de pain tartinée de confiture à la cerise. J’en raffolais !! Mon repas fini, je pris le temps de me poser dans le canapé avant d’entendre de petits coups frappé à la porte. Je n’attendais pas de visite mais les ninjas recevaient souvent des visiteurs impromptus lorsqu’une mission leur était donnée. Je supposais donc que j’allais partir en mission. Ouvrant la lourde porte de la maison, je me retrouvais face à une jeune kunoichi qui essoufflée me transmis ma mission sur un ton haché. Je n’avais pas tout bien compris et elle du percevoir mon incompréhension dans mes yeux car elle me tendit un parchemin scellé. Une fois sa besogne faite, elle fit demi-tour et reparti aussi vite. Je lui aurais bien proposé de prendre un café et de se reposer le temps de reprendre une oxygénation normale, mais je n’avais pas eu l’occasion d’ouvrir la bouche.

Décachetant le sceau, je lu le parchemin attentivement. Une mission d’espionnage. J’avais entendu parler d’une tension entre Kiri et Iwa mais de là à penser que ça allait peut-être tourner en guerre… Je n’étais pas dans les hautes sphères de Kiri et ne gérais surement pas le village ou le pays de l’eau mais de mon statut de shinobi je n’avais pas remarqué qu’une potentielle guerre était sur le point d’éclater. J’avais encore beaucoup de chose à apprendre. C’était sur ces tristes pensées que je me rendais à la salle de bain, prenant une rapide douche chaude, de quoi détendre mes muscles crispés par cette annonce qui mettait du temps à s’imprégner dans mon esprit. Une fois propre et relaxée, je m’habillais prestement en civil. C’était une condition de notre mission, passer inaperçue ou du moins se faire passer pour des civils, se fondre dans la population. J’optais pour une robe simple, mais élégante qui n’entravait en rien mes mouvements, ainsi qu’un short moulant s’arrêtant à mi-cuisse. Il fallait savoir conjugué l’utile à l’agréable. Ce qui me rassurait surtout c’était que je n’allais pas me jeter seule dans la gueule du loup, j’accompagnais ma sensei Uesugi Asyiah que j’avais rencontré un peu plus tôt dans la semaine et sur qui je comptais déjà énormément. Je me fiais souvent à mon instinct et celui-ci me disait que je pouvais lui faire confiance. Alors pourquoi devrais-je faire le contraire ?

Voyant les minutes défilées, je me pressais à terminer ma toilette et cachais des armes légères dans les endroits faciles d’accès. Des shurikens dans les bretelles de ma brassière et des senbons attachés par un fil de pêche transparent à ma cuisse. J’avais pris des affaires de rechange dans un sac et une fois chaussée, je le lançais sur mes épaules avant de fermer la porte de la maison. J’ignorais combien de temps j’allais m’absenter mais j’étais prête à entamer ma mission et surtout la réussir. Le parchemin indiquait que Asyiah m’attendrait aux portes du village et m’y rendais donc prestement. Sur le chemin, je remarquais que le peuple de Kiri semblait bien insouciant. Je les enviais d’une certaine manière, ne pas se rendre compte que la guerre est à nos portes et garder cet entrain. Mais j’étais l’un des remparts qui permettait que ces gens, civils, villageois, enfants, femmes et hommes profitent de la vie sans devoir se soucier d’autre chose que d’avoir du pain dans leur assiette, des vêtements à porter et un toit sur la tête. J’étais fière d’être de ceux qui protégeaient le village et ses habitants. Après tout, nous étions tous une grande famille.

Les portes de Kiri étaient immenses et j’eus du mal à trouver ma coéquipière dans la cohue. Mais une volute de fumée m’interpella et je me souvins qu’Asiyah avait cette mauvaise habitude. La cigarette ! Je m’approchais doucement et lui indiquais ma présence. Je lui murmurais à l’oreille pour ne pas griller notre couverture.

४ La cigarette est un fléau de l’humanité. Savez-vous combien de shinobi sont morts, l’odeur de tabac leur collant à la peau en faisait des cibles bien plus faciles à repérer pour les traqueurs.

Puis prenant conscience que je parlais à ma sensei, une ainée, je me mis à rougir violemment et me reculais de quelques pas en espérant qu’elle ne le prendrait pas mal.

४ Je suis désolée, je ne voulais pas paraitre si grossière ou insolente. Je suis ravie de faire cette mission avec vous sensei !

Je patientais, attendant une réaction de ma nouvelle coéquipière. J’étais déterminée à faire cette tâche et à la réussir, j’obéirais, je suivrais les ordres au pied de la lettre et nous allions revenir avec ces informations quoiqu’il m’en coûte.

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