Illusions et songes

Ft. Suzaku Ken

La journée s’annonçait calme et ensoleillée, parfaite pour une petite virée et me dégourdir les jambes. J’étais restée trop longtemps inactive et ça ne me convenait pas. Je devais bouger, voir du monde et surtout sortir d’entre ces quatre murs qu’était la maison. Sans attendre, je bondis sur mes affaires et décidais qu’il était l’heure d’aller me balader. Arborant un sourire léger, je marchais dans les rues bondées de Kiri et saluais, d’un signe de tête, les personnes qui croisaient mon chemin. J’affichais fièrement ma bonne humeur. Alors que je gambadais, je ne vis pas le vieil homme porter ses bouteilles et le bousculais violemment. Me confondant en excuses, il me rabroua et me mis une tape derrière la tête. Je voyais bien qu’il était embêté et je lui proposais de l’aider en guise d’excuse. Il accepta avec véhémence et se frotta les mains avec un rictus. Que venais-je donc d’accepter ?

Missionnée par ce marchand pour lui refaire ses stocks de boissons alcoolisées, je m’étais rendue aux portes du village. Là, il y avait une auberge accueillant les voyageurs et les commerçants d’autres pays, et c’était également le point de ravitaillement que nos bars à l’intérieur de l’enceinte de Kiri avaient choisi pour garder leurs réserves. Il m’avait expliqué qu’il fallait que je récupère toutes les bouteilles à son nom et que je lui ramène. J’ignorais combien il y en avait mais je me doutais qu’un voyage ne suffirait pas lorsque j’avais vu sa mine réjouie et un petit rictus de satisfaction. Ce fut donc en soupirant que j’entrais dans la fameuse auberge. L’odeur d’alcool, de transpiration et de vieille nourriture, surement du poisson pas frais, m’empli les narines et me donna un léger haut-le-cœur. Je gardais le contenu de mon estomac tant bien que mal là où il était et avançait vers le comptoir.

४   Bonjour, je viens récupérer le stock de boissons pour l’enseigne de Mr Saizo. Il m’a dit qu’il lui restait pas mal de bouteilles et voudrait que je les lui ramène s’il vous plait.

Il me dit de patienter et qu’il allait les chercher.  Le gérant m’offrit un verre de thé aromatisé au litchi que je dégustais avec plaisir. Je fis donc ce qu’il m’avait demandé et en profitais pour regarder autour de moi. La pièce était sombre, et les relents pestilentiels se faisaient plus insistants. Un gros bonhomme criait et invitait tout le monde à boire, il me mettait mal à l’aise. Puis du coin de l’œil, je vis un jeune homme assis au bar. Il sirotait tranquillement son breuvage en silence et gardais la tête baissée. Je ne le dérangeais pas plus, ne voulant pas m’attirer d’ennuis, j’en avais assez fait comme ça avec le vieux Saizo. Le gros bourru vient à ma rencontre et refit son cirque avec moi. Je me tournais et lui répondis froidement tout en souriant faussement.

४   Ne voyez-vous pas que je suis mineur ? Ce serait avec plaisir que de boire à la mémoire de votre fils disparu mais malheureusement j’ai à faire. Je lui dédie une pensée, cela vous suffit-il ?

Je reportais mon attention sur le comptoir, le tenancier me légua ses bouteilles et je fis demi-tour avant qu’une main ne se pose sur mon épaule, me stoppant net. C’était le jeune homme de tout à l’heure, il m’avait appelée Kurokoi. J’affichais une mine d’incompréhension et avant que je n’aie pu répondre, il me demanda qui j’étais d’un ton brutal. Mon visage changea et ce fut pour froncer les sourcils, je dégageais mon épaule de son emprise.

४   Pardonnez-moi mais qui êtes vous, vous ? Je ne suis pas ce Kurokoi et excusez moi mais je suis pré…ssée.

J’eus du mal à finir ma phrase. Ma tête tournait et je du fermer les yeux pour me reprendre. Je vacillais légèrement et lorsque je reposais mon regard sur le jeune homme, je remarquais qu’il ne semblait pas bien. Transpirant et les yeux dilatés, je posais mes bouteilles sur la table à proximité avant de les faire tomber. J’ignorais ce qu’il nous arrivait mais à en croire les gens aux alentours, le jeune homme aux cheveux gris et moi-même n’étions pas les seuls à ressentir ce malaise. Toute l’auberge était plongée dans un silence de mort et sans m’en rendre compte je m’écroulais contre le sol. La dernière chose que je vis fut l’aubergiste s’approcher de tous les clients pour leur voler leurs bourses. C’était malin, la journée avait mal commencée, pourquoi aurait-elle changée ?

Je sombrais dans une sorte de coma, mes sens restaient malgré tout en éveil et une fois la sensation de tournis disparue, je me sentais bien.

Je sursautais. Pourquoi diable m’étais-je endormie dans cette auberge ? Et surtout, que faisait cet homme aux cheveux gris que j’avais rencontré un peu plus tôt ? Son bras posé sur ma taille, je me retirais bien vite et m’écartait en constatant qu’il se réveillait.

४  Que se passe t-il ? Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?  

J’étais légèrement effrayée, j’ignorais ce qu’il se passait mais surtout je me posais la question du pourquoi j’étais au milieu d’une auberge vide avec cette personne. Dés son réveil complet, je lui demanderai s’il était pour quelque chose dans cette histoire.

Code by AMIANTE