Voilà le genre de tâche qui m'est désormais confiée en tant que Genin. Après avoir été Chûnin d'un autre village il y a de ça trente cinq ans, puis avoir combattu en tant que mercenaire ces quatorze dernières années - assurant tant les affrontements que la stratégie et le plan à adopter en cas de difficultés -, le tout avec succès, je me retrouve chargé, à cinquante trois ans, d'accompagner deux enfants à la pêche pour complaire à un quelconque individu rempli d'or. Après un bref remerciement à Meï, c'est en ruminant que je quitte son bureau. Il s'agit de ma deuxième mission pour Kiri et si la première a été intéressante et mouvementée - en lien avec la récente destruction du village de Suna -, celle d'aujourd'hui commence à me faire regretter d'avoir suivi Aiku à Kiri. Je sais qu'il ne s'agit que d'une étape brève, que nous serons bientôt affecter à mieux. Néanmoins, je pourrais être en train d'aider un village et de me débarrasser de bandits ou de pirates à l'heure actuelle si j'étais resté parmi les Mercenaires de Gureiru. A la place de cela, je suis à la recherche de mes deux jeunes équipiers sans expérience afin de les aider à attraper un poisson.

Bien évidemment, nous avons dû communiquer nos lieux de résidence respectifs avant de nous quitter l'autre jour, étant donné que nous allons beaucoup partager et avoir besoin les uns des autres. Je commence donc par aller chercher Tarou, le jeune garçon, plus proche de ma position que ne l'est la fille Hikari, non sans m'arrêter auparavant acheter dans le premier magasin trouvé le matériel nécessaire à l'accomplissement de notre mission - canne à pêche, seau, appâts. Ren me remboursera ces dépenses plus tard. C'est ensuite sans embûche que je trouve l'appartement du Genin duquel je viens frapper à la porte. C'est lui-même qui daigne m'ouvrir. Lui demandant simplement de nous rejoindre aux portes du village car nous avons une mission, je le laisse se préparer et en parler avec sa famille et pars à la recherche de la kunoichi. Il me faut très peu de temps pour la trouver ; cette dernière a déjà quitté son domicile - depuis peu probablement - et déambule lentement dans la rue non loin de chez elle. Je l'apostrophe et lui sors les mêmes propos qu'adressés auparavant à Tarou et, sans savoir si elle est déjà prête à me suivre ou si elle doit retourner chez elle prendre des affaires, je m'éloigne en bondissant en direction du village. Lorsque tous deux me rejoignent à l'endroit souhaité, je décide de ne rien cacher de la vérité quant à l'absence de Ren, comme je le fais toujours quel que soit le sujet.

- Ren m'a laissé une note, il n'a pas envie de s'occuper de nous aujourd'hui, leur fais-je de ce ton neutre habituel. On est donc que tous les trois et l'on doit attraper un poisson rare pour un hôte de valeur, non loin du village. Si vous êtes prêts ... Je n'attends toutefois pas de réponse et pars en avant, suivi je n'en doute pas par mes équipiers. Quelques minutes sont suffisantes pour rallier le lac désiré. En temps normal, les Genin ne sont pas autorisés à quitter le village seuls mais cette mission devaient être effectuée avec un Jônin à nos côtés. Par ailleurs, notre destination est quasiment liée à Kiri. Ou peut-être Meï a-t-elle fait l'impasse étant donné mon âge et mon expérience ? Impossible de le savoir.

Je ne sais pas si, sur la brève route nous ayant menée au lac, les deux autres Genin ont tenté de m'adresser la parole. Le comportement de notre soi-disant sensei ayant aggravé mon humeur d'ordinaire non-joyeuse, je reste fermé et cloîtré dans mes pensées. Il m'a pourtant été dit, par Meï et Aiku, que je dois m'ouvrir aux autres et surtout à mes coéquipiers. C'est à moi de faire le premier pas donc, car étant donné mon attitude, je doute que les deux autres en ai foncièrement envie. Nous sommes actuellement au bord de la rive de ce lac de taille moyenne. Devant nous et sur notre droite, l'étendue bleue calme et paisible où se trouve notre gibier. Sur notre gauche, un bois ou une forêt, impossible de dire d'ici si cela est dense ou pas. Dans notre dos, le chemin par lequel nous arrivons et qui mène droit au village de la Brume en tout juste dix minutes de marche. Je me retourne enfin vers Tarou et Hikari, posant mes yeux rouges vifs sur eux et posant au sol le matériel. Les derniers mots de la note du Jônin fixée à ma porte me reviennent en tête : "Te prends pas pour le chef parce que c'est toi que j'envoie chez Meï, ok ?"

- A présent ? leur demandé-je avec un léger soupçon timide de politesse. Je ne suis pas doué pour la pêche, avec ou sans canne. Comment procède-t-on ? Pour tout dire, je ne sais même pas quelle taille fait notre objectif. Peut-être est-il bien trop imposant pour ce seau moyen que j'ai amené. Comme tout poisson rare, il est probable que notre cible se trouve davantage au centre du lac, les pêcheurs utilisant leurs barques pour s'y rendre. En tant que shinobi, nous pouvons bien entendu y aller à pieds, mais après ? Plongerons-nous dans l'eau glacée tous trois pour repérer puis poursuivre la cible ? Je leur laisse le soin de prendre cette décision, je suis après tout du même niveau qu'eux, mes yeux inquiétants les observant toujours fixement.